•  

    Il pensait Elle pensait

    Il riait Elle riait

    Elle chantait Il dansait

    Elle jouait Il sportait

    Elle avait lui Il avait elle

    Et les deux des ami-e-s

    des copains des copines

    des familles des amours

     

    J’aurais aimé la connaître

    J’aurais aimé le connaître

    Ils auraient peut être aimé me connaître

     

    On aurait bu un pot

    On aurait vu un film

    On aurait dansé

    On aurait dit nos pensées

     

    Mais ils sont là

    sur des images d’archives

    d’informations

     

    Il est par terre

    Elle est par terre

    Il bouge

    Elle bouge

     

    Tous les deux machettés

    à dix pas l’un de l’autre

    Ils ne se connaissaient pas

    Ne se connaîtrons plus

    et moi non plus

     

    Sa bouche s’ouvre

    Sa bouche se ferme

    S’ouvre de nouveau

    Se referme encore

    cherchant l’air et l’eau de la vie

     

    Il retourne au poisson

    Elle retourne à la sirène

     

    Il n’a pas l’air de souffrir

    Elle n’a pas l’air de mourir

     

    J’aurais aimé les connaître

    Ils parlaient Ils disaient

    Ils pensaient  Ils riaient

    Ils pleuraient

             Là

    ils meurent

    --Machettés—

    Dans un village du Rwanda

    sous l’objectif d’une caméra

    qui respire et qui vit en me faisant crever.

     

                               Extrait de l’œil à clef

     

    Archives de A.-H Benotman

    Pin It

    2 commentaires
  •  

    Je gueule la poésie

    comme un mauvais élève

    sur une estrade de bois

     

    Bientôt cet héritage

    d’Ecriture intuitive

    me prendra à la gorge

    on me faudra reprendre

    l’Errance et la Recherche

    du Lire et le l’Ecrire

     

    Je gueule la poésie

    comme un mauvais élève

    sur l’échafaud de bois.

     

                               Extrait de l’œil à clef

     

    Cancre de A.-H Benotman

    Pin It

    5 commentaires
  •  

    Aux prisonnier(e)s malades

     

    On diminue un homme à chaque tour de vice

    Dans les mandibules géantes du taille-crayons

    De la tête condamnée aux pieds prisonniers

    Taillé par les deux bouts

     

    Qui consolera le crâne dans la main

    Qui le fera rouler jeu de boules d’os

    pour renverser les quilles des barreaux

     

    Dans le taille-crayons

    on taille un homme vivant

    comme un arbre

    Séquoias

    Baobabs

     

    Quel cyclope carcéral

    viendra risquer son œil en se penchant sur lui

     

    Quelques spectres de juges en deuil d’humanité

    Quelques docteurs fantômes au rire d’euthanasie

     

    Aux feux follets du sida

    Brûle le cœur d’un homme

    Incarcéré pour peu de temps

     

    A VIE                                                       

     

    A l’autre bout du crayon

    la gomme

    n’efface pas la mémoire de ceux qui se souviennent

     

                               Extrait de l’œil à clef

     

    Le Taille-crayons de  A.-H Benotman

    Sharpener Waste : Photo

    thinkstockphotos.fr

    Pin It

    2 commentaires
  •  

    J’aimerai poser ma joue sur un oreiller

    pas n’importe lequel

    un qui jouerait un jazz organique

    un blues très doux

     

    Ça oui

    j’aimerai

    l’Orchestre des Organes

    Cornemuse

    Harpe

    Tambour

     

    Poser ma joue et m’endormir

    le plus longtemps possible

    Tête dure

    Lourde

    Brûlante et rêche

    Désert rond

    Boulet d’Os

    posé sur un ventre de Femme empli de plumes d’ange

    révolté et déchu

     

    Une Femme qui ne dirait rien

    mais rien de rien

    pas un mot

    et durant mon long dormir

    rêverait à ma place le simple rêve d’un oreiller deux places

     

    J’aimerai reposer mon crâne

    Ah ça oui

    Beaucoup

     

    Comme la Terre boule tranchée du corps de dieu

    Posée

    Déposée

    Reposée

    Dans le moelleux de l’Univers

     

                               Extrait de l’œil à clef

     

    Repos de Abdel Hafed Benotman

    Pin It

    2 commentaires
  •     

     L'abeille turquoise de Tsangyang Gyatso

     

    1/ Des hautes montagnes de l’est
    La lune neuve s’est levée
    De cette femme pas encore femme
    Le visage me hante

         Chants de Lhassa

    2/ Paon, né en Inde Orientale
    Perroquet, né au fin fond du Kongpo
    Tous, vous êtes venus vous retrouver
    Sur la terre sacrée de Lhassa.

    3/ Comme une abeille dans des rets
    Etait l’esprit de ce jeune homme du Kongpo
    Trois jours il habita chez moi
    Aujourd’hui il veut porter la robe.

    4/ La foule est dense à Lhassa
    Au sud, elle est charmante
    L’aimée de mon cœur
    Vit dans la vallée de Chounggyal

    5/ Quand j’ai hissé le drapeau de bon augure
    Mon action était vertueuse
    J’ai été invité
    Par une princesse de noble famille !

         Chants d ‘un jeune amant

    6/ O puissante rose trémière
    Si tu es une offrande au temple
    Emporte-moi jusqu’à l’autel
    Moi, la jeune abeille turquoise !

    7/ Le visage merveilleux
    De cette fille de dignitaire
    Est un fruit que l’on regarde mûrir
    Sur la branche haute du pêcher !

    8/ Puisque tu m’as ravi l’esprit
    Oh ! reste dans ma vie,
    Je découvrirai le joyau
    Caché au fond de l’océan !

    9/ Cette fille dont le corps sentait bon
    Aimée le long du chemin
    C’est une turquoise blanche
    Que l’on abandonne après l’avoir trouvée.

    10/ Son sourire brillait
    Pour la foule de la taverne
    Mais du coin des yeux
    Elle ne parlait d’amour que pour moi.

     

    Extrait d'un recueil du VIème Dalaï Lama : Tsangyang Gyatso

     

    Pin It

    4 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique