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Par Pestoune le 29 Avril 2016 à 22:27
Il pensait Elle pensait
Il riait Elle riait
Elle chantait Il dansait
Elle jouait Il sportait
Elle avait lui Il avait elle
Et les deux des ami-e-s
des copains des copines
des familles des amours
J’aurais aimé la connaître
J’aurais aimé le connaître
Ils auraient peut être aimé me connaître
On aurait bu un pot
On aurait vu un film
On aurait dansé
On aurait dit nos pensées
Mais ils sont là
sur des images d’archives
d’informations
Il est par terre
Elle est par terre
Il bouge
Elle bouge
Tous les deux machettés
à dix pas l’un de l’autre
Ils ne se connaissaient pas
Ne se connaîtrons plus
et moi non plus
Sa bouche s’ouvre
Sa bouche se ferme
S’ouvre de nouveau
Se referme encore
cherchant l’air et l’eau de la vie
Il retourne au poisson
Elle retourne à la sirène
Il n’a pas l’air de souffrir
Elle n’a pas l’air de mourir
J’aurais aimé les connaître
Ils parlaient Ils disaient
Ils pensaient Ils riaient
Ils pleuraient
Là
ils meurent
--Machettés—
Dans un village du Rwanda
sous l’objectif d’une caméra
qui respire et qui vit en me faisant crever.
Extrait de l’œil à clef
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Par Pestoune le 28 Avril 2016 à 21:14
Je gueule la poésie
comme un mauvais élève
sur une estrade de bois
Bientôt cet héritage
d’Ecriture intuitive
me prendra à la gorge
on me faudra reprendre
l’Errance et la Recherche
du Lire et le l’Ecrire
Je gueule la poésie
comme un mauvais élève
sur l’échafaud de bois.
Extrait de l’œil à clef
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Par Pestoune le 26 Avril 2016 à 00:00
Aux prisonnier(e)s malades
On diminue un homme à chaque tour de vice
Dans les mandibules géantes du taille-crayons
De la tête condamnée aux pieds prisonniers
Taillé par les deux bouts
Qui consolera le crâne dans la main
Qui le fera rouler jeu de boules d’os
pour renverser les quilles des barreaux
Dans le taille-crayons
on taille un homme vivant
comme un arbre
Séquoias
Baobabs
Quel cyclope carcéral
viendra risquer son œil en se penchant sur lui
Quelques spectres de juges en deuil d’humanité
Quelques docteurs fantômes au rire d’euthanasie
Aux feux follets du sida
Brûle le cœur d’un homme
Incarcéré pour peu de temps
A VIE
A l’autre bout du crayon
la gomme
n’efface pas la mémoire de ceux qui se souviennent
Extrait de l’œil à clef
Sharpener Waste : Photo
thinkstockphotos.fr
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Par Pestoune le 9 Avril 2016 à 23:33
J’aimerai poser ma joue sur un oreiller
pas n’importe lequel
un qui jouerait un jazz organique
un blues très doux
Ça oui
j’aimerai
l’Orchestre des Organes
Cornemuse
Harpe
Tambour
Poser ma joue et m’endormir
le plus longtemps possible
Tête dure
Lourde
Brûlante et rêche
Désert rond
Boulet d’Os
posé sur un ventre de Femme empli de plumes d’ange
révolté et déchu
Une Femme qui ne dirait rien
mais rien de rien
pas un mot
et durant mon long dormir
rêverait à ma place le simple rêve d’un oreiller deux places
J’aimerai reposer mon crâne
Ah ça oui
Beaucoup
Comme la Terre boule tranchée du corps de dieu
Posée
Déposée
Reposée
Dans le moelleux de l’Univers
Extrait de l’œil à clef
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Par Pestoune le 30 Mars 2016 à 22:34
1/ Des hautes montagnes de l’est
La lune neuve s’est levée
De cette femme pas encore femme
Le visage me hanteChants de Lhassa
2/ Paon, né en Inde Orientale
Perroquet, né au fin fond du Kongpo
Tous, vous êtes venus vous retrouver
Sur la terre sacrée de Lhassa.3/ Comme une abeille dans des rets
Etait l’esprit de ce jeune homme du Kongpo
Trois jours il habita chez moi
Aujourd’hui il veut porter la robe.4/ La foule est dense à Lhassa
Au sud, elle est charmante
L’aimée de mon cœur
Vit dans la vallée de Chounggyal5/ Quand j’ai hissé le drapeau de bon augure
Mon action était vertueuse
J’ai été invité
Par une princesse de noble famille !Chants d ‘un jeune amant
6/ O puissante rose trémière
Si tu es une offrande au temple
Emporte-moi jusqu’à l’autel
Moi, la jeune abeille turquoise !7/ Le visage merveilleux
De cette fille de dignitaire
Est un fruit que l’on regarde mûrir
Sur la branche haute du pêcher !8/ Puisque tu m’as ravi l’esprit
Oh ! reste dans ma vie,
Je découvrirai le joyau
Caché au fond de l’océan !9/ Cette fille dont le corps sentait bon
Aimée le long du chemin
C’est une turquoise blanche
Que l’on abandonne après l’avoir trouvée.10/ Son sourire brillait
Pour la foule de la taverne
Mais du coin des yeux
Elle ne parlait d’amour que pour moi.Extrait d'un recueil du VIème Dalaï Lama : Tsangyang Gyatso
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