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Par Pestoune le 14 Avril 2024 à 20:55
Un escargot
Se croyant beau, se croyant gros,
Se moquait d'une coccinelle.
Elle était mince, elle était frêle
Vraiment, avait-on jamais vu
Un insecte aussi menu !
Vint à passer une hirondelle
Qui s'esbaudit du limaçon.
- Quel brimborion! s'écria-t-elle,
C'est le plus maigre du canton
Vint à passer un caneton.
- Cette hirondelle est minuscule,
Voyez sa taille ridicule
Dit-il d'un ton méprisant.
Or, un faisan aperçut le canard et secoua la tête :
- Quelle est cette minime bête ?
Au corps si drôlement bâti ?
On n'a jamais vu plus petit
Un aigle qui planait, leur jeta ces paroles
- Êtes-vous fous ? Êtes-vous folles ?
Qui se moque du précédent
Sera moqué par le suivant.
Celui qui d'un autre se moque
À propos de son bec, à propos de sa coque,
De sa taille ou de son caquet,
Risque à son tour d'être moqué.
Pierre Gamarra
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Par Pestoune le 16 Mars 2024 à 20:55
Le vent de Mars est insouciant :
Il joue aux billes avec les gouttes
Parfois même il les sèche toutes
Sans savoir que c’est du diamant.
Le vent de Mars est insouciant :
Quand il bouscule les jonquilles
Comme s’il s’agissait de quilles
Il gâche l’or qui est dedans.Jean Orizet
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Par Pestoune le 20 Février 2024 à 20:55
Le soleil maintenant allonge son parcours ;
L’aube plus tôt sourit aux bois impénétrables ;
Mais l’air est toujours vif, l’autan rugit toujours
Parmi les rameaux nus et glacés des érables.L’avalanche sans fin croule du ciel blafard ;
Nos toits tremblent au choc incessant des tempêtes.
Cependant à travers bise, neige, brouillard,
Nous formons de nos jours une chaîne de fêtes.Et tous les rudes sports d’hiver battent leur plein
Au milieu de clameurs follement triomphales ;
Sur des flots dont le gel fit un cirque opalin
Les grands trotteurs fumants distancent les rafales.Sur le ring ou l’étang par le vent balayé
Le gai patineur file ou tourne à perdre haleine.
Le sourire à la lèvre et la raquette au pied,
Des couples d’amoureux cheminent dans la plaine.Par un souffle inconnu chacun est emporté.
Dans tous les yeux le feu du plaisir étincelle ;
Et dans le bourg naissant comme dans la cité
Le bruyant Carnaval agite sa crécelle.Les hôtels sont bondés de lointains visiteurs.
Maint pierrot dans la rue étale sa grimace.
La nuit, torches aux poings, les fougueux raquetteurs
S’élancent à l’assaut des grands palais de glace.À d’émouvants tournois la multitude accourt.
Tout le peuple s’ébat, tout le peuple festoie,
Car, puisque Février est le mois le plus court,
Il voudrait s’y griser de la plus longue joie.
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Par Pestoune le 4 Février 2024 à 20:55
Songes-tu parfois, bien-aimée,
Assise près du foyer clair,
Lorsque sous la porte fermée
Gémit la bise de l’hiver,Qu’après cette automne clémente,
Les oiseaux, cher peuple étourdi,
Trop tard, par un jour de tourmente,
Ont pris leur vol vers le Midi ;Que leurs ailes, blanches de givre,
Sont lasses d’avoir voyagé ;
Que sur le long chemin à suivre
Il a neigé, neigé, neigé ;Et que, perdus dans la rafale,
Ils sont là, transis et sans voix,
Eux dont la chanson triomphale
Charmait nos courses dans les bois ?Hélas ! comme il faut qu’il en meure
De ces émigrés grelottants !
Y songes-tu ? Moi, je les pleure,
Nos chanteurs du dernier printemps.Tu parles, ce soir où tu m’aimes,
Des oiseaux du prochain Avril ;
Mais ce ne seront plus les mêmes,
Et ton amour attendra-t-il ?François Coppée, Les mois
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Par Pestoune le 13 Janvier 2024 à 20:36
Donne-moi le Nay et chante,
Le chant, secret de l'éternité.
Les lamentos du Nay s’attarderont
Au-delà de l’étiolement de l'existence.As-tu, comme moi,
Préféré pour demeure
La forêt aux châteaux ?
As-tu suivi l’onde
Et gravi les rochers ?
T'es-tu oint le corps d’onguent,
Effluve évaporé dans la lumière ?
T'es-tu enivré de l'aube
Dans des coupes emplies d'éther ?T'es-tu, comme moi,
Assis, au crépuscule,
Parmi les joues indolentes et lustrées
Des vignes gorgées de grappes ?
T'es-tu couché sur l'herbe la nuit
Et t’es-tu recouvert des cieux,
T’épanchant en l'avenir
Et oublieux du passé ?Donne-moi le Nay et chante,
Le chant, diapason des cœurs.
Les lamentos du Nay s’attarderont
Au-delà de l’épuisement des péchés.Donne-moi le Nay et chante,
Oublie maux et remèdes,
Car tout homme
N’est qu’ébauche d’aquarelle.Khalil Gibran
https://www.youtube.com/watch?v=bIxdrMW2aBo
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