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    Un escargot


    Se croyant beau, se croyant gros,
    Se moquait d'une coccinelle.
    Elle était mince, elle était frêle
    Vraiment, avait-on jamais vu
    Un insecte aussi menu !
    Vint à passer une hirondelle
    Qui s'esbaudit du limaçon.
    - Quel brimborion! s'écria-t-elle,
    C'est le plus maigre du canton
    Vint à passer un caneton.
    - Cette hirondelle est minuscule,
    Voyez sa taille ridicule
    Dit-il d'un ton méprisant.
    Or, un faisan aperçut le canard et secoua la tête :
    - Quelle est cette minime bête ?
    Au corps si drôlement bâti ?
    On n'a jamais vu plus petit
    Un aigle qui planait, leur jeta ces paroles
    - Êtes-vous fous ? Êtes-vous folles ?
    Qui se moque du précédent
    Sera moqué par le suivant.
    Celui qui d'un autre se moque
    À propos de son bec, à propos de sa coque,
    De sa taille ou de son caquet,
    Risque à son tour d'être moqué.


    Pierre Gamarra

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  • Le vent de Mars est insouciant :
    Il joue aux billes avec les gouttes
    Parfois même il les sèche toutes
    Sans savoir que c’est du diamant.


    Le vent de Mars est insouciant :
    Quand il bouscule les jonquilles
    Comme s’il s’agissait de quilles
    Il gâche l’or qui est dedans.

    Jean Orizet 

     

    Le vent de mars de Jean Orizet

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  • Le soleil maintenant allonge son parcours ;
    L’aube plus tôt sourit aux bois impénétrables ;
    Mais l’air est toujours vif, l’autan rugit toujours
    Parmi les rameaux nus et glacés des érables.

    L’avalanche sans fin croule du ciel blafard ;
    Nos toits tremblent au choc incessant des tempêtes.
    Cependant à travers bise, neige, brouillard,
    Nous formons de nos jours une chaîne de fêtes.

    Et tous les rudes sports d’hiver battent leur plein
    Au milieu de clameurs follement triomphales ;
    Sur des flots dont le gel fit un cirque opalin
    Les grands trotteurs fumants distancent les rafales.

    Sur le ring ou l’étang par le vent balayé
    Le gai patineur file ou tourne à perdre haleine.
    Le sourire à la lèvre et la raquette au pied,
    Des couples d’amoureux cheminent dans la plaine.

    Par un souffle inconnu chacun est emporté.
    Dans tous les yeux le feu du plaisir étincelle ;
    Et dans le bourg naissant comme dans la cité
    Le bruyant Carnaval agite sa crécelle.

    Les hôtels sont bondés de lointains visiteurs.
    Maint pierrot dans la rue étale sa grimace.
    La nuit, torches aux poings, les fougueux raquetteurs
    S’élancent à l’assaut des grands palais de glace.

    À d’émouvants tournois la multitude accourt.
    Tout le peuple s’ébat, tout le peuple festoie,
    Car, puisque Février est le mois le plus court,
    Il voudrait s’y griser de la plus longue joie.

     

    Masque de carnaval : 414 204 images, photos de stock, objets 3D et images  vectorielles | Shutterstock

     

     

     

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  • Songes-tu parfois, bien-aimée,
    Assise près du foyer clair,
    Lorsque sous la porte fermée
    Gémit la bise de l’hiver,

    Qu’après cette automne clémente,
    Les oiseaux, cher peuple étourdi,
    Trop tard, par un jour de tourmente,
    Ont pris leur vol vers le Midi ;

    Que leurs ailes, blanches de givre,
    Sont lasses d’avoir voyagé ;
    Que sur le long chemin à suivre
    Il a neigé, neigé, neigé ;

    Et que, perdus dans la rafale,
    Ils sont là, transis et sans voix,
    Eux dont la chanson triomphale
    Charmait nos courses dans les bois ?

    Hélas ! comme il faut qu’il en meure
    De ces émigrés grelottants !
    Y songes-tu ? Moi, je les pleure,
    Nos chanteurs du dernier printemps.

    Tu parles, ce soir où tu m’aimes,
    Des oiseaux du prochain Avril ;
    Mais ce ne seront plus les mêmes,
    Et ton amour attendra-t-il ?

     

    François Coppée, Les mois

     

    Janvier de François Coppée

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  • Lhasa de Sela . Donne moi la flûte et chante. - YouTube

     

    Donne-moi le Nay et chante,
    Le chant, secret de l'éternité.
    Les lamentos du Nay s’attarderont
    Au-delà de l’étiolement de l'existence.

    As-tu, comme moi,
    Préféré pour demeure
    La forêt aux châteaux ?
    As-tu suivi l’onde
    Et gravi les rochers ?
    T'es-tu oint le corps d’onguent,
    Effluve évaporé dans la lumière ?
    T'es-tu enivré de l'aube
    Dans des coupes emplies d'éther ?

    T'es-tu, comme moi,
    Assis, au crépuscule,
    Parmi les joues indolentes et lustrées
    Des vignes gorgées de grappes ?
    T'es-tu couché sur l'herbe la nuit
    Et t’es-tu recouvert des cieux,
    T’épanchant en l'avenir
    Et oublieux du passé ?

    Donne-moi le Nay et chante,
    Le chant, diapason des cœurs.
    Les lamentos du Nay s’attarderont
    Au-delà de l’épuisement des péchés.

    Donne-moi le Nay et chante,
    Oublie maux et remèdes,
    Car tout homme
    N’est qu’ébauche d’aquarelle.

     

    Khalil Gibran

     

    https://www.youtube.com/watch?v=bIxdrMW2aBo

     

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