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Par Pestoune le 16 Novembre 2024 à 20:55
Va, et attrape au vol une étoile filante,
Fais qu’une Mandragore enfante,
Dis-moi où s’en sont allées les années,
Qui, du Diable, a fendu le pied,
Apprends-moi, des Sirènes, à ouïr le murmure,
Ou comment, de l’envie, ignorer la morsure,
Et trouve
Quel vent
Pousse un cœur honnête en avant.
Fusses-tu né pour voir l’irréel,
Les choses invisibles au commun des mortels,
Eusses-tu voyagé dix mille jours et nuits,
Jusqu’à ce que l’âge, de givre, eût poudré ta chevelure,
Et, dès que revenu, m’eusses-tu conté, l’ami,
Tout ce qu’eusses vécu d’étranges aventures,
Nulle part, en nulle contrée,
Tu l’eusses pu jurer
Ne vit femme fidèle et de toute beauté,
En trouverais-tu une, sitôt me l’écrirais,
Semblable pèlerinage si doux me serait,
Et pourtant non, au final, point n’irais,
Quoique au seuil voisin, nous pourrions rencontrer
Quelque fidèle qu’elle fût, quand croisa ton chemin,
Et quelle qu’elle le restât, quand parvint ton billet,
Il n’en demeure pas moins
Qu’avant mon arrivée
À deux ou trois déjà, elle se sera donnée.
John Donnepoète et prédicateur anglais (1572-1631)
La version anglaise chantée par Pentangle, un groupe britannique folk créé en 1967. L'album d'où est extrait cette chanson, Sweet Child date de 1968. Mais la ballade est indémodable.
https://www.youtube.com/watch?v=ZMhRfDzQadM
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Par Pestoune le 9 Novembre 2024 à 20:55
Précisément au poil
Les chats errants continuent d’affluer : on en a
maintenant 5
ils sont fébriles, étourdis, vaniteux, naturellement
brillants et incroyablement
beaux.
un des trucs les plus agréables avec les chats
c’est quand vous avez la tête au fond du seau,
mais tout au fond –
il vous suffit de regarder comment les chats se la
coulent
la façon qu’ils ont de s’en foutre
c’est une leçon de persévérance
face au mauvais sort, et
si vous avez la possibilité de contempler 5 chats
c’est 5 fois mieux.
peu importe les douzaines de boîtes de thon
à ramener du supermarché : c’est de l’essence
pour
une dignité sans égale – une splendide
énergie distinguée de
YEA
particulièrement quand tout devient trop
pesant : cet excédent de pensées que génèrent
les mesquineries des
humains.
Charles Bukowski
extraits de Sur les chats
3 commentaires -
Par Pestoune le 1 Novembre 2024 à 20:55
J'ai ces deux chatons qui se transforment chaque
jour un peu plus en
chats et
on dort dans le même lit - le problème étant
qu'ils
sont des lève-tôt :
je suis souvent réveillé par des griffes escaladant
mon
visage.
ces deux-là,
tout ce qu'ils font c'est courir, manger, dormir,
poser leur crotte et
se battre
mais il leur arrive aussi d'être tranquilles et ils me
regardent
avec des yeux
plus beaux que tous les yeux humains que j'ai
jamais
vus.
ce sont des chouettes gars.
tard le soir quand je picole et tape à la machine
ils ne sont jamais loin
disons
un posé sur l'arrière de ma chaise et l'autre
là-dessous
en train de me mordiller les orteils.
on se soucie naturellement les uns des autres,
comme le fait de savoir
où chacun d'entre nous se trouve et où est
tout le reste.
Après quoi
vient l'heure du réveil
courses folles sur le sol
courses folles sur les pages fraîchement tapées
laissant des plis et des petits trous de perforations
dans le
papier.
après quoi
vient l'heure de bondir dans le grand carton de
lettres que je reçois
en provenance de lecteurs
mais ils ne répondent pas, ils sont bien
élevés.
j'entends d'ici ce que leur inspireront mes
poèmes sur les chats
dont celui-ci constitue la première
pierre.
"seigneur, diront-ils, le seul truc dont parle
Chinaski
c'est les chats !"
"seigneur, disaient-ils, le seul truc dont parle
Chinaski
c'est les putains !"
les ronchons ronchonneront et continueront
d'acheter mes
bouquins ils adorent la manière dont je les
enquiquine.
ceci est le dernier poème d'un certain nombre de
poèmes
pour cette nuit, il reste
un verre de vin
et ces deux lascars
ils sont endormis sur le dessus de mes pieds.
je peux sentir leur poids délicat
la douceur de la fourrure
j'ai conscience de leur respiration :
il arrive souvent de jolies choses, souviens-toi, souviens-toi de
ça
à l'heure où les Bombes se rapprochent lourde-
ment dans l'éclat de
leur imbécilité magnifique
ces deux-là
à mes pieds
en savent plus,
sont
davantage,
et des fragments de cet instant en engendrent
d'autres plus larges
et rien ni personne
ne pourra tuer un heureux
passé.
Charles Bukowski
(extrait de "Sur les chats")
5 commentaires -
Par Pestoune le 28 Octobre 2024 à 20:55
Aimons toujours ! Aimons encore !
Quand l'amour s'en va, l'espoir fuit.
L'amour, c'est le cri de l'aurore,
L'amour c'est l'hymne de la nuit.Ce que le flot dit aux rivages,
Ce que le vent dit aux vieux monts,
Ce que l'astre dit aux nuages,
C'est le mot ineffable : Aimons !L'amour fait songer, vivre et croire.
Il a pour réchauffer le coeur,
Un rayon de plus que la gloire,
Et ce rayon c'est le bonheur !Aime ! qu'on les loue ou les blâme,
Toujours les grand coeurs aimeront :
Joins cette jeunesse de l'âme
A la jeunesse de ton front !Aime, afin de charmer tes heures !
Afin qu'on voie en tes beaux yeux
Des voluptés intérieures
Le sourire mystérieux !Aimons-nous toujours davantage !
Unissons-nous mieux chaque jour.
Les arbres croissent en feuillage ;
Que notre âme croisse en amour !Soyons le miroir et l'image !
Soyons la fleur et le parfum !
Les amants, qui, seuls sous l'ombrage,
Se sentent deux et ne sont qu'un !Les poètes cherchent les belles.
La femme, ange aux chastes faveurs,
Aime à rafraîchir sous ses ailes
Ces grand fronts brûlants et réveurs.Venez à nous, beautés touchantes !
Viens à moi, toi, mon bien, ma loi !
Ange ! viens à moi quand tu chantes,
Et, quand tu pleures, viens à moi !Nous seuls comprenons vos extases.
Car notre esprit n'est point moqueur ;
Car les poètes sont les vases
Où les femmes versent leur cœurs.Moi qui ne cherche dans ce monde
Que la seule réalité,
Moi qui laisse fuir comme l'onde
Tout ce qui n'est que vanité,Je préfère aux biens dont s'enivre
L'orgueil du soldat ou du roi,
L'ombre que tu fais sur mon livre
Quand ton front se penche sur moi.Toute ambition allumée
Dans notre esprit, brasier subtil,
Tombe en cendre ou vole en fumée,
Et l'on se dit : " Qu'en reste-t-il ? "Tout plaisir, fleur à peine éclose
Dans notre avril sombre et terni,
S'effeuille et meurt, lis, myrte ou rose,
Et l'on se dit : " C'est donc fini ! "L'amour seul reste. O noble femme
Si tu veux dans ce vil séjour,
Garder ta foi, garder ton âme,
Garder ton Dieu, garde l'amour !Conserve en ton coeur,
sans rien craindre,
Dusses-tu pleurer et souffrir,
La flamme qui ne peut s'éteindre.Victor Hugo
Une version chantée par Les Frangines de ce beau poème
https://www.youtube.com/watch?v=xQc33ornL00
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Par Pestoune le 19 Octobre 2024 à 20:55
La Chanson du mal-aimé est un oratorio composé par Léo Ferré en 1952-1953 sur le poème éponyme de Guillaume Apollinaire. Cette œuvre pour quatre voix solistes, chœur et orchestre, a été créée sur scène à Monaco en 1954 et enregistrée pour la première fois au disque en 1957. Elle a donné lieu à une version remaniée en 1972, pour une seule voix soliste.
Inspiré à Apollinaire par l'échec de sa relation amoureuse avec Annie Playden, ce poème lyrique et onirique passe par plein de climats différents (jusqu'au baroquisme). Le ton dominant ici est cependant celui d'une complainte, le poète voguant entre regrets, rêveries consolatrices et la dure acceptation d'un présent douloureux.
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