• Va, et attrape au vol une étoile filante,
    Fais qu’une Mandragore enfante,
    Dis-moi où s’en sont allées les années,
    Qui, du Diable, a fendu le pied,
    Apprends-moi, des Sirènes, à ouïr le murmure,
    Ou comment, de l’envie, ignorer la morsure,
    Et trouve
    Quel vent
    Pousse un cœur honnête en avant.
    Fusses-tu né pour voir l’irréel,
    Les choses invisibles au commun des mortels,
    Eusses-tu voyagé dix mille jours et nuits,
    Jusqu’à ce que l’âge, de givre, eût poudré ta chevelure,
    Et, dès que revenu, m’eusses-tu conté, l’ami,
    Tout ce qu’eusses vécu d’étranges aventures,
    Nulle part, en nulle contrée,
    Tu l’eusses pu jurer
    Ne vit femme fidèle et de toute beauté,
    En trouverais-tu une, sitôt me l’écrirais,
    Semblable pèlerinage si doux me serait,
    Et pourtant non, au final, point n’irais,
    Quoique au seuil voisin, nous pourrions rencontrer
    Quelque fidèle qu’elle fût, quand croisa ton chemin,
    Et quelle qu’elle le restât, quand parvint ton billet,
    Il n’en demeure pas moins
    Qu’avant mon arrivée
    À deux ou trois déjà, elle se sera donnée.

     


    John Donne

     poète et prédicateur anglais (1572-1631)

     

    Chanson de John Donne

     

     

    La version anglaise chantée par Pentangle, un groupe britannique folk créé en 1967. L'album d'où est extrait cette chanson, Sweet Child date de 1968.  Mais la ballade est indémodable. 

     

    https://www.youtube.com/watch?v=ZMhRfDzQadM

     

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  • Précisément au poil

    Les chats errants continuent d’affluer : on en a

    maintenant 5

    ils sont fébriles, étourdis, vaniteux, naturellement

    brillants et incroyablement

    beaux.

     

    un des trucs les plus agréables avec les chats

    c’est quand vous avez la tête au fond du seau,

    mais tout au fond –

    il vous suffit de regarder comment les chats se la

    coulent

    la façon qu’ils ont de s’en foutre

    c’est une leçon de persévérance

    face au mauvais sort, et

    si vous avez la possibilité de contempler 5 chats

    c’est 5 fois mieux.

     

    peu importe les douzaines de boîtes de thon

    à ramener du supermarché : c’est de l’essence

    pour

    une dignité sans égale – une splendide

    énergie distinguée de

    YEA

    particulièrement quand tout devient trop

    pesant : cet excédent de pensées que génèrent

    les mesquineries des

    humains.

     

     

    Charles Bukowski

    extraits de Sur les chats

     

     

    Précisément au poil - Charles Bukowski

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  • J'ai ces deux chatons qui se transforment chaque 

    jour un peu plus en 

    chats et

    on dort dans le même lit - le problème étant 

    qu'ils

    sont des lève-tôt : 

    je suis souvent réveillé par des griffes escaladant

    mon 

    visage. 

     

    ces deux-là, 

    tout ce qu'ils font c'est courir, manger, dormir, 

    poser leur crotte et 

    se battre

    mais il leur arrive aussi d'être tranquilles et ils me 

    regardent 

    avec des yeux

    plus beaux que tous les yeux humains que j'ai 

    jamais

    vus.

    ce sont des chouettes gars.

     

    tard le soir quand je picole et tape à la machine 

    ils ne sont jamais loin

    disons

    un posé sur l'arrière de ma chaise et l'autre

    là-dessous

    en train de me mordiller les orteils. 

    on se  soucie naturellement les uns des autres,

    comme le fait de savoir

    où chacun d'entre nous se trouve et où est 

    tout le reste. 

     

    Après quoi

    vient l'heure du réveil

    courses folles sur le sol

    courses folles sur les pages fraîchement tapées

    laissant des plis et des petits trous de perforations

    dans le 

    papier. 

     

    après quoi 

    vient l'heure de bondir dans le grand carton de 

    lettres que je reçois

    en provenance de lecteurs 

    mais ils ne répondent pas, ils sont bien

    élevés. 

    j'entends d'ici ce que leur inspireront mes 

    poèmes sur les chats

    dont celui-ci constitue la première 

    pierre. 

     

    "seigneur, diront-ils, le seul truc dont parle 

    Chinaski 

    c'est les chats !"

    "seigneur, disaient-ils, le seul truc dont parle 

    Chinaski

    c'est les putains !"

     

    les ronchons ronchonneront et continueront

    d'acheter mes 

    bouquins ils adorent la manière dont je les 

    enquiquine. 

     

    ceci est le dernier poème d'un certain nombre de 

    poèmes

    pour cette nuit, il reste

    un verre de vin

    et ces deux lascars

    ils sont endormis sur le dessus de mes pieds. 

    je peux sentir leur poids délicat 

    la douceur de la fourrure

     

    j'ai conscience de leur respiration : 

    il arrive souvent de jolies choses, souviens-toi, souviens-toi de 

    ça 

    à l'heure où les Bombes se rapprochent lourde-

    ment dans l'éclat de 

    leur imbécilité magnifique 

    ces deux-là

    à mes pieds

    en savent plus, 

    sont

    davantage,

    et des fragments de cet instant en engendrent

    d'autres plus larges 

    et rien ni personne 

    ne pourra tuer un heureux 

    passé.

     

    Charles Bukowski 

    (extrait de "Sur les chats")

     

    Un poème de nature pour vous   -   Charles Bukowski

     

     

     

     

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  •  

    Aimons toujours ! Aimons encore !
    Quand l'amour s'en va, l'espoir fuit.
    L'amour, c'est le cri de l'aurore,
    L'amour c'est l'hymne de la nuit.

    Ce que le flot dit aux rivages,
    Ce que le vent dit aux vieux monts,
    Ce que l'astre dit aux nuages,
    C'est le mot ineffable : Aimons !

    L'amour fait songer, vivre et croire.
    Il a pour réchauffer le coeur,
    Un rayon de plus que la gloire,
    Et ce rayon c'est le bonheur !

    Aime ! qu'on les loue ou les blâme,
    Toujours les grand coeurs aimeront :
    Joins cette jeunesse de l'âme
    A la jeunesse de ton front !

    Aime, afin de charmer tes heures !
    Afin qu'on voie en tes beaux yeux
    Des voluptés intérieures
    Le sourire mystérieux !

    Aimons-nous toujours davantage !
    Unissons-nous mieux chaque jour.
    Les arbres croissent en feuillage ;
    Que notre âme croisse en amour !

    Soyons le miroir et l'image !
    Soyons la fleur et le parfum !
    Les amants, qui, seuls sous l'ombrage,
    Se sentent deux et ne sont qu'un !

    Les poètes cherchent les belles.
    La femme, ange aux chastes faveurs,
    Aime à rafraîchir sous ses ailes
    Ces grand fronts brûlants et réveurs.

    Venez à nous, beautés touchantes !
    Viens à moi, toi, mon bien, ma loi !
    Ange ! viens à moi quand tu chantes,
    Et, quand tu pleures, viens à moi !

    Nous seuls comprenons vos extases.
    Car notre esprit n'est point moqueur ;
    Car les poètes sont les vases
    Où les femmes versent leur cœurs.

    Moi qui ne cherche dans ce monde
    Que la seule réalité,
    Moi qui laisse fuir comme l'onde
    Tout ce qui n'est que vanité,

    Je préfère aux biens dont s'enivre
    L'orgueil du soldat ou du roi,
    L'ombre que tu fais sur mon livre
    Quand ton front se penche sur moi.

    Toute ambition allumée
    Dans notre esprit, brasier subtil,
    Tombe en cendre ou vole en fumée,
    Et l'on se dit : " Qu'en reste-t-il ? "

    Tout plaisir, fleur à peine éclose
    Dans notre avril sombre et terni,
    S'effeuille et meurt, lis, myrte ou rose,
    Et l'on se dit : " C'est donc fini ! "

    L'amour seul reste. O noble femme
    Si tu veux dans ce vil séjour,
    Garder ta foi, garder ton âme,
    Garder ton Dieu, garde l'amour !

    Conserve en ton coeur,
    sans rien craindre,
    Dusses-tu pleurer et souffrir,
    La flamme qui ne peut s'éteindre.

     

    Victor Hugo 

     

    Une version chantée par Les Frangines de ce beau poème 

    https://www.youtube.com/watch?v=xQc33ornL00

     

     

     

    Aimons toujours ! Aimons encore !    Victor Hugo

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  • La chanson du mal-aimé de Guillaume Apollinaire - Léo Ferré

     

    La Chanson du mal-aimé est un oratorio composé par Léo Ferré en 1952-1953 sur le poème éponyme de Guillaume Apollinaire. Cette œuvre pour quatre voix solistes, chœur et orchestre, a été créée sur scène à Monaco en 1954 et enregistrée pour la première fois au disque en 1957. Elle a donné lieu à une version remaniée en 1972, pour une seule voix soliste.

    Inspiré à Apollinaire par l'échec de sa relation amoureuse avec Annie Playden, ce poème lyrique et onirique passe par plein de climats différents (jusqu'au baroquisme). Le ton dominant ici est cependant celui d'une complainte, le poète voguant entre regrets, rêveries consolatrices et la dure acceptation d'un présent douloureux.

     

     

    https://www.youtube.com/watch?v=2zgL3TRGXWA

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