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Par Pestoune le 15 Août 2023 à 20:55
(...)
C'est l'économie qu'on vante et qu'on canonise
Les forêts se couchent et les animaux agonisent
Devant la télé, chacun veut sauver la Terre
Et ça pleure quand on prend dix euros sur le salaire
Alors le poison est dans l'air, il en tue cinquante mille
Mais c'est plus simple de fixer la peur sur le Covid
Ce qui nous arrive, ce n'est pas étonnant, c'est logique
C'est la course-poursuite, où l'économie tue l'écologie.
(...)
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Par Pestoune le 5 Août 2023 à 20:55
Cendrillon, Belle, Blanche,
Elles t'ont bien préparées.
Pour lui tu te feras docile,
tu courberas l'échine,
tu deviendras une bonne bonne
qui donne tout,
ton cœur, ta vie, ta douceur,
et te persuades jour après jour
que la merde où tu nages
a l'odeur du bonheur.
Cendrillon, Belle, Blanche,
tu es bien préparée
tu es pieuse en amour
et veux sembler heureuse
des heures et des heures
même les plus creuses
bien cacher tes pleurs
aux ours, aux fées, aux hirondelles,
à nos enfants
et à leurs professeurs
et surtout aux amies.
Devenir un grand corps vide
et n'avoir pour regard
qu'une absence translucide.
Un jour tu échoueras
sur le divan d'un psy
aux grands yeux de hibou.
Tu lui demanderas
où ta vie est passée
et il te fera comprendre
à sa manière très tendre
à sa manière bien chère
qu'hélas, il est trop tard.
Blanche, Belle, Cendrillon,
elles t'ont ben préparée.
D'abord lui plaire,
lui donner coup sur coup
trois enfants, du plaisir
et des tartes au citron.
Être une bonne bonne
sans joie, sans souliers, sans salaire,
puis perdre tes dents,
être un ver tortillé hameçonné
qui sourit, se ment.
Puis ce jour viendra,
quand il faudra mourir
sans avoir eu de bal,
sans avoir eu de prince,
tu tiendras dans la main
sa paire de chaussettes sales.
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Par Pestoune le 24 Juillet 2023 à 20:55
Mais qu'il est laid notre monde !
Laid !
Laid !
Laid !
Mais laid de chez laid, quoi !
Et en plus de ce qu'on voit,
Il y a ce qu'on entend !
Mon Dieu mais qu'ils sont laids
nos bavardages
mais qu'ils sont laids
nos commérages !
Laids !
Laids !
Laids !
Et en plus de ce qu'on voit, de ce qu'on entends,
il y a ce qu'on goûte !
Mon Dieu que c'est mauvais
le goût de la honte
et celui de la tarte aux regrets.
Mauvais ! Mauvais ! Mauvais !
Et en plus de ce qu'on voit, de ce qu'on entend et de ce qu'on goûte
il y a ce qu'on touche !
Mon Dieu que c'est douloureux
ce coin de porte contre mon doigt de pied !
Douloureux ! Douloureux ! Douloureux !
Aïe !
Mais chienne de vie, quoi !
Mais qu'il est beau notre monde !
Beau !
Beau !
Beau !
Mais beau de chez beau quoi !
Et en plus de ce qu'on voit,
il y a ce qu'on entend !
Mon Dieu qu'elle est belle
la musique !
Belle !
Belle !
Belle !
Et en plus de ce qu'on voit, de ce qu'on entend,
il y a ce qu'on goûte !
Mon Dieu que c'est bon
la tarte au citron !
Bon ! Bon ! Bon !
Et en plus de ce qu'on voit, de ce qu'on entend et de ce qu'on goûte,
il y a ce qu'on touche !
Mon Dieu que c'est doux
ce petit creux dans ton petit cou !
Doux ! Doux ! Doux !
Oh !
Mais vive la vie, quoi !
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Par Pestoune le 16 Juillet 2023 à 20:55
Le temps efface tout comme effacent les vagues
Les travaux des enfants sur le sable aplani
Nous oublierons ces mots si précis et si vagues
Derrière qui chacun nous sentions l’infini.Le temps efface tout il n’éteint pas les yeux
Qu’ils soient d’opale ou d’étoile ou d’eau claire
Beaux comme dans le ciel ou chez un lapidaire
Ils brûleront pour nous d’un feu triste ou joyeux.Les uns joyaux volés de leur écrin vivant
Jetteront dans mon cœur leurs durs reflets de pierre
Comme au jour où sertis, scellés dans la paupière
Ils luisaient d’un éclat précieux et décevant.D’autres doux feux ravis encor par Prométhée
Étincelle d’amour qui brillait dans leurs yeux
Pour notre cher tourment nous l’avons emportée
Clartés trop pures ou bijoux trop précieux.Constellez à jamais le ciel de ma mémoire
Inextinguibles yeux de celles que j’aimai
Rêvez comme des morts, luisez comme des gloires
Mon cœur sera brillant comme une nuit de Mai.L’oubli comme une brume efface les visages
Les gestes adorés au divin autrefois,
Par qui nous fûmes fous, par qui nous fûmes sages
Charmes d’égarement et symboles de foi.Le temps efface tout l’intimité des soirs
Mes deux mains dans son cou vierge comme la neige
Ses regards caressants mes nerfs comme un arpège
Le printemps secouant sur nous ses encensoirs.D’autres, les yeux pourtant d’une joyeuse femme,
Ainsi que des chagrins étaient vastes et noirs
Épouvante des nuits et mystère des soirs
Entre ces cils charmants tenait toute son âmeEt son cœur était vain comme un regard joyeux.
D’autres comme la mer si changeante et si douce
Nous égaraient vers l’âme enfouie en ses yeux
Comme en ces soirs marins où l’inconnu nous pousse.Mer des yeux sur tes eaux claires nous naviguâmes
Le désir gonflait nos voiles si rapiécées
Nous partions oublieux des tempêtes passées
Sur les regards à la découverte des âmes.Tant de regards divers, les âmes si pareilles
Vieux prisonniers des yeux nous sommes bien déçus
Nous aurions dû rester à dormir sous la treille
Mais vous seriez parti même eussiez-vous tout suPour avoir dans le cœur ces yeux pleins de promesses
Comme une mer le soir rêveuse de soleil
Vous avez accompli d’inutiles prouesses
Pour atteindre au pays de rêve qui, vermeil,Se lamentait d’extase au-delà des eaux vraies
Sous l’arche sainte d’un nuage cru prophète
Mais il est doux d’avoir pour un rêve ces plaies
Et votre souvenir brille comme une fête.Marcel Proust
Et pour ceux qui aiment mieux écouter que lire, cette version mise en musique et chantée
https://www.youtube.com/watch?v=YDYlbX_Yjoo
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Par Pestoune le 7 Juillet 2023 à 20:55
Ils cassent le monde
En petits morceaux
Ils cassent le monde
A coups de marteau
Mais ça m'est égal
Ca m'est bien égal
Il en reste assez pour moi
Il en reste assez
Il suffit que j'aime
Une plume bleue
Un chemin de sable
Un oiseau peureux
Il suffit que j'aime
Un brin d'herbe mince
Une goutte de rosée
Un grillon de bois
Ils peuvent casser le monde
En petits morceaux
Il en reste assez pour moi
Il en reste assez
J'aurais toujours un peu d'air
Un petit filet de vie
Dans l'oeil un peu de lumière
Et le vent dans les orties
Et même, et même
S'ils me mettent en prison
Il en reste assez pour moi
Il en reste assez
Il suffit que j'aime
Cette pierre corrodée
Ces crochets de fer
Où s'attarde un peu de sang
Je l'aime, je l'aime
La planche usée de mon lit
La paillasse et le châlit
La poussière de soleil
J'aime le judas qui s'ouvre
Les hommes qui sont entrés
Qui s'avancent, qui m'emmènent
Retrouver la vie du monde
Et retrouver la couleur
J'aime ces deux longs montantsCe couteau triangulaire
Ces messieurs vêtus de noir
C'est ma fête et je suis fier
Je l'aime, je l'aime
Ce panier rempli de son
Où je vais poser ma tête
Oh, je l'aime pour de bon
Il suffit que j'aime
Un petit brin d'herbe bleue
Une goutte de rosée
Un amour d'oiseau peureux
Ils cassent le monde
Avec leurs marteaux pesants
Il en reste assez pour moi
Il en reste assez, mon cœur
Boris Vian a écrit ce poème fort alors qu'il savait que sa fin était proche, inéluctable. Il y traite de l'angoisse de la destruction, de la brutalité, de la mort mais aussi de l'amour qu'il porte à la vie. Les descriptions du pire vont crescendo jusqu'à la dernière strophe où il finit par une note d'espoir peut être ? d'ouverture ? de fatalisme ?
Voici une version de ce poème, déclamé
https://www.youtube.com/watch?v=89BWowo5fq0
Et cette autre version mise en musique et interprétée par Jean-Louis Aubert. A chacun sa sensibilité. J'ai une préférence pour la version déclamée
https://www.youtube.com/watch?v=PSDa1zYV8oo
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