-
Par Pestoune le 3 Décembre 2023 à 20:55
Blanche de givre dans ma mémoire cette pente,
ou foulée parfois à grands coup de talon
pour crever les bogues.
sous le châtaignier pourri à l'intérieur,
sous le toit d'un grand-père végétal
immense adulte de loin, de près vieillard creusé,
trois générations, le grand arbre, le père, le fils,
comme des certitudes de l'aube automnale.
Je n'ai rien vu, il y avait pourtant des indices
dans l'herbe couchée et dans les mûres
poussiéreuses au bord de la voie du train.
Mais jamais passé. Les rails loin dans la brume.
extrait d'un magnifique recueil "Habiter l'arbre"
de Emmanuel Merle avec des illustrations de Elisabeth Bard
aux éditions Voix d'encre.
4 commentaires -
Par Pestoune le 18 Novembre 2023 à 20:55
Ni la pluie ni le soleil
brodés
sur ce tissu
ne rencontrent
un rayon accroché
à tes yeux
Le calme s'est enfui
c'est laa guerre
sur ton front
Le souvenir des rails
des bombes
des fumées
Tu serres sur
ta poitrine
une étoile déchirée
Disparaître
sans ombre
Sans trace.
Pourtant
quelque chose
s'est écrit
au fond de ton sourire
quelque chosede blanc
qui se dépose
derrière l'eau
des cils
quelque chose qui
ne peut s'endormir
Coulée de ciel.
Me perdre
sous tes yeux
ouvrir toutes les pierres
et faire couler le marbre
Mettre fin à l’enfer
gravé dans vos cellules
voir le jour adouci
Entre les mailles du temps
un baiser sur la tempe.
Martine-Gabrielle KONORSKI
Instant de terres (extrait)
Ed L'Atelier du Grand Tétras
3 commentaires -
Par Pestoune le 7 Novembre 2023 à 20:55
Cela fait 5 ans ce 8 novembre, que mon ami, le papa des banquisards nous a quittés. Il reste dans le coeur de tous ceux qui l'ont connu et aimé. Sa personnalité aura marqué bien des personnes. Une pensée à ses enfants, sa petite fille, sa compagne, sa famille et nous ses amis.
Il restera de toi ce que tu as donné.
Au lieu de le garder dans des coffres rouillés.
Il restera de toi de ton jardin secret,
Une fleur oubliée qui ne s’est pas fanée.
Ce que tu as donné, en d’autres fleurira.
Celui qui perd sa vie, un jour la trouvera.
Il restera de toi ce que tu as offert
Entre les bras ouverts un matin au soleil.
Il restera de toi ce que tu as perdu
Que tu as attendu plus loin que les réveils,
Ce que tu as souffert, en d’autres revivra.
Celui qui perd sa vie, un jour la trouvera.
Il restera de toi une larme tombée,
Un sourire germé sur les yeux de ton coeur.
Il restera de toi ce que tu as semé
Que tu as partagé aux mendiants du bonheur.
Ce que tu as semé, en d’autres germera.
Celui qui perd sa vie, un jour la trouvera.
3 commentaires -
Par Pestoune le 6 Novembre 2023 à 20:55
(Pour Pascal Boulanger)
La terre
a perdu ses ailes
Dans un matin sans fleurs
aux arbres effeuillés
L'automne
est resté
sur la route
Le monde
n'a plus de force
Nous sommes devenus blêmes
dans l'écart du silence.
Et puis ce n'est rien
La fumée
accrochée aux semelles
D'entières larmes qui trouent
la terre
Sur le seuil
des douleurs
une porte poussée
Sans couleur et sans mots
le vide nous est muet
compagnon d'impatience
Dans ce regard
en boule
la distance et l'oubli
ramassis de vos guerres
S'oblitérer
Eclats de bruits
sur le trottoir
la ville pour
froisser la mémoire
Dire le noir
de l'exactitude effacée
Ce qu'on ne veut plus voir.
Disparaître
dans la fin délavée
lâcher la soie
reliée à ta main
là où le ciel distendu
s'écrase
Ce qui nous arrache.
De Martine-Gabrielle KONORSKI
extrait du recueil "Instant de Terres"
5 commentaires -
Par Pestoune le 31 Octobre 2023 à 20:55
Ô veille de Toussaint et dernier soir d'octobre !
Le ciel est une ruche où bourdonnent les cloches,
Et le soleil pâlit sur le jardin doré :
De même, à l'occident large et pur de ma vie,
Dans un suprême adieu d'amour je descendrai.
La glycine, crispée, avec mélancolie
Se balance au perron de la maison natale,
Et, des arbres, du sol, des massifs nus, s'exhale
L'amer et froid parfum du vieil âge des choses.
Je viens, boutons de miel, de chair, de nacre mauve.
Vous cueillir pour ma belle enfant, roses tardives ;
Car mes doigts prévoyants, demain, arquant les tiges,
Confieront les rosiers délicats à la terre.Des cristaux meurtriers de l'hiver, nulle main
Ne sut garder ta sève, arbuste solitaire,
Fier rosier qu'étoilaient des roses merveilleuses :
Tu n'es plus qu'un bois sec, inutile au jardin ;
Et les printemps pressés comme les flots d'un fleuve,
Les printemps lumineux et riches qui fécondent
Dans les sillons du ciel d'obscurs germes de mondes,
Et comme un front humain aux battements du rêve
Font palpiter le cœur de l'arbre sous la sève,
Tous les printemps, souffles d'air chauds et soleils d'or,
Ne rendront pas ses fleurs de chair au rosier mort.Dans le jardin jauni des anciennes années.
Parfois, quand le jour las tend ses bras à la nuit,
La belle enfant qui fut jadis ma bien-aimée
Passe en glissant d'un pas léger le long des buis.Elle s'arrête auprès du rosier nu, lui parle.
Lève les cils, remplit d'étoiles ses yeux pâles,
Et sourit dans son rêve aux calices rosés
Où ses lèvres, un jour, apprirent le baiser.
3 commentaires
Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique