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Par Pestoune le 8 Février 2022 à 22:11
A l'occasion de la célébration des 400 ans de Molière, Kery James a créé et interprète un texte admirable autour du misanthrope. C'est fabuleux avec en plus une diction parfaite, c'est du grand art. Un artiste à écouter, à suivre, il a un talent fou
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Par Pestoune le 3 Février 2022 à 20:55
J’ai rêvé cette nuit que je grimpais les marches
du superbe escalier qui mène au paradis
j’étais devenu vieux. Vieux comme un patriarche
et j’allais près du Père où je serais assis.
Marchant d’un pied léger je regardais la Cie
Comme j’en approchais j’avais un peu trop chaud
oui mais je me disais : là-haut j’aurai la clime
le Divin Créateur doit avoir ce qu’il faut
Non je ne craignais pas que Dieu ferme sa porte
mais j’avais un peu peur d’avoir à supporter
l’armée de tas de gens qu’il faut bien qu’on supporte
je vous parle de ceux qui m’ont beaucoup fait chier
Un ange me poussa tout près de Dieu-le-Père
et je fus rassuré lorsque je fus admis
Je ne vis ni curé ni flic ni militaire
pas la moindre soutane ni le moindre képi
Ni rabbin ni pasteur ni mollah ni derviche
Pas de politicard en train de décider
que le Bon Dieu devait lécher le cul des riches
surveiller les amants et punir les pédés
Quand au Grand Manitou je déclarai ma flemme
pour m’avoir épargné cet inquiétant souci
Dieu me dit : Mon petit, ces gens-là n’ont pas d’âme
Et tu ne risques pas d’en découvrir ici.
Guy Thomas
extrait du recueil « Chevrotines et Folies douces »
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Par Pestoune le 22 Janvier 2022 à 20:55
Petit moustique (méfie-toi du papier tue-mouche) Guy Thomas
Le fond de l’air est érotique
C’est le printemps petit moustique
Tu vas voler sortant de l’œuf
comme un petit avion tout neuf
Tu peux pour étrenner tes ailes
Sauter d’la menthe à l’asphodèle
étant donné ton épaisseur
toi tu ne crains rien des chasseurs !
Pourtant si rien ne t’effarouche
méfie-toi du papier tue-mouches !
J’m’adresse à toi qui viens de naître
voilà ce que tu dois connaître
Tu peux voler de fleur en fleur
comme un joli porte-bonheur
Va de la rose à l’azalée
en contournant les araignées
mais prends soin d’éviter les phlox
si tu crains l’odeur du Fly-tox !
Ouvre ton nez quand ton œil louche
fais bien gaffe au papier tue-mouches !
L’amour en ses buissons t’accueille
enivre-toi du chèvrefeuille
va faire un tour sur le plateau
envole-toi toujours plus haut
Tu trouveras des fleurs offertes
sans D.D.T. sur l’Aiguill’ Verte
mais ne vois pas d’un œil fripon
l’edelweiss au papier crépon
Ne fais jamais le bouche à bouche
à la fleur en papier tue-mouches !
Guy Thomas
extrait du recueil « Chevrotines et Folies douces »
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Par Pestoune le 8 Janvier 2022 à 20:55
Mon petit chat de gouttière
toi qu'as déjà tout compris
qui connais la souricière
où parfois les chats sont pris
Je te vois dans ta chatière
je t'entends miauler la nuit
La nuit tous les chats sont frères
La nuit tous les chats sont gris !
Petit chat
Petit chat
t'es pas d'la race angora
Je te vois quand tu grelottes
tu crains l'eau froide et puis tu
en as vraiment plein les bottes
d'être tout seul et tout nu !
T'as pourtant rien des marmottes
mais chez Monsieur Lustrucru
on t'fait bouffer des carottes
de la rave et du chou cru !
Ce n'est pas
ce n'est pas
de la bouillie pour les chats !
Petit chat je te devine
t'es pas l'matou des bourgeois
le gros chat qui s'enquiquine
dans le velours et la soie
T'es pas le chat qui tapine
qui fait ronron pour du foie
Tu veux pas t'app'ler Mimine
t'es pas le chat siamois
Petit chat
petit chat
j'aime ton joli minois !
Je t'aime mon chat sauvage
je connais tout par ta voix
ton mépris de l'esclavage
de leur amour à la noix !
T'es le plus beau du village
pour toi j'ai le coeur qui bat
Il me prend l'idée volage
de donner ma langue au chat !
Petit chat
petit chat
oui je t'attends sur le toit !
Guy Thomas
extrait de "Chevrotines et Folies douces"
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Par Pestoune le 14 Décembre 2021 à 20:56
Noël de Roland Bouhéret (extrait de Invocations)
Obscurité de l’an pour un nouveau solstice
Caverne des saisons où se fige l’espoir
Le jour s’abrège au vif du gel
Et s’entr’ouvre à nouveau la grange de mémoire
Où se blottit l’enfance aux prévisibles caches
Laisse un dernier soleil de fête sur la neige
Distiller ce très vieux parfum d’orange
Une fois l’an dans notre cœur
Noëls anciens à cœurs tendus
Noëls d’enfants à mains ouvertes
Combien d’années perdues nous faut-il prendre en compte
Combien de galaxies ont roulé sur notre âge
Où tant d’étoiles gaspillées
Gisent comme de fausses perles ?
A voir la paille morte et flétrie dans la crèche
Asile froid du cœur à présent délaissé
Litière désertée de fausse transhumance
Nous faut-il vaincre l’âcre odeur
Des étables à l’abandon
Où l’on savait trouver le lait de la tendresse
Avec le pain austère du savoir
Sous les voies lactées de pacotille et les clinquants
Dérisoire clarté des villes
A l’envers d’autres nuits affolées par les flammes
Au moins qu’il nous en reste toujours quelque chose
D’avoir su mendier le soleil
Aux premiers gestes de l’enfance
La mandarine à pleine paume
la noisette et la noix du pauvre
Les présents rares de l’an neuf
Dans le tapage des banquets prévus
Pour la célébration des conquêtes spatiales
Parmi les masques de la fête
Où viennent grimacer nos ivresses gloire
Que vive en nous de fière écorce
De neige dure pour la ronce et le mensonge
De gel à fendre le rocher d’orgueil
Mais de premier printemps si doux
pour les flammèches des crocus
Et la caresse de l’accueil
Le berger que nous fûmes à l’ombre des bêtes
L’enfant seul aux ruses candides
Avec son cœur trop gros pour la montée du soir
Que veille en nous de fine écorce
A la frontière de son rêve
Le pâtre aux yeux ardents pour le feu des brindilles
Très loin dans le brouillard sur les Grands-Communaux.
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