• Le champ blanc

     

    Sans rivage 

     

    Dans cette crevasse du tronc, cette

    vergeture qui se ride,

    je vois autre chose; 

     

    Un grain de couleur assombrie, une teinte

    mobile dans le temps, 

    une vague sans rivage.

     

    Quelqu'un est là, sous l'écorce, qui pourrait surgir 

    un petit pan ligneux : les yeux de l'esprit

    voient la sève. 

     

    Toucher des yeux la naissance de l'arbre, 

    derrière le tableau, 

    dans le verger. 

     

    Enlevez-moi les mots.

    Donnez-moi les mots. 

    Je veux saisir ce qui luit doucement

    au bord du tronc, 

    qui disparaît déjà. 

     

     

    Extrait du magnifique recueil "Habiter l'arbre"

    de Emmanuel Merle avec des illustrations de Elisabeth Bard

    aux Editions Voix d'encre 

     

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  • Blanche de givre dans ma mémoire cette pente, 

    ou foulée parfois à grands coup de talon 

    pour crever les bogues. 

     

    sous le châtaignier pourri à l'intérieur, 

    sous le toit d'un grand-père végétal 

    immense adulte de loin, de près vieillard creusé, 

     

    trois générations, le grand arbre, le père, le fils,

    comme des certitudes de l'aube automnale. 

    Je n'ai rien vu, il y avait pourtant des indices

     

    dans l'herbe couchée et dans les mûres

    poussiéreuses au bord de la voie du train. 

    Mais jamais passé. Les rails loin dans la brume. 

     

    Le champ blanc

     

    extrait d'un magnifique recueil "Habiter l'arbre"

    de Emmanuel Merle avec des illustrations de Elisabeth Bard

    aux éditions Voix d'encre. 

     

    Le champ blanc

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  •  

    Ni la pluie      ni le soleil

    brodés

    sur ce tissu

    ne rencontrent 

    un rayon accroché

    à tes yeux

     

    Le calme s'est enfui

    c'est laa guerre

    sur ton front

    Le souvenir des rails

    des bombes

    des fumées

     

    Tu serres sur

    ta poitrine

    une étoile déchirée

     

    Disparaître

    sans ombre

     

    Sans trace. 

     

    Pourtant

    quelque chose

    s'est écrit 

    au fond de ton sourire


    quelque chose

    de blanc

    qui se dépose

    derrière l'eau

    des cils

    quelque chose qui

    ne peut s'endormir 

     

    Coulée de ciel.

     

    Me perdre

    sous tes yeux

    ouvrir toutes les pierres

    et faire couler le marbre

    Mettre fin à l’enfer

    gravé dans vos cellules

    voir le jour adouci 

    Entre les mailles du temps

    un baiser sur la tempe. 

     

    Martine-Gabrielle KONORSKI 

    Instant de terres (extrait) 

    Ed L'Atelier du Grand Tétras

     

    Livre : Instant de terres, le livre de Martine-Gabrielle Konorski - Atelier  du grand tétras - 9782375310656

     

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  • Cela fait 5 ans ce 8 novembre, que mon ami, le papa des banquisards nous a quittés.  Il reste dans le coeur de tous ceux qui l'ont connu et aimé.  Sa personnalité aura marqué bien des personnes.  Une pensée à ses enfants, sa petite fille, sa compagne, sa famille et nous ses amis. 

     

    Il restera de toi…  Simone Weil


    Il restera de toi ce que tu as donné.
    Au lieu de le garder dans des coffres rouillés.
    Il restera de toi de ton jardin secret,
    Une fleur oubliée qui ne s’est pas fanée.
    Ce que tu as donné, en d’autres fleurira.
    Celui qui perd sa vie, un jour la trouvera.


    Il restera de toi ce que tu as offert
    Entre les bras ouverts un matin au soleil.
    Il restera de toi ce que tu as perdu
    Que tu as attendu plus loin que les réveils,
    Ce que tu as souffert, en d’autres revivra.
    Celui qui perd sa vie, un jour la trouvera.


    Il restera de toi une larme tombée,
    Un sourire germé sur les yeux de ton coeur.
    Il restera de toi ce que tu as semé
    Que tu as partagé aux mendiants du bonheur.
    Ce que tu as semé, en d’autres germera.
    Celui qui perd sa vie, un jour la trouvera.

     

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  • (Pour Pascal Boulanger) 

     

    La terre

    a perdu ses ailes 

     

    Dans un matin sans fleurs 

                          aux arbres effeuillés

     

    L'automne

          est resté

    sur la route

    Le monde 

        n'a plus de force

     

    Nous sommes devenus blêmes 

    dans l'écart du silence. 

     

    Et puis ce n'est rien

     

    La fumée 

    accrochée aux semelles 

    D'entières larmes qui trouent

    la terre

     

    Sur le seuil 

    des douleurs 

    une porte poussée 

     

    Sans couleur et sans mots

    le vide nous est muet

    compagnon d'impatience

     

    Dans ce regard

    en boule

    la distance et l'oubli

    ramassis de vos guerres

     

    S'oblitérer

     

    Eclats de bruits

    sur le trottoir

    la ville pour

    froisser la mémoire

    Dire le noir

    de l'exactitude effacée 

     

    Ce qu'on ne veut plus voir. 

     

    Disparaître

    dans la fin           délavée

    lâcher la soie

                                       reliée à ta main

    là où le ciel distendu

    s'écrase

     

    Ce qui nous arrache. 

     

     

    De Martine-Gabrielle KONORSKI

    extrait du recueil "Instant de Terres" 

     

     

    Instant de terres - Martine-Gabrielle Konorski - Librairie Mollat Bordeaux

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