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Par Pestoune le 22 Novembre 2016 à 20:16
Mon cartable a mille odeurs,
Mon cartable sent la pomme,
Le livre, l’encre, la gomme
Et les crayons de couleurs.
Mon cartable sent l’orange,
Le bison et le nougat,
Il sent tout ce que l’on mange
Et ce qu’on ne mange pas.
La figue et la mandarine,
Le papier d’argent ou d’or,
Et la coquille marine,
Les bateaux sortant du port.
Les cow-boys et les noisettes,
La craie et le caramel,
Les confettis de la fête,
Les billes remplies de ciel.
Les longs cheveux de ma mère
Et les joues de mon papa,
Les matins dans la lumière,
La rose et le chocolat.
Pierre GAMARRA
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Par Pestoune le 20 Novembre 2016 à 21:04
Toujours est difficile ce chemin jusqu’à la parole
Du tourbillon de l’émotion naît le mot
Puis il se heurte
Ivre
Au mur des solitudes
Se dire les mots
C’est se taire encore
Un lent vacarme aux allures de séisme
Ils restent
Et leur austère vérité
Joue comme reflets de lames
Sous l’étoffe sans paix de mes yeux clos
Silences, silences
Si redoutables silences
Je les implore et les écoute
Mots et silences vivent sans moi
Me roulent et me retournent
Dans l’effrayant roulis de leurs clameurs
Mais dire est l’introuvable porte
Si lointaine
Si haute
Si close aussi
Que le silence reste mon oraison
Revenir au chemin
Voie difficultueuse où je suis assaillie
Mais sans défaite
Aux lisières du murmure se trouve l’écume des houles tues
Et je me rends à l’embarcadère
Où gronde la parole
Impossible douleur des mots
En chemin vers l’orée de soi.
Leïla Zhour – Dans l’envers du silence aux éditions l’Ours Blanc
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Par Pestoune le 8 Novembre 2016 à 21:01
Dans une saveur de faim dure
Le pain essaime des arômes d’ivresse
J’ai dans ma bouche le craquement doux
L’or des hauts fourneaux
Où des hommes en blanc font fleurir le blé
Dans la saveur des faims sauvages
Le pain est dur et doux
Blond dans la main lourde de l’envie
Noir sous les doigts meurtris de la misère
Mais pain
Toujours
Hier le pain
Hier la faim
Pain tempête des désirs affolés
Pain torrent des jeunesses ivres de lendemains
Pain aux saveurs jamais combles
Mais pain d’hier, oui
Gravé en rides aiguës
Tout contre mes lèvres
Dans la ronde du temps
Des céréales dansent
Paysages de craquelures poudrées
Effluves de printemps
Sel des étés
Chaque bouchée éperonne le souffle
Chaque bouchée nourrit de chaud les hivers
En souffrance
Nourrit de feu les nuits de faim
Pain fort des plaisirs infinis
Pain frêle des éternités fugaces
Pain qui délivre une bonté de paumes ouvertes
Jusqu’au dur de l’attente
La main plie
Geste brut
Sur la brisure du pain
Dans mon poing
Le premier plaisir
Sans mot
Sans voix
Un geste sans hâte vers toi
J’ouvre les doigts
Goûte la multiplicité du pain
Sa grâce dorée
Mords son baiser de vie.
Leïla Zhour – Dans l’envers du silence Ed L’Ours Blanc
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Par Pestoune le 27 Octobre 2016 à 21:31
Sur une fracture de banquise
L’ourse grandit dans la constellation des peines
Astre patience de longues dérives
Fissures, craquements
Elle passe sous l’eau sombre du ciel
Et des turbans d’aurores empoussiérées
Lui font un loup dans l’étrange carnaval des pôles
L’ourse décompte
En âge de mémoire
Elle sait la nuit sans âge
Qui se résorbe
Sous la trace embleuie de ses pas
Blanche pourtant
Elle se rêve ourse des chasses stellaires
Où chaque morsure inventerait une pure liberté
Elle se reflète jusqu’au plus lointain du regard
Cette part obscure et si étroite encore d’elle-même
Au long d’une fissure de givre
L’ourse poursuit une longue randonnée
Et les étoiles
Drapées d’un vent de lumière silencieuse
Rêvent aussi sa course lente
Elle va si bas
Si lourd
Et douce pourtant
Dans l’onde des séismes nocturnes
Jusqu’au chevet des grands glaciers de sel
L’ourse griffe le temps du sombre
A l’hypogée des songes anciens
Elle va comptant les cris et les silences
Ombre parmi le blanc multiple des rives polaires
Et lourde, oui
Lourde et douce de tous les siècles
Elle recèle
Décèle
Pour tous
Au plus clair des cathédrales de glaces
La carte pâle des cheminements sans fin
Le miroir effacé chaque matin
Mais présent à chaque fêlure
A chaque dispersion des voix et des vents
Cette fracture
Une vie sauvage sous le pas lent de l’ourse blanche
Leïla Zhour – Dans l’envers du silence
Ce très joli poème est dédié à mon meilleur ami Alain. Merci pour ta présence, ton aide, ton soutien. Merci pour cette amitié rare, de celle qui ne se produit qu'une fois dans une vie.
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Par Pestoune le 21 Octobre 2016 à 20:17
Sans le paysan, aurais-tu du pain ?
C'est avec le blé qu'on fait la farine;
L'homme et les enfants, tous mourraient de faim,
Si dans la vallée et sur la colline,
On ne labourait et soir et matin.
Sans le boulanger, qui ferait la miche ?
Sans le bûcheron, — roi de la forêt, —
Sans poutres, comment est-ce qu'on ferait
La maison du pauvre et celle du riche ?
... Même notre chien n'aurait pas sa niche I
Où dormirais-tu dis, sans le maçon ?
C'est si bon d'avoir sa chaude maison
Où l'on est à table, ensemble, en famille !
Qui cuirait la soupe, au feu qui pétille,
Sans le charbonnier qui fît le charbon ?
Sans le tisserand, qui ferait la toile ?
Et sans le tailleur, qui coudrait l'habit ?
Il ne fait pas chaud à la belle étoile !
Irions-nous tous nus, le jour et la nuit,
Et l'hiver surtout, quand le nez bleuit ?
Aime le soldat, qui doit te défendre !
Aime bien ta mère, avec son cœur tendre !
C'est pour la défendre aussi qu'il se bat.
Quand les ennemis viendront pour la prendre,
Que deviendrais-tu sans le bon soldat ?
Aimez les métiers, le mien et les vôtres !
On voit bien des sots, pas un sot métier;
Et toute la terre est comme un chantier
Où chaque métier sert à tous les autres,
Et tout travailleur sert le monde entier.
Jean AICARD
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