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Par Pestoune le 21 Septembre 2016 à 23:17
https://www.youtube.com/watch?v=Y8M3L-RHE_o
I
Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres ;
Adieu, vive clarté de nos étés trop courts !
J'entends déjà tomber avec des chocs funèbres
Le bois retentissant sur le pavé des cours.
Tout l'hiver va rentrer dans mon être : colère,
Haine, frissons, horreur, labeur dur et forcé,
Et, comme le soleil dans son enfer polaire,
Mon coeur ne sera plus qu'un bloc rouge et glacé.
J'écoute en frémissant chaque bûche qui tombe ;
L'échafaud qu'on bâtit n'a pas d'écho plus sourd.
Mon esprit est pareil à la tour qui succombe
Sous les coups du bélier infatigable et lourd.
Il me semble, bercé par ce choc monotone,
Qu'on cloue en grande hâte un cercueil quelque part.
Pour qui ? - C'était hier l'été ; voici l'automne !
Ce bruit mystérieux sonne comme un départ.
II
J'aime de vos longs yeux la lumière verdâtre,
Douce beauté, mais tout aujourd'hui m'est amer,
Et rien, ni votre amour, ni le boudoir, ni l'âtre,
Ne me vaut le soleil rayonnant sur la mer.
Et pourtant aimez-moi, tendre coeur ! soyez mère,
Même pour un ingrat, même pour un méchant ;
Amante ou soeur, soyez la douceur éphémère
D'un glorieux automne ou d'un soleil couchant.
Courte tâche ! La tombe attend ; elle est avide !
Ah ! laissez-moi, mon front posé sur vos genoux,
Goûter, en regrettant l'été blanc et torride,
De l'arrière-saison le rayon jaune et doux !Ce magnifique poème de Baudelaire est superbement mis en valeur dans cette vidéo. La voix du récitant : Janico est juste, son timbre de voix parfait et le choix de la musique : l'adagio for Strings de Samuel Barber est idéale. Le tout renforcé par de superbes images et cela nous donne une vidéo émouvante et forte. Un très beau travail de l'auteur de la vidéo Fée lidés
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Par Pestoune le 21 Septembre 2016 à 23:00
Le ciel lentement se rapproche
Le vent balaie les amours
Les mots doux au fond des poches
Il fait un peu frais
Approchent les heures sombres
Cloîtrées sous un toit opaque
Il est trop tôt pour faire un feu
Trop tard pour la sieste douce
Les pieds dans les flaques
Quelques marcheurs partent sans hâte
Chercher des champignons
Sous les arbres roux
Je n’aime pas l’automne
Ses couleurs trop vives
Ce n’est pas ce qui m’enivre
Non, je n’aime pas l’automne
Je veux voir ton pied nu
Et rêver sans retenue
Mais l’automne a tout enclos
Les corps
Les âmes coureuses
Mes délires d’amoureuse
Peut-être malgré tout
Te moquant de l’automne
Resteras-tu encore pieds nus
Et moi tête nue
J’irai vagabonder dans tes quartiers
J’irai vagabonder
Qui sait après tout ?
Claire-Lise Coux
Un très joli poème pour fêter l’arrivée de l’automne. Que l’auteur me pardonne mais j’adore l’automne.
Vous pouvez retrouver l’auteur de ce beau poème sur ses sites :
http://poemesurlestoits.monsite-orange.fr/
http://nodoka.monsite-orange.fr/
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Par Pestoune le 17 Septembre 2016 à 21:48
Si a et b sont au carré
si la neige s’additionne avec la pluie
et que mon ombre m’accompagne dans la nuit
alors je me ressemble comme deux gouttes d’homme
la Terre est plus légère que la sphère des géomètres
si le temps n’est qu’une mesure
et l’espace sans mesure
alors il nous reste le chose à chose
le présent dans sa dextérité
il nous reste les cadavres exquis
je n’ai pas demandé à passer au prud’homme
je ne recherche pas la douce quiétude des hommes
si Trois multiplie Dieu et qu’on expose les deux
ça ne donne qu’une formule impropre à la circulation
ça ne fait qu’un battant pour fermer la fenêtre
si les angles sont morts comme le temps le permet
une pierre pour ton jardin une pierre pour le mien
sachant que cinq carottes plus trois navets font huit légumes
vingt-deux morts soixante blessés font quel type de week-end ?
trois famines et deux guerres forment quelle figure humaine ?
Jacques Rancourt
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Par Pestoune le 12 Septembre 2016 à 22:17
Le matin frais et pur scintille de rosée.
Le faucheur s'est assis, une bouteille en main,
Sous l'aubépine creuse au bord du vieux chemin ;
Sa faux, humide encor, est près de lui posée
Il vide un dernier verre. Et, dans ses poings velus,
Prend l'enclume d'acier qu'il dresse et qu'il regarde ;
Deux spirales de fer lui font comme une garde
Pour la maintenir droite au versant du talus.
De sa manche il l'essuie et la tâte du pouce,
Puis l'enfonce dans terre entre ses deux genoux,
Et sur le bel outil, poli, brillant et doux,
Il ajuste la faux dont le tranchant s'émousse.
Le petit coup rythmique et sec du marteau dur,
D'un bout à l'autre de l'outil couleur d'aurore
Tape et refait le fil de la lame sonore
Qui passe à coups d'éclairs et rase le blé mur.
Quand le marteau se tait, la bouteille pansue,
Dont le flanc rebondi parmi l'herbe est couché,
S'incline et fait glou glou du goulot débouché ;
Le vieux faucheur a soif ; il boit, s'essuie et sue.
Francis YARD
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Par Pestoune le 12 Septembre 2016 à 07:07
Je voudrais pas crever
Avant d'avoir connu
Les chiens noirs du Mexique
Qui dorment sans rêver
Les singes à cul nu
Dévoreurs de tropiques
Les araignées d'argent
Au nid truffé de bulles
Je voudrais pas crever
Sans savoir si la lune
Sous son faux air de thune
A un coté pointu
Si le soleil est froid
Si les quatre saisons
Ne sont vraiment que quatre
Sans avoir essayé
De porter une robe
Sur les grands boulevards
Sans avoir regardé
Dans un regard d'égout
Sans avoir mis mon zobe
Dans des coinstots bizarres
Je voudrais pas mourir
Sans connaître la lèpre
Ou les sept maladies
Qu'on attrape là-bas
Le bon ni le mauvais
Ne me feraient de peine
Si si si je savais
Que j'en aurai l'étrenne
Et il y a z aussi
Tout ce que je connais
Tout ce que j'apprécie
Que je sais qui me plaît
Le fond vert de la mer
Où valsent les brins d'algues
Sur le sable ondulé
L'herbe grillée de juin
La terre qui craquelle
L'odeur des conifères
Et les baisers de celle
Que ceci que cela
La belle que voilà
Mon Ourson, l'Ursula
Je voudrais pas crever
Avant d'avoir usé
Sa bouche avec ma bouche
Son corps avec mes mains
Le reste avec mes yeux
J'en dis pas plus faut bien
Rester révérencieux
Je voudrais pas mourir
Sans qu'on ait inventé
Les roses éternelles
La journée de deux heures
La mer à la montagne
La montagne à la mer
La fin de la douleur
Les journaux en couleur
Tous les enfants contents
Et tant de trucs encore
Qui dorment dans les crânes
Des géniaux ingénieurs
Des jardiniers joviaux
Des soucieux socialistes
Des urbains urbanistes
Et des pensifs penseurs
Tant de choses à voir
A voir et à z-entendre
Tant de temps à attendre
A chercher dans le noir
Et moi je vois la fin
Qui grouille et qui s'amène
Avec sa gueule moche
Et qui m'ouvre ses bras
De grenouille bancroche
Je voudrais pas crever
Non monsieur non madame
Avant d'avoir tâté
Le goût qui me tourmente
Le goût qu'est le plus fort
Je voudrais pas crever
Avant d'avoir goûté
La saveur de la mort...
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