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Archives de A.-H Benotman
Il pensait Elle pensait
Il riait Elle riait
Elle chantait Il dansait
Elle jouait Il sportait
Elle avait lui Il avait elle
Et les deux des ami-e-s
des copains des copines
des familles des amours
J’aurais aimé la connaître
J’aurais aimé le connaître
Ils auraient peut être aimé me connaître
On aurait bu un pot
On aurait vu un film
On aurait dansé
On aurait dit nos pensées
Mais ils sont là
sur des images d’archives
d’informations
Il est par terre
Elle est par terre
Il bouge
Elle bouge
Tous les deux machettés
à dix pas l’un de l’autre
Ils ne se connaissaient pas
Ne se connaîtrons plus
et moi non plus
Sa bouche s’ouvre
Sa bouche se ferme
S’ouvre de nouveau
Se referme encore
cherchant l’air et l’eau de la vie
Il retourne au poisson
Elle retourne à la sirène
Il n’a pas l’air de souffrir
Elle n’a pas l’air de mourir
J’aurais aimé les connaître
Ils parlaient Ils disaient
Ils pensaient Ils riaient
Ils pleuraient
Là
ils meurent
--Machettés—
Dans un village du Rwanda
sous l’objectif d’une caméra
qui respire et qui vit en me faisant crever.
Extrait de l’œil à clef
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Commentaires
Bonjour Pestoune,
C'est tellement bien écrit parce que c'est tellement vrai.
Un épisode tragique de la vie de cette population que les tutsis ont voulu massacrer simplement parce qu'ils étaient différents d'eux.
Un poème qu'on aurait pu écrire aussi après le massacre du Bataclan.
Bon weekend à toi Pestoune
Des mots qui auraient leur place pour tous les massacres à travers le monde, et Dieu sait qu'il y en a. Des jeunes couples fauchés à l'aube de leur vie, on en a partout.
L'homme est loin de la fraternité à laquelle il devrait tendre de tout son coeur