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Par Pestoune le 13 Juin 2014 à 22:21
Terre, planète bleue, où des astronomes exaltés capturent la lumière des étoiles aux confins de l’espace.
Terre, planète bleue, où un cosmonaute, au hublot de sa navette, nomme les continents des géographies de son enfance.
Terre, planète bleue, où un asphodèle germe dans les entrailles d’un migrateur mort d’épuisement sur un rocher de haute mer.
Terre, planète bleue, où un dictateur fête Noël en famille alors que, par milliers, des corps brûlent dans les fours crématoires.
Terre, planète bleue, où, décroché avec fracas de la banquise polaire, un iceberg bleuté entreprend son long périple océanique.
Terre, planète bleue, où, dans une gare de banlieue, une famille attend un prisonnier politique séquestré depuis vingt ans.
Terre, planète bleue, où à chaque printemps le Soleil ramène les fleurs dans les sous-bois obscurs.
Terre, planète bleue, où seize familles ont accumulé plus de richesses que quarante-huit pays démunis.
Terre, planète bleue, où un orphelin se jette du troisième étage pour échapper aux sévices des surveillants.
Terre, planète bleue, où, à la nuit tombée, un maçon contemple avec fierté le mur de briques élevé tout au long du jour.
Terre, planète bleue, où un maître de chapelle écrit les dernières notes d’une cantate qui enchantera le cœur des hommes pendant des siècles.
Terre, planète bleue, où une mère tient dans ses bras un enfant mort du sida transmis à son mari à la fête du village.
Terre, planète bleue, où un navigateur solitaire regarde son grand mât s’effondrer sous le choc des déferlantes.
Terre, planète bleue, où, sur un divan de psychanalyse, un homme reste muet.
Terre, où un chevreuil agonise dans un buisson, blessé par un chasseur qui ne l’a pas poursuivi.
Terre, planète bleue, où, vêtue de couleurs éclatantes, une femme choisit ses légumes verts sur les étals d’un marché africain.
Terre, planète bleue, qui accomplit son quatre milliards cinq cent cinquante-six millionième tour autour d’un Soleil qui achève sa vingt-cinquième révolution autour de la Voie lactée.
Une jolie illustration musicale de ce magnifique texte avec The Many Rivers Ensemble - Upwelling 2013
Des musiciens se sont retrouvés spontanément en septembre 2013 dans le Colorado et ont improvisé ce morceau. J'aime beaucoup le son du didgeridoo australien, je le trouve très apaisant. D'ailleurs tout le morceau l'est pour moi. J'ai ressenti beaucoup de plaisir à l'écouter et le ré écouter encore. J'espère qu'il en sera de même pour vous.
https://www.youtube.com/watch?v=QmmE5e0T1I M&feature=youtu.be
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Par Pestoune le 8 Juin 2014 à 22:11
Un enfant noir, à la peau noire, aux yeux noirs aux cheveux crépus ou frisés est un enfant.
Un enfant blanc, à la peau rose, aux yeux bleus ou verts aux cheveux blonds et raides est un enfant.
L’un et l’autre, le noir et le blanc ont le même sourire quand une main leur caresse le visage, quand on les regarde avec amour.
Ils verseront les mêmes larmes si on les contrarie, si on leur fait mal.
Il n’existe pas deux visages absolument identiques. Chaque visage est un miracle parce qu’il est unique. Deux visages peuvent se ressembler, mais ils ne seront jamais tout à fait les mêmes.
La vie est justement ce miracle. Ce mouvement permanent et bougeant et qui ne reproduit jamais le même visage. Vivre ensemble est une aventure où l’amour, l’amitié est une belle rencontre avec ce qui n’est pas moi. Ce qui est toujours différent de moi et qui m’enrichit.
Tahar Ben Jelloun - Mots et merveilles
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Par Pestoune le 25 Mai 2014 à 21:44
Quel grand jour que cette fête des mères
De tous c’est le plus bel anniversaire
Notre Maman faisait le plus beau métier
Mais le seul à ne pas être rémunéré
Depuis le temps qu’on blâme la société
Nous en sommes-nous vraiment soucié
Une Mère donne bien plus que la vie
Elle porte en elle tous les métiers réunis
Pas de pension, pas même un syndicat
Elles nous avaient si souvent dans leurs bras
Vraiment, ce genre d’entreprise de la vie
Retient les espèces les plus rares, toutes réunies
Si on leur offre à l’occasion quelques fleurs
Pense-t-on assez, à où irait leur cœur
Toutes nos Mamans ont une âme aussi
C’est une grande mission qu’on leur confie
On devrait plus souvent les serrer dans nos bras
Les câliner, leur dire qu’on ne les oublie pas
Pour nous, elles ont oublié leur jeunesse
Aujourd’hui, il leur faut un peu de tendresse
Et en souriant, on devrait aussi ajouter ceci
Maman, je t’aime. Pour tout, tout, je te dis Merci
Texte Claude Marcel Breault 7 mai 2009
Bonne fête maman
http://www.youtube.com/watch?v=SyKrPR7oneo
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Par Pestoune le 15 Mai 2014 à 20:34
Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille,
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs,
Au mois de mai, dans le jardin qui s'ensoleille,
Nous irons réchauffer nos vieux membres tremblants.
Comme le renouveau mettra nos coeurs en fête,
Nous nous croirons encore de jeunes amoureux,
Et je te sourirai tout en branlant la tête,
Et nous ferons un couple adorable de vieux.
Nous nous regarderons, assis sous notre treille,
Avec de petits yeux attendris et brillants,
Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille,
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs.
Sur notre banc ami, tout verdâtre de mousse,
Sur le banc d'autrefois nous reviendrons causer,
Nous aurons une joie attendrie et très douce,
La phrase finissant toujours par un baiser.
Combien de fois jadis j'ai pu dire " Je t'aime " ?
Alors avec grand soin nous le recompterons.
Nous nous ressouviendrons de mille choses, même
De petits riens exquis dont nous radoterons.
Un rayon descendra, d'une caresse douce,
Parmi nos cheveux blancs, tout rose, se poser,
Quand sur notre vieux banc tout verdâtre de mousse,
Sur le banc d'autrefois nous reviendrons causer.
Et comme chaque jour je t'aime davantage,
Aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain,
Qu'importeront alors les rides du visage ?
Mon amour se fera plus grave - et serein.
Songe que tous les jours des souvenirs s'entassent,
Mes souvenirs à moi seront aussi les tiens.
Ces communs souvenirs toujours plus nous enlacent
Et sans cesse entre nous tissent d'autres liens.
C'est vrai, nous serons vieux, très vieux, faiblis par l'âge,
Mais plus fort chaque jour je serrerai ta main
Car vois-tu chaque jour je t'aime davantage,
Aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain.
Et de ce cher amour qui passe comme un rêve,
Je veux tout conserver dans le fond de mon coeur,
Retenir s'il se peut l'impression trop brève
Pour la ressavourer plus tard avec lenteur.
J'enfouis tout ce qui vient de lui comme un avare,
Thésaurisant avec ardeur pour mes vieux jours ;
Je serai riche alors d'une richesse rare
J'aurai gardé tout l'or de mes jeunes amours !
Ainsi de ce passé de bonheur qui s'achève,
Ma mémoire parfois me rendra la douceur ;
Et de ce cher amour qui passe comme un rêve
J'aurai tout conservé dans le fond de mon coeur.
Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille,
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs,
Au mois de mai, dans le jardin qui s'ensoleille,
Nous irons réchauffer nos vieux membres tremblants.
Comme le renouveau mettra nos coeurs en fête,
Nous nous croirons encore aux jours heureux d'antan,
Et je te sourirai tout en branlant la tête
Et tu me parleras d'amour en chevrotant.
Nous nous regarderons, assis sous notre treille,
Avec de petits yeux attendris et brillants,
Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs.
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Par Pestoune le 23 Avril 2014 à 20:39
Je t’apporte, ce soir, comme offrande, ma joie
D’avoir plongé mon corps dans l’or et dans la soie
Du vent joyeux et franc et du soleil superbe ;
Mes pieds sont clairs d’avoir marché parmi les herbes,
Mes mains douces d’avoir touché le coeur des fleurs,
Mes yeux brillants d’avoir soudain senti les pleurs
Naître, sourdre et monter, autour de mes prunelles,
Devant la terre en fête et sa force éternelle.
L’espace entre ses bras de bougeante clarté,
Ivre et fervent et sanglotant, m’a emporté,
Et j’ai passé je ne sais où, très loin, là-bas,
Avec des cris captifs que délivraient mes pas.
Je t’apporte la vie et la beauté des plaines ;
Respire-les sur moi à franche et bonne haleine,
Les origans ont caressé mes doigts, et l’air
Et sa lumière et ses parfums sont dans ma chair.
Emile Verhaeren (1855-1916)
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