• Si...

     

    Si tu peux voir détruit l'ouvrage de ta vie

    Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,

    Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties

    Sans un geste et sans un soupir ;

    Si tu peux être amant sans être fou d'amour,

    Si tu peux être fort sans cesser d'être tendre,

    Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,

    Pourtant lutter et te défendre ;

     

    Si tu peux supporter d'entendre tes paroles

    Travesties par des gueux pour exciter des sots,

    Et d'entendre mentir sur toi leurs bouches folles

    Sans mentir toi-même d'un mot ;

    Si tu peux rester digne en étant populaire,

    Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,

    Et si tu peux aimer tous tes amis en frères,

    Sans qu'aucun d'eux soit tout pour toi ;

     

    Si tu sais méditer, observer et connaître,

    Sans jamais devenir sceptique ou destructeur ;

    Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,

    Penser sans n'être que penseur ;

    Si tu sais être dur, sans jamais être en rage,

    Si tu sais être brave et jamais imprudent,

    Si tu sais être bon, si tu sais être sage,

    Sans être moral et pédant ;

     

    Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite

    Et recevoir ces deux menteurs d'un même front,

    Si tu peux conserver ton courage et ta tête

    Quand tous les autres les perdront,

    Alors les Rois les Dieux la Chance et la Victoire

    Seront à tout jamais tes esclaves soumis,

    Et, ce qui vaut bien mieux que les Rois et la Gloire,

    Tu seras un homme mon fils !

    Rudyard Kipling

     

    Ce poème a été écrit en 1910, pour son fils, John, alors âgé de 13 ans.

    John, jeune lieutenant, mourut lors de la 1ère guerre mondiale en 1915.

     

    http://www.youtube.com/watch?v=E1gDoZpl7Fk

     


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    Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
    Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
    J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
    Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

    Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
    Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
    Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
    Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

    Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
    Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
    Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
    Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.

     

    http://www.youtube.com/watch?v=lQGxHTHYywk#t=19

     

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    Un air comme une traîne immense

    Un air qui ne finit jamais
    Un air d'octobre une romance
    Plus douce que le mois de mai
    Un air qui toujours recommence



    Tes yeux ont le mal d'horizon
    Fou qui trouve assez bleu l'azur
    A qui le ciel n'est pas prison
    Il faut aimer à démesure
    Ce n'est pas assez que raison



    Bel automne aux mains de velours
    C'est la chanson jamais chantée
    C'est la chanson de notre amour
    C'est la chanson des roses thé
    Dont le cœur est couleur du jour



    Est-il assez profond sanglot
    Pour dire les déserts physiques
    Pareils aux ronds qu'on fait dans l'eau
    Les mots valent-il la musique
    Du long désir au cœur enclos



    Un air Elsa de la démence
    Un air qui ne finit jamais
    Un air d'octobre une romance
    Plus doux que n'est le mois de mai
    Un air comme une traîne immense.



    Louis Aragon

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  • d3dc9d51

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    tableau de Caspard David Friedrich

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    L'homme et la mer

    Homme libre, toujours tu chériras la mer !
    La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme
    Dans le déroulement infini de sa lame,
    Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.

    Tu te plais à plonger au sein de ton image ;
    Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton coeur
    Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
    Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.

    Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets :
    Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes ;
    Ô mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
    Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets !

    Et cependant voilà des siècles innombrables
    Que vous vous combattez sans pitié ni remord,
    Tellement vous aimez le carnage et la mort,
    Ô lutteurs éternels, ô frères implacables !

     

    Charles Baudelaire.

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  • logo-de-la-cour-pc3a9nale-internationale-principal-defenseur-contre-les-crime-contre-lhumanitc3a9
    Quand ils sont venus
    chercher les communistes
    je n’ai rien dit
    je n’étais pas communiste. 

    Quand ils sont venus
    chercher les syndicaliste
    je n’ai rien dit
                                                                            je n’étais pas syndicaliste. 

    Quand ils sont venus
    chercher les juifs
    je n’ai rien dit
    je n’étais pas juif. 

    Quand ils sont venus
    chercher les catholiques
    je n’ai rien dit
    je n’étais pas catholique. 

    Puis ils sont venus me chercher
    et il ne restait plus personne
    pour protester.

     

    Pasteur Martin NIEMOLLER 
    et théologien allemand
     
     
    Ce poème a été écrit dans le camp de concentration de Dachau par le Pasteur Martin Niemöller, théologien et Président des Eglises Réformées de Hesse-Nassau, interné politique de 1938 à 1945.  Il me semble qu'il devrait nous inciter à la réflexion plus que jamais.
    Lorsque Hitler est arrivé au pouvoir, Le pasteur espérait qu'il allait sortir l'Allemagne de son marasme économique. Très vite il a compris que l'idéologie Nazi est en contradiction totale avec sa vision de l'humanité.  Il s'engage très vite dans la résistance au régime nazi. Arrêté en 1937, pour "atteinte à l'état", il est envoyé au camps de concentration de Sachsenhausen, puis Dachau jusqu'en 1945.
    A la libération, pacifiste convaincu, il continue son combat contre la haine et l'apathie jusqu'à sa mort en 1984.

    « Car il est des silences
    coupables, plus assassins
    qu’aucune parole, qu’aucune
    arme peut-être. Car il est des
    silences complices dont le
    nombre fait la force, et la force
    la loi. Celle des majorités
    silencieuses qui sert de caution
    et d’alibi aux crimes contre
    l’humanité. » 
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