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Par Pestoune le 15 Décembre 2013 à 13:19
Si...
Si tu peux voir détruit l'ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;
Si tu peux être amant sans être fou d'amour,
Si tu peux être fort sans cesser d'être tendre,
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;
Si tu peux supporter d'entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d'entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d'un mot ;
Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,
Et si tu peux aimer tous tes amis en frères,
Sans qu'aucun d'eux soit tout pour toi ;
Si tu sais méditer, observer et connaître,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur ;
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser sans n'être que penseur ;
Si tu sais être dur, sans jamais être en rage,
Si tu sais être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral et pédant ;
Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d'un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,
Alors les Rois les Dieux la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis,
Et, ce qui vaut bien mieux que les Rois et la Gloire,
Tu seras un homme mon fils !
Rudyard Kipling
Ce poème a été écrit en 1910, pour son fils, John, alors âgé de 13 ans.
John, jeune lieutenant, mourut lors de la 1ère guerre mondiale en 1915.
http://www.youtube.com/watch?v=E1gDoZpl7Fk
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Par Pestoune le 12 Novembre 2013 à 17:31
Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.http://www.youtube.com/watch?v=lQGxHTHYywk#t=19
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Par Pestoune le 26 Octobre 2013 à 17:23
Un air comme une traîne immense
Un air qui ne finit jamais
Un air d'octobre une romance
Plus douce que le mois de mai
Un air qui toujours recommence
Tes yeux ont le mal d'horizon
Fou qui trouve assez bleu l'azur
A qui le ciel n'est pas prison
Il faut aimer à démesure
Ce n'est pas assez que raison
Bel automne aux mains de velours
C'est la chanson jamais chantée
C'est la chanson de notre amour
C'est la chanson des roses thé
Dont le cœur est couleur du jour
Est-il assez profond sanglot
Pour dire les déserts physiques
Pareils aux ronds qu'on fait dans l'eau
Les mots valent-il la musique
Du long désir au cœur enclos
Un air Elsa de la démence
Un air qui ne finit jamais
Un air d'octobre une romance
Plus doux que n'est le mois de mai
Un air comme une traîne immense.
Louis Aragon
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Par Pestoune le 13 Octobre 2013 à 23:14
tableau de Caspard David Friedrich
+
L'homme et la mer
Homme libre, toujours tu chériras la mer !
La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.
Tu te plais à plonger au sein de ton image ;
Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton coeur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.
Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets :
Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes ;
Ô mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets !
Et cependant voilà des siècles innombrables
Que vous vous combattez sans pitié ni remord,
Tellement vous aimez le carnage et la mort,
Ô lutteurs éternels, ô frères implacables !Charles Baudelaire.
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Par Pestoune le 3 Octobre 2013 à 18:19
Quand ils sont venus
chercher les communistes
je n’ai rien dit
je n’étais pas communiste.
Quand ils sont venus
chercher les syndicalisteje n’ai rien dit
je n’étais pas syndicaliste.
Quand ils sont venus
chercher les juifs
je n’ai rien dit
je n’étais pas juif.
Quand ils sont venus
chercher les catholiques
je n’ai rien dit
je n’étais pas catholique.
Puis ils sont venus me chercher
et il ne restait plus personne
pour protester.Pasteur Martin NIEMOLLER
et théologien allemandCe poème a été écrit dans le camp de concentration de Dachau par le Pasteur Martin Niemöller, théologien et Président des Eglises Réformées de Hesse-Nassau, interné politique de 1938 à 1945. Il me semble qu'il devrait nous inciter à la réflexion plus que jamais.
Lorsque Hitler est arrivé au pouvoir, Le pasteur espérait qu'il allait sortir l'Allemagne de son marasme économique. Très vite il a compris que l'idéologie Nazi est en contradiction totale avec sa vision de l'humanité. Il s'engage très vite dans la résistance au régime nazi. Arrêté en 1937, pour "atteinte à l'état", il est envoyé au camps de concentration de Sachsenhausen, puis Dachau jusqu'en 1945.
A la libération, pacifiste convaincu, il continue son combat contre la haine et l'apathie jusqu'à sa mort en 1984.
« Car il est des silences
coupables, plus assassins
qu’aucune parole, qu’aucune
arme peut-être. Car il est des
silences complices dont le
nombre fait la force, et la force
la loi. Celle des majorités
silencieuses qui sert de caution
et d’alibi aux crimes contre
l’humanité. »
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