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Par Pestoune le 14 Avril 2014 à 20:33
Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable de neige
J’écris ton nom
Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom
Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J’écris ton nom
Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l’écho de mon enfance
J’écris ton nom
Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J’écris ton nom
Sur tous mes chiffons d’azur
Sur l’étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J’écris ton nom
Sur les champs sur l’horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J’écris ton nom
Sur chaque bouffée d’aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J’écris ton nom
Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l’orage
Sur la pluie épaisse et fade
J’écris ton nom
Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J’écris ton nom
Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J’écris ton nom
Sur la lampe qui s’allume
Sur la lampe qui s’éteint
Sur mes raisons réunies
J’écris ton nom
Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J’écris ton nom
Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J’écris ton nom
Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J’écris ton nom
Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J’écris ton nom
Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attendries
Bien au-dessus du silence
J’écris ton nom
Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J’écris ton nom
Sur l’absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J’écris ton nom
Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nom
Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
Liberté
Paul Eluard, Poésies et vérités, 1942
Et pour continuer sur le thème de la liberté, une chanson que j'aime beaucoup :
Liberta de Pep's
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Par Pestoune le 11 Avril 2014 à 21:16
La Folie décida d'inviter ses amis pour prendre un café chez elle.
Tous les invités y allèrent. Après le café la Folie proposa :
- On joue à cache-cache ?
- Cache-cache ? C'est quoi, ça ? demanda la Curiosité.
- Cache-cache est un jeu. Je compte jusqu'à cent et vous vous cachez.
- Quand j'ai fini de compter je cherche, et le premier que je trouve sera
le prochain à compter.
Tous acceptèrent, sauf la Peur et la Paresse.
-1, 2, 3… la Folie commença à compter.
L'Empressement se cacha le premier, n'importe où.
La Timidité, timide comme toujours, se cacha dans une touffe d'arbre.
La Joie courut au milieu du jardin.
La Tristesse commença à pleurer, car elle ne trouvait pas d'endroit
approprié pour se cacher.
L'Envie accompagna le Triomphe et se cacha près de lui derrière un
rocher.
La Folie continuait de compter tandis que ses amis se cachaient.
Le Désespoir était désespéré en voyant que la Folie était déjà à 99.
- CENT ! cria la Folie, je vais commencer à chercher...
La première à être trouvée fut la Curiosité, car elle n'avait pu
s'empêcher de sortir de sa cachette pour voir qui serait le premier
découvert.
En regardant sur le côté, la Folie vit le Doute au-dessus d'une clôture ne sachant pas de quel côté il serait mieux caché.
Et ainsi de suite, elle découvrit la Joie, la Tristesse, la Timidité...
Quand ils étaient tous réunis, la Curiosité demanda
- Où est l'Amour ?
Personne ne l'avait vu.
La Folie commença à le chercher. Elle chercha au-dessus d'une montagne, dans les rivières au pied des rochers.
Mais elle ne trouvait pas l'Amour.
Cherchant de tous côtés, la Folie vit un rosier, pris un bout de bois et commença à chercher parmi les branches, lorsque soudain elle entendit un cri.
C'était l'Amour, qui criait parce qu'une épine lui avait crevé un oeil.
La Folie ne savait pas quoi faire. Elle s'excusa, implora l'Amour pour avoir son pardon et alla jusqu'à lui promettre de le suivre pour toujours.
L'Amour accepta les excuses.
Aujourd'hui, l'Amour est aveugle et la Folie l'accompagne toujours.
Fable présumée de Jean de La Fontaine
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Par Pestoune le 20 Mars 2014 à 20:07
Invictus
Dans les ténèbres qui m’enserrent,
Noires comme un puits où l’on se noie,
Je rends grâce aux dieux quels qu’ils soient,
Pour mon âme invincible et fière,
Dans de cruelles circonstances,
Je n’ai ni gémi ni pleuré,
Meurtri par cette existence,
Je suis debout bien que blessé,
En ce lieu de colère et de pleurs,
Se profile l’ombre de la mort,
Et je ne sais ce que me réserve le sort,
Mais je suis et je resterai sans peur,
Aussi étroit soit le chemin,
Nombreux les châtiments infâmes,
Je suis le maître de mon destin,
Je suis le capitaine de mon âme.
William Henley avait écrit ce poème sur son lit d’hôpital où il avait dû se faire amputer. Il voulait au travers ces vers faire preuve de résistance face à la douleur. La démarche a été la même pour Nelson Mandela qui en avait fait son texte de chevets alors qu’il était emprisonné à Robben Island. Puissent ces vers nous faire trouver le même courage pour affronter nos épreuves.
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Par Pestoune le 16 Mars 2014 à 21:18
Garde à jamais dans ta mémoire
Garde à jamais dans ta mémoire,
Garde toujours
Le beau roman, la belle histoire
De nos amours !Moi, je vois tout dans ma pensée,
Tout à la fois !
La trace par ton pied laissée
Au fond des bois,Les champs, les pelouses qui cachent
Nos verts sentiers,
Et ta robe blanche où s'attachent
Les églantiers,Comme si ces fleurs amoureuses
Disaient tout bas :
- Te voilà ! nous sommes heureuses !
Ne t'en va pas !Je vois la profonde ramée
Du bois charmant
Où nous rêvions, toi, bien aimée,
Moi, bien aimant ;Où du refus tendre et farouche
J'étais vainqueur,
Où ma bouche cherchait ta bouche,
Ton coeur mon coeur !Viens ! la saison n'est pas finie,
L'été renaît,
Cherchons la grotte rajeunie
Qui nous connaît ;Là, le soir, à l'heure où tout penche,
Où Dieu bénit,
Où la feuille baise la branche,
L'aile le nid,Tous ces objets saints qui nous virent
Dans nos beaux jours
Et qui, tout palpitants, soupirent
De nos amours,Tous les chers hôtes du bois sombre
Pensifs et doux,
Avant de s'endormir, dans l'ombre,
Parlent de nous.Là, le rouge-gorge et la grive
Dans leurs chansons,
Le liseron et, dans l'eau vive,
Les verts cressons,La mouche aux ailes d'or qui passe,
L'onde et le vent,
Chuchotent sans cesse à voix basse
Ton nom charmant.Jour et nuit, au soir, à l'aurore,
A tous moments,
Entre eux ils redisent encore
Nos doux serments.Viens, dans l'antre où nous les jurâmes,
Nous reposer !
Viens ! nous échangerons nos âmes
Dans un baiser !Victor Hugo
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Par Pestoune le 10 Mars 2014 à 20:52
Les caresses des yeux
Les caresses des yeux sont les plus adorables ;
Elles apportent l'âme aux limites de l'être,
Et livrent des secrets autrement ineffables,
Dans lesquels seul le fond du coeur peut apparaître.
Les baisers les plus purs sont grossiers auprès d'elles ;
Leur langage est plus fort que toutes les paroles ;
Rien n'exprime que lui les choses immortelles
Qui passent par instants dans nos êtres frivoles.
Lorsque l'âge a vieilli la bouche et le sourire
Dont le pli lentement s'est comblé de tristesses,
Elles gardent encor leur limpide tendresse ;
Faites pour consoler, enivrer et séduire,
Elles ont les douceurs, les ardeurs et les charmes !
Et quelle autre caresse a traversé des larmes ?
Auguste ANGELLIER
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