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J’ai ancré l’espérance
Aux racines de la vie
Face aux ténèbres
J’ai dressé des clartés
Planté des flambeaux
A la lisière des nuits
Des clartés qui persistent
Des flambeaux qui se glissent
Entre ombres et barbaries
Des clartés qui renaissent
Des flambeaux qui se dressent
Sans jamais dépérir
J’enracine l’espérance
Dans le terreau du cœur
J’adopte toute l’espérance
En son esprit frondeur.
Andrée Chedid, Une salve d’avenir. L’espoir, anthologie poétique, éd.Gallimard 2004
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Les clichés de Paul Zizka sont une pure merveille. Tel un véritable aventurier, il arpente notre planète et il la photographie sous toutes ses coutures, dans toutes les conditions. C’est un défi constant que de pouvoir capturer la beauté de notre Terre. Ces clichés de crépuscule ou nocturnes sont une porte ouverte à tous les songes. Sac sur le dos, il explore notre monde à la recherche de l’image la plus parfaite. Et quel cadeau, il nous fait à chaque fois. Je passerais des heures à regarder ses photos, comme une gourmandise à laquelle on ne peut résister. Ces couleurs, ces lumières, ces ciels grandioses, ces montagnes majestueuses… que nous sommes petits.
Pourquoi l’homme ne peut-il faire preuve d’humilité face à notre mère-nature ? Dieu est dans tout cela. C’est son empreinte. Que nous sommes vaniteux à vouloir dompter l’immensité impérieuse. Vanitas vanitatum et omnia vanitas peut-on lire dans l’Ecclésiaste. En voyant de tels images, remettons les pendules à l’heure, nous sommes minuscules et impuissants face à la nature. Quoi que nous lui fassions subir, elle survivra, d’une façon ou d’une autre… mais pas l’espèce humaine. Les dinosaures se sont éteints… gare à notre propre extinction.
https://500px.com/PaulZizkaPhoto
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LA ROUTE DE L’HOMME
Le chemin que l’homme tout nu, avait pris en venant au monde et qu’il avait monté d’année en année jusqu’au milieu de sa vie, d’année en année, il le descendra pour revenir tout nu à son point de départ.
Peu à peu, il avait grandi, élevé à sa taille au-dessus de la terre ; peu à peu, il rapetissera et vers la terre se courbera.
Peu à peu, il avait ouvert ses sens, l’ouïe, la vue et tous les autres, comme des fenêtres, le matin ;
Peu à peu, l’un après l’autre, il les refermera comme des fenêtres le soir.
Un peu plus, chaque jour, il avait amassé dans sa mémoire toutes sortes de sciences ; elles s’échapperont de sa mémoire chaque jour un peu plus.
Un peu plus, chaque jour, ses jambes étaient devenues solides, ses mains adroites, sa langue habile, riche en paroles ;
Ses jambes deviendront faibles, ses mains maladroites, sa langue, pauvre, embarrassée, chaque jour un peu plus.
Un jour, il avait su parler ; un jour, il ne saura plus.
Un jour, il était descendu des bras de sa mère et il avait marché seul : un jour, il cessera de marcher seul et s’appuiera au bras de sa fille.
Un jour, il n’était pas encore sorti de son berceau et une femme, de temps en temps, le prenait pour l’allaiter et changer ses langes ; un jour, il ne quittera plus son lit et une femme, de temps en temps, viendra le nettoyer et lui donner à boire.
Un jour, pour la première fois, il avait ouvert les yeux et il avait vu ; un jour, pour la dernière fois, il fermera les yeux et ne verra plus.
Un jour, pour la première fois, il avait aspiré l’air de ce monde et il était né ; un jour, pour la dernière fois, il expirera l’air de ce monde et il sera mort.
Un jour, avant tous ses jours, il avait passé de longs mois dans l’obscurité de sa mure à former ses os et sa chair et composer son corps d’homme ; un jour, après tous ses jours, il passera de son corps d’homme ; un jour, après tous ses jours, il passera de longs mois dans l’obscurité de la terre à décomposer son corps d’homme et défaire sa chair et ses os.
Un jour, avant tous ses jours, il était sorti de son père comme une petite graine de vie ; un jour, après tous ses jours, il rentrera dans le Père des pères pour être engendré de nouveau à la vie éternelle.
Marie Noël
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