• Les Contes de l'Afrique

     

    Une œuvre artistique dédiée à la sagesse des peuples africains et à la culture des Afriques. Un long métrage sur les contes de l’Afrique Centrale et de l’Ouest appartenant à la collection des films d’animation intitulée Tales of Africa 1 (Les Contes de l’Afrique). Tales of Africa 1 est une mosaïque de contes de l’Afrique Centrale et de l’Ouest, donnant ainsi un panorama exhaustif des récits traditionnels africains. Chaque culture est représentée à travers une histoire, à travers les péripéties d’un personnage et chaque court-métrage est réalisé par un jeune cinéaste du pays d’origine. Le vieux sage Papa Nzenu, dans son habit blanc, promène sa canne à travers les villes. Il raconte aux passants ses histoires, au son de son instrument de musique, il dévoile des vérités pour éloigner ses auditeurs de leurs préoccupations quotidiennes. Le monde matériel s’efface peu à peu devant les messages du vieux sage. L’oralité prend toute son ampleur dans la voix du narrateur qui nous guide à travers les images du continent. Incontestablement riche en couleurs, en formes et en sons, l’Afrique nous révèle toute sa grandeur à travers son oralité.

    conte - Shamazulu - Congo, RDC

    conte - Le chasseur et l'antilope - Cameroun

    conte - Les trois vérités - Bénin

    conte - Malika et la sorcière - Burkina Faso

    conte - Le Cadeau - Mali

    conte - Le lutteur – Sénégal

     

    https://www.youtube.com/watch?v=7JQAoYVSlxs

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  • La chaire de Mondon

     

    Ravachol était un paysan de Mondon, un village perché sur les Côtes d’Arvers. Il possédait un bouc qui ne sortait pas de l’étable et dont il louait les services aux gens qui possédaient des chèvres. Attaché à la crèche, l’animal rêvait sans doute de liberté dans les haies ou d’escalades dans les roches du Mont ou sur les toits accessibles des maisons basses, au sommet des cheminées comme le font souvent les chèvres et les cabris pour se distraire.

    Un jour d’avril, alors qu’il était condamné au fourrage sec, à l’obscurité, la brise printanière lui apportant les parfums de la campagne en fête, le bouc, excité par la saison des amours, se mit à tourner la tête autour de la vieille corde qui lui servait de lien ; si bien que celle-ci se rompit et que l’animal, n’ayant plus que son licou de cuir, franchit la porte pour assouvir son besoin de liberté. Le village étant fortement en pente, il se dirigea instinctivement vers le haut. Arrivé devant l’église, il grimpa par plaisir les vingt marches qui conduisent au porche. La nef étant ouverte, il entra, sauta sur les bancs, puis, faisant le tour de l’édifice, il se trouva devant l’escalier de la chaire qu’il gravit par curiosité, poussa la petite porte entrouverte et se mit à tourner dans l’étroite tribune tout en la fermant involontairement, et se trouva prisonnier. Se dressant sur ses pattes de derrière, il ne put se percher sur les bords trop étroits, puis se mit à tourner, à tourner, cherchant vainement l’endroit par lequel il était entré.

    Au même instant, comme il était midi, le père Bati vint, comme chaque jour, sonner l’Angélus. Arrivé dans le porche, il entendit un bruit insolite à l’intérieur de l’église et, pensant que des gamins étaient en train de faire quelque sottise, il entra dans la nef. C’est alors qu’à cet instant, le bouc s’étant dressé, Bati aperçut sur le bord de la chaire une tête noire avec une barbe et des cornes, et crut qu’il s’agissait du diable causant quelque profanation. Son sang ne fit qu’un tour, il courut immédiatement au presbytère alerter le curé de Mondon.

    Celui-ci venait de se mettre à table, sa mère venant de « tremper » une bonne soupe au lard.

    « Monsieur le Curé, hurla le père Bati, le Diable est dans l’église, je l’ai vu dans la chaire.

    - Ah bon ! Répondit simplement le prêtre, comment est-il ?

    - Il n’est pas beau, mais il vous faudrait vite faire quelque chose !

    - Bien sûr, j’irai voir quand j’aurai mangé.

    - Ben nom de gui ! Ça alors, vous ne me croyez pas ! Hé bien si ça ne vous intéresse pas, si nous ne voulez pas bouger, je ne sonnerai plus jamais l’Angélus !

    - Du calme, du calme, j’irai voir tout à l’heure... »

    Et Bati, furieux, rentra chez lui en jurant les cent mille milliards de cent mille vains noms…

    Pendant ce temps, Ravachol revenant de labourer un champ avec ses deux vaches, enleva leur joug, les rentra à l’étable et s’aperçut de l’escapade de son bouc. Il se rendit immédiatement au cimetière qui entoure l’église, pensant que ce pouvait être le premier pâturage trouvé par l’animal. Entendant du bruit à l’intérieur de l’édifice, il découvrit son Biqua tournant dans la chaire comme un fou.  L’homme saisit l’animal par le licou en cuir, et sortit par la porte latérale sans être vu, puis regagna son étable sans rien dire à personne…

    Lorsque le curé de Mondon eut terminé son repas, il se rendit à l’église en pensant à ce pauvre Bati qui buvait parfois un peu trop. A l’intérieur, tout était calme. La lumière du soleil animait la couleur des vitraux. S’ajoutant à la sérénité du lieu, elle auréolait Saint Nicolas, Saint Benoît, Sainte Jeanne d’Arc. Le prêtre monta dans la chaire, et fut surpris d’y voir des crottes de bique. Il se rendit à la sacristie, prit un balai, une pelle à feu, et nettoya l’endroit en se posant des questions sans éclaircir totalement le mystère.

    De son côté, le père Bati, têtu comme un mulet, racontait ce qu’il avait vu à qui voulait l’entendre, et ne se gênait pas pour flétrir l’indifférence du curé. L’histoire revint aux oreilles de Ravachol, qui en connaissait l’explication mieux que personne. Quelque temps plus tard, il la racontait au cours des veillées quand on lui payait une petite goutte. Il disait que c’est depuis cette aventure que l’effigie de Saint Pierre, sculptée sur le parvis de la chaire, sourit sereinement. Les conteurs d’aujourd’hui disent que c’est grâce à cette histoire que la très belle chaire, qui n’est plus utilisée, n’a pas été démontée et vendue aux antiquaires comme tant d’autres.

     

    Emile Raguin extrait de La légende oubliée. Contes et légendes de Franche-Comté.

     

    La chaire de Mondon

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  • Le Foyard de Marchaux

     

    Les forêts font la beauté de la Franche-Comté par leur magnificence et leur mystère.

    Le sapin et l’épicéa font la splendeur de la montagne des Vosges et du Jura. C’est là qu’ils atteignent des dimensions impressionnantes. Ces résineux sont l’arbre des pays de neige, celui du Diable suivant la légende, celui de Noël suivant la coutume. Dans le pays bas, il sert d’ornement dans les villages et surtout de paratonnerre vers chaque maison, de sorte qu’il fait partie du paysage de la plaine qui n’est pas son domaine naturel.

    Le chêne est l’arbre du Portois. Il atteint des dimensions impressionnantes lorsqu’on le laisse vieillir plusieurs siècles. C’était l’arbre sacré des Gaulois, sur lequel les druides coupaient le gui de l’an neuf. Chez nous, il n’en existe que deux variétés, le rouvre et le pédonculé, réfractaires à ce parasite qui ne s’incruste que sur le chêne d’Irlande réintroduit par les forestiers du siècle dernier. Son fruit, le gland, ressemble au sexe de l’homme, et c’est sans doute la raison pour laquelle l’arbre fut vénéré. Dans le langage populaire, une gauloiserie consiste à dire d’une femme enceinte qu’elle a mangé des glands. Autrefois, on conduisait les porcs dans la forêt pour qu’ils se nourrissent de ces fruits, c’était la glandée. Le chêne est l’arbre masculin, symbole de la force. Il aime la lumière, il se guérit facilement de ses blessures et son bois se conserve longtemps. Dans nos légendes, c’est l’arbre préféré du Nain Vert que l’on appelle Obéron ou Nézent. Ce sont les Iouttons et les Faulots qui lui font un branchage sinueux. Ils s’assoient sur ces fourches, ces sièges aériens, lorsqu’ils se réunissent par douzaine pour chanter en chœur à certaines fêtes saisonnières. Si son écorce est plissée et rugueuse, c’est pour attirer la main des hommes qui aiment la toucher, ce qui porte bonheur. Lorsque la brise souffle dans son feuillage, cela donne une musique particulière que l’on aime entendre et que l’on appelle la Voix des Chênes.

    Le hêtre est un arbre élégant, il atteint de grandes dimensions, mais n’a pas la longévité du chêne. Il se mélange à celui-ci dans les forêts des plaines et des plateaux, il croît aussi en altitude. Il aime l’ombre et son branchage épais fait mourir les branches du chêne lorsqu’ils sont voisins. On l’appelle foyard ou fahy, suivant les régions. Son écorce est lisse, argentée ou grise, les gens de la forêt aiment la caresser. Son branchage est élancé avec de nombreuses ramifications, on en fait des fagots pour chauffer les fours, allumer le feu. Son fruit, la faine, ressemble au sexe féminin. Dans le Portois, on l’appelle la fousse. Dans le langage populaire, une gauloiserie consiste à dire d’un homme volage qu’il sait caresser la fousse. On appelle foussotte la petite mèche triangulaire de cheveux que l’on voit que la nuque des enfants. Dans la tradition populaire, c’est l’arbre féminin, celui des fées. C’est en l’honneur de celles-ci qu’on le laissait vieillir à Cusance pour la fée Adry, à Belfahy pour les trois Belles Filles…

    Il était une fois à Marchaux, un bûcheron nommé Calou. Il connaissait la forêt mieux que personne. Il lui arriva plusieurs fois, à l’entrée du Bois d’Armont, à côté de la route conduisant à Besançon, de voir dans la grande futaie de hêtres, une petite dame à robe blanche qui s’enfuyait à son approche. Il était persuadé qu’il s’agissait de la fée Vénéla qui se cache dans ces forêts et se sauve lorsqu’elle voit des humains pénétrer dans son domaine. Il y avait là un foyard magnifique au tronc parfaitement droit, et Calou était persuadé que la fée avait le pouvoir d’entrer à ‘intérieur, sans laisser de traces, pour ce cacher. Lorsque les gardes forestiers décidèrent de couper le taillis et les grosses futaies de cet endroit, ils jugèrent que le beau hêtre était « mûr », vu sa grosseur, et lui donnèrent le « coup d’abandon », une large entaille à la hache sur le pied du fût.

    Cela fit mal au coeur à Calou, le bûcheron, lorsqu’il vint là pour faire son travail ; il caressa le foyard de sa main calleuse, et refusa de l’abattre car c’’était, dans son esprit, la cachette, le refuge de la fée. Cela fit sourire les gardes qui prenaient Calou pour un attardé. Ils ne dirent rien, et le beau hêtre resta sur pied. Quelques années plus tard, l’arbre atteignit de grandes dimensions, devint la fierté des gens de Marchaux, et demeura vivant pendant plus d’un siècle. Hélas, la blessure provoquée autrefois par le « coup d’abandon » avait fait lentement sournoisement son œuvre. L’arbre pourrissant par le bas, il fut abattu, et le foyard de Marchaux, comme la belle Vénéla, n’est plus qu’un souvenir chanté par les poètes.

     

    Emile Raguin extrait de La légende oubliée. Contes et légendes de Franche-Comté.

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  •  

    La ligne bleue des Vosges

    ligne bleue des Vosges

     

    Si l’on appelle Ballons les sommets des Vosges, cela vient d’un mot gaulois qui signifie

    montagne. Les contreforts de ces Ballons sont désignés par le mot Planche, ce qui

    correspond à l’arbalétrier d’une charpente. Le Rahin et la Savoureuse sont deux

    torrents qui descendent sur le versant sud du Ballon d’Alsace. Entre eux s’allonge une

    montagne que l’on appelle la Planche des Belles Filles dont le sommet, ligne de

    partage des eaux, faisait la limite entre la Franche-Comté et l’Alsace. Son nom vient

    de ce qu’elle est le domaine de trois fées d’une grande beauté. Frida, la blonde, a des

    yeux bleus ; Sarah, la brune, a des yeux bruns ; Olga, la rousse, a des yeux verts.

    Inséparables, ce sont les Trois Belles Filles qui se promènent, souriantes, dans les

    forêts, sont au courant de tout ce qui s’y passe, et ne font que du bien aux humains

    qu’elles rencontrent avec une grande gentillesse.

     

    Dans les temps anciens, les Vosges étaient vierges, inexploitées, sans chemins,

    remplies de bêtes sauvages. Les seigneurs dont les châteaux se trouvaient dans les

    vallées, au pays bas, étaient propriétaires des immenses forêts qui s’étendaient

    jusqu’au sommet des monts. Afin d’agrandir leur domaine cultivé, ils envoyaient dans

    cette montagne hostile, avec interdiction de la quitter, des condamnés graciés ayant

    pour tâche d’abattre des pans de forêt aux endroits qui n’étaient pas trop en pente

    afin d’en faire des pâturages pour y créer de petites fermes. On leur donnait deux

    chèvres pour brouter et faire pousser l’herbe à la place des arbres. Le lait de ces bêtes

    était la base de la nourriture de ces bûcherons avec les raves, les carottes, les

    topinambours, et la bouillie d’avoine. Pour s’abriter des intempéries et des rigueurs de

    l’hiver, ces défricheurs se construisaient des cabanes que l’on appelai des cambuses.

    Ces pauvres gens, exclus du monde, étaient désignés par le nom de Welches ou de

    Sauvages.

     

    Tout naturellement, les paysans des vallées étaient tentés de braconner pour

    améliorer leur nourriture. C’est ainsi qu’un jour, Nicolas, un jeune homme de

    Champagney ayant pris un chevreuil au collet fut surpris par le seigneur du lieu. Celui-

    ci, furieux, lui proposa de choisir entre la potence ou vivre dans la montagne pour

    remplacer un vieux Welche qui venait de mourir, laissant seule dans sa cambuse une

    veuve octogénaire. Nicolas, préférant la montagne, fut conduit dans une clairière sur la

    Planche des Belles Filles, se mit au travail et vécut donc avec la vieille Catherine qui ne

    pouvait plus faire autre chose qu’entretenir le feu et préparer la maigre nourriture.

    Celle-ci lui conta comment on pouvait survivre là-haut l’hiver, en pêchant des truites à

    la main, en piégeant du gibier, en récoltant des fruits sauvages.

     

    Cette nouvelle vie n’aurait pas déplu à Nicolas s’il n’avait connu le poids de la solitude

    et s’il n’avait rêvé d’avoir une épouse. Cette idée le hantait : que deviendrait-il si la

    vieille Catherine venait à mourir ? Il pourrait, bien sûr, passer en Lorraine se mettre au

    service des Ducs, ou bien en France, mercenaire du roi, mais ces projets étaient pleins

    d’embûches, d’aventures inconnues. Or il avait entendu dire que, dans certains

    endroits des Vosges, au Pays des Mille Etangs ou bien à Aubure, vers Ribeauvillé,

    certains sorciers savaient rajeunir les vieilles femmes par un procédé mystérieux et

    secret. D’après ce qu’on en disait, il fallait que la femme en question soit étranglée

    pour qu’elle ne perde aucune goutte de son sang, la placer immédiatement dans une

    grande chaudière, ajouter de l’eau, des racines de gentiane, des feuilles de sureau,

    une touffe de gui, sept fleurs d’églantine, allumer le feu, éteindre aussitôt que l’eau se

    mettait à chanter et puis, après quelques instants, une jeune fille souriante sortait de

    la chaudière ne demandant qu’à épouser un bûcheron ou un berger ! Le grand Saint

    Nicolas devait sûrement connaître le secret puisqu’on le voit, sur les vitraux de bien

    des églises de la région, redonner la vie à trois enfants dormant depuis 7 ans dans un

    saloir. Nicolas pensait à cela je jour, il en rêvait la nuit…

     

    C’était au moins de mai. Un jour, vers midi, alors qu’il rentrait dans la cambuse, il

    trouva la pauvre Catherine étendue sur sa couche de fougères. Aux questions que lui

    posa Nicolas, elle répondit péniblement :

    - J’ai froid, c’est fini, je sens que je vais mourir… Tu m’enterreras vers la source, sur

    mon mari, du côté du midi, au pied du gros bloc de granit…

     

    Nicolas hésita, n’était-il pas dommage de la laisser mourir ? Perdue pour perdue, ne

    valait-il pas mieux l’étrangler pour essayer de la rajeunir ? Il lui serra fortement le cou

    entre ses deux mains… Elle ne fit pas un mouvement, à peine si elle tira la langue. Il y

    avait, vers le tas de bois, une grande chaudière à potence que les marcaires (trayeuse

    de lait) avaient entreposée là pour l’hiver et qui leur servait à la belle saison pour

    chauffer le lait caillé lorsque les troupeaux montent paître sur les Chaumes. Nicolas

    mit la vieille Catherine dedans, les jambes repliées. Il se hâta d’y mettre de l’eau, des

    feuilles de sureau, il grimpa sur un sapin pour y couper une touffe de gui ; il arracha

    quelques racines de gentiane, cueillit sept roses sauvages. Tout étant prêt dans la

    chaudière, il la mit sur le foyer, lança le feu et attendit. Il détourna la grande bassine

    quand l’eau se mit à chanter et il attendit. A ce moment, les trois fées entrèrent dans

    la pauvre maison et Nicolas, surpris, se retira, le dos au mur.

     

    « - Qu’as-tu fait ? Lui dit Frida d’une voix douce. Et c’est alors qu’il resta immobile,

    incapable de bouger et de répondre. Pendant ce temps, Sarah et Olga étaient sorties

    et revenaient rapidement avec trois tiges de digitales fleuries. Les fées introduisirent

    leurs doigts dans les longues fleurs pour s’en faire des gants, et se mirent à caresser,

    à masser le corps et le visage de Catherine. Après un moment, elle se retirèrent et

    sortirent, souriante en disant gentiment :

    - Tu ne recommenceras pas, Nicolas, il y a quelque chose que tu ne sais pas faire !.

     

    Et celui-ci resta figé, muet, les yeux rivés sur la chaudière.

     

    Ce n’est qu’une heure plus tard que Catherine se réveilla et se leva en s’étirant, toute

    heureuse. C’était une jeune fille charmante, elle avait peut-être dix-huit ou vingt ans.

     

    - Comme j’ai bien dormi, disait-elle, je me croyais au paradis !.

     

    Elle descendit de la chaudière et courut dehors en s’écriant :

    - Nicolas ! Nicolas ! Viens !

     

    Et celui-ci retrouva l’usage de ses jambes et vint, tout ému, vers elle.

    - Regarde, disait celle-ci, comme la montagne est belle, le ciel est bleu, les oiseaux

    chantent, les fleurs sentent bon, la forêt murmure et le vent la caresse ! Jamais je ne

    quitterai ce paradis ! Si tu veux, Nicolas, restons ici et vivons comme si nous étions

    seuls au monde. Tu bâtiras un chalet à côté de la source, on l’appellera Chantoiseau !

     

    c’est ce que firent les deux jeunes gens qui furent les ancêtres des bergers et des

    bûcherons qui vivent dans cette montagne et c’est pourquoi l’on y trouve des conteurs

    qui, d’une histoire invraisemblable, font un conte merveilleux, parce qu’il nous vient

    de la nuit des temps et qu’ils savent y mêler le rêve et la poésie, leur lyrisme étant un

    désir de surnaturel. C’est pourquoi les robustes filles de la montagne, habituées aux

    travaux des étables et de la forêt, sont d’une beauté simple et sans artifice. C’est

    pourquoi l’on dit qu’elles ont des doigts de fée pour broder la dentelle des coiffes

    qu’elles portent le dimanche. C’est pourquoi les montagnards sont pleins d’attentions

    pour leur épouse et lui gardent cette tendresse qui fait la vie si douce. C’est aussi la

    raison pour laquelle on appelle digitales ces plantes dont la montagne est pleine et ont

    les longues fleurs roses sont des gants pour les fées lorsqu’elles veulent accomplir un

    prodige. C’est pourquoi, dans le pays bas, depuis les hauteurs des Côtes Paloumères,

    lorsqu’ l’on aperçoit la ligne bleue des Vosges dont les sommets sont arrondis comme

    des seins de femme, on dit que c’est les poitrines des fées qui dorment là-bas pour

    protéger les mystères de la montagne enchantée. C’est pourquoi les Alsaciens de

    Colmar appellent la Planche de Masevaux le Bärenkopf où les ours ont disparu, et la

    Planche des Belles Filles le Frolenkopf où les trois Demoiselles reposent leurs têtes en

    se couchant sur le dos pour admirer la luminosité du ciel au soleil couchant.

     

    Emile Raguin extrait de La légende oubliée. Contes et légendes de Franche-Comté.

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  • L’araignée de Noël

     

    Un bœuf, un mouton, une poule et une petite araignée habitaient l'étable où venait de naître l'Enfant Jésus. Couché dans la paille, il dormait, réchauffé par le souffle du bœuf et de l'âne.

    -Regardez, il a souri ! s'exclama l'âne. Comme il est mignon, reprit le mouton. Je veux lui offrir ma laine la plus douce.

    -Et moi, continua la poule, je vais lui pondre de bons oeufs tout chauds.

    -Petit bébé, murmura l'araignée, moi aussi, j'aimerais t'offrir un cadeau. Mais les gens disent que je suis laide et je ne sais rien faire de mes pauvres pattes...

    -Voyons ! Nous, tes amis, nous trouvons que tu es très jolie, s'exclama le boeuf.

     

    -Et nous savons bien que tu es habile, ajouta la poule

    -Il ne faut pas croire ce que disent les gens, continua l'âne. Moi, par exemple, quand on dit que je suis bête, je n'écoute pas !

    L'araignée réfléchit un moment, puis elle chuchota :

    -J'ai trouvé une idée !

    Et aussitôt, avec ses minuscules pattes noires, elle se mit à tisser une grande et solide toile pour le bébé. Elle tissa, tissa, tissa, toute la nuit en y mettant tout son coeur, et au matin... elle avait fabriqué une belle couverture bien chaude !

    Le bœuf, l'âne, la poule et le mouton admirèrent son travail. Et quand l'araignée déposa le tissu aux pieds de Jésus, Marie, la maman du bébé, s'exclama :

    -Merci, petite araignée, pour ce joli cadeau !

    Elle prit la couverture et la posa délicatement sur son enfant. Alors heureuse, la petite araignée, épuisée d'avoir tant travaillé, s'endormit tout près du bébé. On raconte que le lendemain, lorsque Marie, Joseph et leur bébé s'en allèrent, la petite araignée faisait partie du voyage.    

                                           D’après un conte polonais

    Source du conte :

            http://bonsoirhistoire.canalblog.com/archives/2012/12/09/25784202.html                    

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