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Par Pestoune le 5 Juin 2018 à 22:45
Rude métier que de travailler dans les chemins de fer au XIXe siècle. Dans La bête humaine de Zola et dans le film qu’en a tiré Jean Renoir en 1938 avec Jean Gabin, on peut avoir un aperçu des conditions de vie de ces cheminots. L’hiver, l’usage veut que l’on se retrouve autour d’une flambée en plein air pour déguster du vin chaud. En plus de ragaillardir les forçats du rail, cette boisson permet de se donner un peu de baume au cœur et de tisser des liens entre collègues. Pour le feu, on récupère le bois de casse, des planches de wagon accidenté ou du charbon chapardé dans les locomotives.
Pour le vin, on se sert directement dans les tonneaux de chêne ! Les trains ont désormais remplacé la route et le fleuve pour transporter les Bourgognes, Bordeaux ou Beaujolais du Pays. Il est donc aisé d’aller tirer en douce le jus de la treille dans des chargements en stationnement, en gare de triage par exemple. La technique est simple. Muni d’un petit vilebrequin, le cheminot perce délicatement le fût et recueille le breuvage dans un récipient destiné à cet usage. Puis, il enfonce en force un bouchon qui, en se gonflant de vin, obture complètement le tonneau. Impossible de déceler la supercherie ! Les négociants attribuent en général cette perte à la fameuse « part des anges » le volume d’alcool qui s’évapore au fil du temps…
En cet hiver 1861, le froid redouble d’intensité et les regroupements autour des brasiers sont fréquents. Ce jour-là, les cheminots présents dégustent une eau-de-vie particulièrement goûteuse, au bouquet inimitable… Elle a été dénichée quelques heures auparavant par le chef de train qui a découvert une sorte de tonneau de grosse contenance dans le wagon. En regardant son étiquette de transport, il a lu sa provenance : Java, en Indonésie. Un peu d’exotisme à la portée de tous ! N’y tenant plus, grelottant de froid, le chef de train décide de tester cet alcool. Armé du fameux vilebrequin, il commence sa besogne, et un liquide ambré, d’un goût très subtil, s’écoule dans son seau. Six cheminots sont ensuite conviés à se délecter de deux litres de cette fameuse eau-de-vie, très parfumée. Malgré les commentaires et les clapets sous la langue pour tester, sa composition secrète, probablement à base d’épices inconnues, n’arrive pourtant pas à être percée.
Puis c’est de nouveau le départ et tout le monde embarque avec au fond de l’estomac et dans l’haleine des relents mielleux de ce nectar javanais. Enfin arrivée à destination, la cargaison est débarquée puis réceptionnée par le destinataire, un professeur de médecine réputé en France. Avant d’embarquer sa marchandise, il demande à vérifier le contenu pour émettre des réserves au cas où la « pièce » aurait été détériorée ou abîmée pendant le voyage.
On ouvre donc avec moult précautions ce qui se révèle être une sorte de sarcophage empli effectivement d’alcool. Un sourire de contentement éclaire alors le visage du professeur… avant que celui des sept agents ne se décompose sous l’effet du choc. Au fond du tonneau, recroquevillé, le cadavre d’un orang-outan entier flotte dans un état de conservation remarquable… L’histoire, racontée par le grand écrivain Henri Vincenot, fera dans les mois qui suivent, et pour longtemps, le tour de France des gares et des dépôts de cheminots.
A votre santé !
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Par Pestoune le 29 Mai 2018 à 22:43
La scène se passe au 22 rue des Saules. C’est un cabaret comme il en existe des dizaines dans le Paris de la Belle Epoque, juste avant la première Guerre Mondiale. André Gill, un caricaturiste de renom, en a imaginé le logo, un lapin sautant hors d’une casserole bien vite surnommé « Le lapin à Gill », le cabaret prend rapidement le nom qui le rendra célèbre « Le Lapin Agile ». Mais l’histoire étonnante qui s’y déroule en cette année 1910 n’a rien à voir avec le tendre animal dont on fait des civets.
Frédéric Gérard, dit le « père Frédé », est l’un des instigateurs d’une supercherie artistique qui fera grand bruit en France. Patron du cabaret, casquette de breton vissée sur le front, pipe au bec et barbe blanche, il fait chanter des inconnus désargenté qui se retrouvent dans un esprit de camaraderie et de franche rigolade. C’est un personnage truculent, véritable icône du lieu, qui attire peintres, écrivains, poètes de Paris. On retrouve ainsi attablés Utrillo, Picasso, Modigliani, Apollinaire, Caran d’Ache, Braque, et aussi un certain Dorgelès. Le père Frédé fait souvent crédit à ces artistes sans le sou ou leur demande une œuvre contre quelques verres. Des amitiés se créent mais aussi parfois certaines inimitiés.
Ainsi, le journaliste et écrivain Roland Dorgelès n’aime pas trop les œuvres de Picasso. Il est en révolte contre cette nouvelle école futuriste et trop innovante à son goût. Afin de démonter cette tendance cubiste qui ne lui sied guère, il échafaude un plan machiavélique.
Avec quelques-uns de ses amis proches (Depaquit, Warnod, Gentil et Girieux), il imagine un superbe canular qu’il fait contrôler et constater par un homme de loi, le 8 mars 1910. Ce jour là, dans la cour attenante au cabaret, il fait venir Lolo, l’âne du père Frédé. Entouré d’une foule d’habitués, de gens du voisinage et de Maître Paul-Henri Brionne, huissier de justice, il dispose différents seaux de peinture, place une toile sur un chevalet et attache un pinceau à la queue de Lolo. Mystère…
Un tas de foin est également placé devant l’animal afin qu’il reste en place et montre quelques signes de contentements, nécessaires à l’accomplissement de sa tâche… ou de son œuvre.
Tournant le dos au tableau, l’âne est laissé « libre » de toute inspiration. On plonge sa queue dans les différents récipients de peinture et grâce aux balancements continus et irréguliers de ce « pinceau animal », un tableau prend naissance sur la toile !
Après réflexion, la croûte est baptisée Et le soleil s’endormit sur l’Adriatique. Les auteurs de la farce imaginent aussi le nom et le pedigree du peintre : Joachim-Raphaël Boronali, artiste né à Gènes et théoricien du nouveau mouvement artistique l’Excessivisme.
Quelques jours après sa réalisation, l’œuvre est exposée au Salon des Indépendants. Le succès est considérable et certains critiques d‘art enthousiastes font des éloges de cette peinture. Le quotidien Le Matin publie aussi un article élogieux. La toile trouve acquéreur pour 20 louis d’or.
Quelques jours plus tard, les comparses révèlent la supercherie dans la presse, photographies et constat d’huissier à l’appui, ce qui fera rire la France entière… Pourtant, les joyeux affabulateurs avaient laissé un précieux indice qui aurait pu éventer le canular. Les amateurs d’anagramme auraient pu deviner que Boronali n’est autre que Aliboron, l’âne décrit par Jean de la Fontaine, autre conteur bien connu pour ses… fables !
Aujourd’hui, la célèbre toile est visible à l’espace culturel Paul Bedu à Milly-la-Fotêt, dans l’Essonne.
Pascal Assemat – Ces animaux qui ont marqué la France
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Par Pestoune le 22 Mai 2018 à 21:50
Madame le maire d’Emancé, petit village dans les Yvelines, a bien du fil à retordre avec les compagnies d’assurance. Surtout depuis la recrudescence des accidents sur les routes qui relient sa commune à la forêt de Rambouillet. La région est très boisée entre la forêt des quatre piliers et le bois de Batonceau. Cerfs, chevreuils et sangliers envahissent les lieux, s’y plaisent et s’y reproduisent. Ils empruntent bien souvent les différentes voies de circulation au mépris des usager habituels au volant de leur camion ou de leur automobile !
Aussi, quand Brigitte P. se rapproche d’elle pour lui faire part de ses problèmes de police d’assurance à la suite d’un accident de la route, madame le maire s’attend à la description somme toute habituelle d’une collision voiture-cervidé.
Mais Brigitte, clerc de notaire, lui raconte une toute autre histoire…
Il fait déjà nuit noire en ce début de soirée froide et hivernale, peu avant Noël 2003, quand elle quitte le village de Gazeran pur rentrer chez elle. Peu avant le domaine de Montlieu, à l a lumière des phares, elle a juste le temps d’apercevoir une ombre grisâtre lui couper la route. De même couleur que l’écorce des arbres, donc peu visible, l’animal bondissant percute de plein fouet le véhicule qui roule pourtant à faible allure.
Sous le choc, la bête meurt rapidement. En s’approchant de l’animal immobile, Brigitte sursaute. De petite taille, 80 cm tout au plus, une tête de lapin avec deux membres antérieurs disproportionnés et une très longue queue. C’est bien… un kangourou ! Pas de la race de notre bon vieux Skippy, héros d’une célèbre série télévisée des années 60/70. Non, un autre qui est devenu l’emblème de l’équipe australienne de rugby à XV, le wallaby. Pour être très précis, un wallaby de Bennett.
Renseignements pris, l’animal en question s’est probablement échappé de chez son propriétaire. La détention d’un tel animal est en effet autorisée à la double condition d’être titulaire d’une mystérieuse « capacité » et d’une surface habitable d’au moins 1000m² par individu.
C’est à ce moment là que les ennuis commencent pour Brigitte. Son assureur ne veut pas prendre ne charge les frais inhérents à la réparation du véhicule. La conductrice va de surprises en surprises et découvre alors que, trente ans auparavant, quelques individus se sont échappés de la réserve zoologique de Sauvage, basées non loin. Ils auraient pris la poudre d’escampette à la faveur de l’éboulement d‘un mur d’enceinte ! N’étant par répertorié dans la catégorie espèce nuisible ou protégée, le kangourou ne peut pas être chassé ou piégé. Théoriquement et juridiquement parlant, il n’habite pas la région, ni le pays !
Et pourtant, ils se sont bien acclimatés et reproduits au sud de la forêt de Rambouillet où Brigitte a fait cette amère rencontre. Contactés, les responsables de la réserve zoologique font savoir qu’après inventaire, aucun wallaby ne manque à l’appel. Dès lors, comment se retourner contre eux et prouver que c’est bien un de leurs évadés qui est responsable de l’accident…
C’est directement madame le maire qui prend l’affaire en main. Elle contacte tous les assureurs pour tenter de remédier à ce vide juridique et apporter une solution à ces dommages collatéraux.
Depuis, quelques facétieux anonymes ont pris soin de poser le long des différentes départementales des panneaux directement inspirés de ceux que l’on rencontre en Australie. Ce sont des éléments de signalisation sur fond jaune, peints au pochoir. On peut y voir la silhouette d’un kangourou, ce qui à défaut de faire ralentir les automobilises, les fait sans doute sourire !
Pascal Assemat – Ces animaux qui ont marqué la France
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Par Pestoune le 26 Avril 2018 à 23:01
Il y avait deux bébés dans le ventre d’une mère.
Le premier dit à l’autre : “Est-ce que tu crois à la vie après l’accouchement ?”
L’autre répondit : “Bien sûr ! Il y a forcément quelque chose après l’accouchement.
Peut-être que nous sommes ici pour préparer ce qui va se passer après”.
“Non-sens !” dit le premier.
“Il n’y a pas de vie après l’accouchement. Et puis, à quoi cette vie ressemblerait-elle ?
Le deuxième dit : “Je ne sais pas…
Peut-être que nous marcherons sur nos jambes et que nous mangerons avec notre bouche.
Peut-être que nous développerons des sens que nous ne comprenons pas pour l’instant.”
Le premier répondit : “Mais c’est absurde !
C’est impossible de marcher.
Et manger avec la bouche ? Ridicule !
Le cordon ombilical nous donne tout ce dont on a besoin, mais il est trop court et c’est pour ça qu’il ne peut pas y avoir de vie après l’accouchement.”
Le second insista : “Eh bien, moi, je pense qu’il y a quelque chose.
Et peut-être même qu’on n’aura plus besoin de ce cordon.”
“Ah oui ? Moi je pense que l’accouchement est la fin de la vie, qu’après il n’y a que le silence, l’obscurité et l’oubli.”
“Je ne sais pas dit le second. Mais peut-être que nous rencontrerons notre Mère, et qu’elle prendra soin de nous.”
“Notre mère ???? Tu crois à notre Mère, mais c’est aberrant !
Si elle existe, où est-elle alors ?”
Le second dit : “Je crois qu’elle est partout autour de nous.
Nous sommes entourés d’elle. Nous sommes d’elle.
C’est en elle que nous vivons. Et sans elle nous ne pourrions vivre.”
“En tout cas je ne la vois pas, moi.
Et je pense qu’il est donc logique qu’elle n’existe pas.”
Ce à quoi le second répondit : “Parfois, lorsque tu es en silence, que tu te concentres et que tu écoutes vraiment, tu peux sentir sa présence. Et entendre sa voix pleine d’amour qui t’appelle de tout en haut.”
Ce texte est attribué à un auteur hongrois qui se fait appeler Utumao a Léleknek soit le guide de l’âme.
Source : Chroniques des Vallées du pays de Luxeuil.
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Par Pestoune le 18 Avril 2018 à 22:03
Je glisse mes mains entre vos mains,
Mes doigts entre vos doigts,
Et ma voix entre vos deux oreilles,
Pour vous vanter cette histoire faite de vent et de soleil.
Ça s’est passé chez certains Tsiganes d’Europe de l’Est, du temps où, au jour de leur mariage, les conjoints recevaient chacun un vase dans lequel désormais, tous les soirs, ils devaient déposer un haricot blanc si la journée leur avait semblé bonne, un rouge si elle leur avait semblé mauvaise et une lentille verte si elle s’était écoulée dans une harmonie parfaite.
A chaque anniversaire de mariage, hommes et femmes vidaient leurs vases l’un en face de l’autre, et faisaient le compte des jours. Or, lorsque par des circonstances peu communes, le couple ne découvrait que des lentilles vertes dans les deux vases, il devait s’arrêter de voyager un an pour les planter et ne repartir qu’après les avoir consommées. Les Tsiganes plaisantaient souvent sur cette vieille tradition, prétendant qu’à cause d’elle ils étaient condamnés à la vie nomade. Pourtant, il arrivait parfois qu’une entente assez prodigieuse fasse s’arrêter ici et là un couple heureux sur le chemin errant de leur existence. Ainsi, l’un d’entre eux s’était installé un jour dans un petit coin de province pour planter leurs graines d’harmonie. Seulement, comme l’homme et la femme vendaient moins bien les paniers tressés qu’ils écoulaient habituellement sur la route, ils savouraient leurs lentilles tout en vivant très chichement.
Un cousin du mari qui s’était arrêté en visite, en voyant leur dénuement extrême, leur a alors conseillé d’essayer de faire du troc, car c’était selon lui le meilleur des moyens pour s’en sortir sans le sou. L’époux avait beau dire qu’il n’entendait rien aux affaires, le cousin pestait, insistait, ne jurait que par le troc. Tant et si bien qu’à l’aube du lendemain, l’époux s’en est allé au marché pour troquer le cheval qui tirait jusqu’à présent leur roulotte. Hélas, s’il était expert en vannerie, il ne savait vraiment rien de rien à la valeur des bêtes. Aussi, quand sur le chemin, il a rencontré un paysan qui tirait une vache, l’animal lui a paru si sympathique qu’il a voulu le troquer contre son cheval. Le paysan, se réjouissant d’un tel avantage, a aussitôt accepté. Et le jeune homme a poursuivi sa route en menant la vache au marché. Il n’y était pas encore rendu qu’il a aperçu un homme avec une biquette. Une fois encore la biquette lui a paru si plaisant qu’il l’a troquée contre la vache. Bref, en arrivant au bourg, le jeune homme avait déjà troqué la biquette contre une oie grasse, et l’oie grasse contre une poule naine. Au premier étalage du marché, il a aperçu quelques semis de fleurs et, pensant au plaisir qu’elles feraient à sa femme, il est rentré chez lui avec l’aubaine d’une pleine poignée de graines. Le cousin qui l’attendait sous l’auvent de la roulotte, le voyant revenir avec de si pauvres richesses, en était atterré.
– Oh malheureux, toi et ta femme vous êtes sans doute installés pour déguster vos lentilles d’harmonie, mais lorsqu’elle va apprendre avec quoi tu rentres du marché, je te garantis que tu vas sentir un certain changement d’humeur.
– Et pourquoi donc ? s’est étonné le jeune homme.
– Eh benêt ! Tu ne vois donc pas que tu as tout perdu au change ?
– J’ai pourtant fait de bien bons trocs ! Et je suis sûr que ma femme en sera tout aussi satisfaite.
– Pari tenu ! a fait le cousin écœuré par tant d’innocence. Je jure de te donner cent pistoles pour finir l’année si ta femme ne se met pas en colère, et j’emporte votre roulotte dans le cas contraire. Le veux-tu ?
Les deux hommes ont topé et craché pour sceller leur accord et à peine entré dans la roulotte, l’époux a dit :
– Ma mie, j’ai troqué notre cheval contre une vache !
– C’est bien a répondu l’épouse, elle nous donnera du lait.
– Que non, car ensuite j’ai troqué la vache contre une biquette !
– Encore mieux, je ferai du fromage, et si elle a beau poil, je te ferai un manteau de berger.
– Mais j’ai également troqué la biquette contre une oie.
– Ça tombe bien ! Avais-tu remarqué que, le froid venant, il manquait encore quelques plumes à notre couette.
– Seulement l’oie, je l’ai troquée contre une poule naine.
– On se fera bientôt un régal d’omelette !
– Sauf qu’en arrivant au marché, je n’ai pu résister à la troquer contre ces quelques semis de fleurs.
– Tu sais quoi ? C’est ce qu’il nous fallait pour égayer les fenêtres de la roulotte.
Le cousin médusé, qui écoutait depuis un moment ce dialogue tendre et fabuleux, est alors intervenu pour essayer de l’envenimer un peu.
– Justement cousine, il se pourrait fort que bientôt vous n’ayez même plus de roulotte…
– Alors nous dormirons à la belle étoile comme le faisaient nos grands-parents et sèmerons les fleurs aux quatre vents !
Cette fois, le cousin épaté s’est tourné vers l’époux et, lui tendant cent pistoles, il a déclaré sentencieusement :
– Je te les donne de bon cœur, car je n’ai jamais vu femme comme la tienne. Ne va pas la troquer surtout ! Tu n’en trouveras jamais de pareille.
Allez, levons le camp.
Si l’on devait dire toutes les histoires
du temps d’avant
Il y en aurait pour sept heures, sept jours,
sept semaines, et cent ans.
Contes de sage et fous amoureux par Jean-Jacques Fdida- Ed. Seuil.
http://lechampdespossibles.org/le-conte-amoureux-les-vases-dharmonie/
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