• Ce conte pour un proche et jeune ami, Matt, quelques souvenirs drôles de Baba Yaga. On avait quand même bien ri avec cette vieille sorcière. 

     

    Baba Yaga est une sorcière du folklore slave qui vit dans une hutte magique dans la forêt et aide, emprisonne ou mange ceux qu'elle rencontre. Elle fait partie des personnages les plus célèbres des contes slaves.

     

    Baba Yaga – Boszorkány az istenek felett? – Prológus – Egy jó könyvhöz.

     

    Dans la maisonnette d'un village vivait une petite fille qui n'avait plus de maman. Son père, qui était déjà assez vieux, se remaria; mais il ne sut pas bien choisir. Sa nouvelle femme n'était pas une vraie maman, c'était une marâtre. Elle détestait la petite fille et la traitait mal. "Comment faire pour m'en débarrasser ?" - songeait la marâtre.

    Un jour que son mari s'était rendu au marché vendre du blé, elle dit à la petite fille :

    - Va chez ma soeur, ta gentille tante et demande-lui une aiguille et du fil pour te coudre une chemise.

    La petite fille mit son joli fichu rouge et partit. En route, comme elle était maligne, elle se dit : "J'ai une gentille tante, c'est vrai, mais qui n'est pas la soeur de ma marâtre : c'est la soeur de ma vraie maman. J'irai d'abord lui demander conseil."

    Sa tante la reçut avec beaucoup de plaisir.

    - Tante, dit la petite fille, la femme de mon papa m'a envoyée chez sa soeur lui demander une aiguille et du fil pour me coudre une chemise. Mais d'abord, je suis venue te demander, à toi, un bon conseil.

    - Tu as eu raison. La soeur de ta marâtre n'est autre que Baba-Yaga, la cruelle ogresse ! Mais écoute-moi : il y a chez Baba-Yaga un bouleau qui voudra te fouetter les yeux, noue-le d'un ruban. Tu verras une grosse barrière qui grince et qui voudra se refermer toute seule, mets-lui de l'huile sur les gonds. Des chiens voudront te dévorer, jette-leur du pain. Enfin, tu verras un chat qui te crèverait les yeux, donne-lui un bout de jambon.

    - Merci bien, ma tante, répondit la petite fille.

    Elle marcha longtemps puis arriva enfin à la maison de Baba-Yaga. Baba-Yaga était en train de tisser.

    - Bonjour, ma tante.

    - Bonjour, ma nièce.

    - Ma mère m'envoie te demander une aiguille et du fil pour qu'elle me couse une chemise.

    - Bon, je m'en vais te chercher une aiguille bien droite et du fil bien blanc. En attendant assieds-toi à ma place et tisse.

    La petite fille se mit au métier. Elle était bien contente. Soudain, elle entendit Baba-Yaga dire à sa servante dans la cour :

    - Chauffe le bain et lave ma nièce soigneusement. Je veux la manger au dîner.

    La petite fille trembla de peur. Elle vit la servante entrer et apporter des bûches et des fagots et de pleins seaux d'eau. Alors elle fit un grand effort pour prendre une voix aimable et gaie et elle dit à la servante :

    - Eh ! ma bonne, fends moins de bois et pour apporter l'eau, sers-toi plutôt d'une passoire !

    Et elle donna son fichu à la servante.

    La petite fille regardait autour d'elle de tous les côtés. Le feu commençait à flamber dans la cheminée. Il avait beau être un feu d'ogresse, sa flamme était vive et claire. Et l'eau commençait à chanter dans le chaudron ; et bien que ce fût une eau d'ogresse, elle chantait une jolie chanson. Mais Baba-Yaga s'impatientait. De la cour, elle demanda :

    - Tu tisses, ma nièce ? Tu tisses, ma chérie ?

    - Je tisse, ma tante, je tisse.

     
    Sans faire de bruit, la petite fille se lève, va à la porte... Mais le chat est là, maigre, noir et effrayant ! De ses yeux verts il regarde les yeux bleus de la petite fille. Et déjà il sort ses griffes pour les lui crever.

    Mais elle lui donne un morceau de jambon cru et lui demande doucement :

     
    - Dis-moi, je t'en prie, comment je peux échapper à Baba-Yaga ?

     
    Le chat mange d'abord tout le morceau de jambon, puis il lisse ses moustaches et répond :

    - Prends ce peigne et cette serviette, et sauve-toi. Baba-Yaga va te poursuivre en courant. Colle l'oreille contre la terre. Si tu l'entends approcher, jette la serviette, et tu verras ! Si elle te poursuit toujours, colle encore l'oreille contre la terre, et quand tu l'entendras sur la route, jette le peigne et tu verras !

    La petite fille remercia le chat, prit la serviette et le peigne et s'enfuit. Mais à peine hors de la maison, elle vit deux chiens encore plus maigres que le chat, tout prêts à la dévorer. Elle leur jeta du pain tendre et ils ne lui firent aucun mal.

    Ensuite, c'est la grosse barrière qui grinça et qui voulut se refermer pour l'empêcher de sortir de l'enclos ; mais la petite maligne lui versa toute une burette d'huile sur les gonds et la barrière s'ouvrit largement pour la laisser passer. Sur le chemin, le bouleau siffla et s'agita pour lui fouetter les yeux ; mais elle le noua d'un ruban rouge ; et voilà que le bouleau la salua et lui montra le chemin. Elle courut, elle courut, elle courut.

    Pendant ce temps, le chat s'était mis à tisser. De la cour, Baba-Yaga demanda encore une fois :

    - Tu tisses, ma nièce ? Tu tisses, ma chérie ?

    - Je tisse, ma vieille tante, je tisse, - répondit le chat d'une grosse voix.

    Furieuse, Baba-Yaga se précipita dans la maison. Plus de petite fille !

    Elle rossa le chat et cria :

    - Pourquoi ne lui as-tu pas crevé les yeux, traître ?

    - Eh ! - dit le chat, - voilà longtemps que je suis à ton service, et tu ne m'as jamais donné le plus petit os, tandis qu'elle m'a donné du jambon !

    Baba-Yaga rossa les chiens.

    - Eh ! - dirent les chiens, - voilà longtemps que nous sommes à ton service, et nous as-tu seulement jeté une vieille croûte ? Tandis qu'elle nous a donné du pain tendre !

    Baba-Yaga secoua la barrière.

    -Eh ! - dit la barrière, - voilà longtemps que je suis à ton service et tu ne m'as jamais mis une seule goutte d'huile sur les gonds, tandis qu'elle m'en a versé une pleine burette !

    Baba-Yaga s'en prend au bouleau.

    - Eh ! - dit le bouleau, - voilà longtemps que je suis à ton service, et tu ne m'as jamais décoré d'un fil, tandis qu'elle m'a paré d'un beau ruban de soie !

    - Et moi, - dit la servante, - à qui pourtant on ne demandait rien, et moi, depuis le temps que je suis à ton service, je n'ai jamais reçu de toi ne serait-ce qu'une loque, tandis qu'elle m'a fait cadeau d'un joli fichu rouge !

    Baba-Yaga sauta dans un mortier, et jouant du pilon, effaçant ses traces avec son balai, elle s'élança à travers la campagne. La petite fille colle son oreille contre la terre : elle entend que Baba-Yaga approche. Alors elle jette la serviette, et voilà que la serviette se transforme en une large rivière !

    Baba-Yaga fut bien obligée de s'arrêter. Elle grince des dents, roule des yeux jaunes, court à sa maison, fait sortir ses trois boeufs et les amène ; et les boeufs boivent toute l'eau jusqu'à la dernière goutte ; et Baba-Yaga reprend sa poursuite. La petite fille est loin. Elle colle l'oreille contre la terre ; elle entend le pilon sur la route ; elle jette le peigne... Et voilà que le peigne se change en une forêt touffue ! Baba-Yaga essaie d'y entrer, de scier les arbres avec ses dents.. Impossible !

    La petite fille écoute : plus rien. Elle n'entend que le vent qui souffle entre les sapins verts et noirs de la forêt. Pourtant elle continua de courir très vite parce qu'il commençait à faire nuit, et elle pensait : "Mon papa doit me croire perdue".

    Le vieux paysan était revenu du marché. Il avait demandé à sa femme :

    - Où est la petite ?

    - Qui le sait ! - répondit la marâtre. Voilà trois heures que je l'ai envoyée faire une commission chez sa tante.

    Enfin, la petite fille, les joues plus roses que jamais d'avoir couru, arriva chez son père. Il lui demanda :

    - D'où viens-tu, ma petite ?

    - Ah ! - dit-elle, - petit père, ma mère m'a envoyée chez ma tante chercher une aiguille et du fil pour me coudre une chemise ; mais ma tante, figure-toi que c'est Baba-Yaga, la cruelle ogresse !

    Et elle raconta toute son histoire. Le vieil homme était en colère. Il prit son fusil de chasse et tua la marâtre.

    Depuis ce temps, la petite fille et son père vivent en paix. Je suis passé dans leur village ; ils m'ont invité à leur table, le repas était très bon et tout le monde était content.

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  • Autrefois, il existait un petit renne que l’on nommait Rudolf, ce n’était pas un renne comme les autres, car celui-ci avait un joli nez rouge. Mais ce petit renne était bien triste, car un jour il se retrouva orphelin à cause de la cruauté d’un chasseur. Peiné de son sort, le petit renne au nez rouge se réfugia un jour dans la forêt, il voulait se retrouver seul, car ces amis n’arrêtaient pas de se moquer de lui.

    Un soir, alors que Rudolf tremblait de froid, un ange se présenta à lui et lui demanda pourquoi il était seul dans une si grande forêt et pourquoi il pleurait toute les nuits. Hésitant au début, Rudolf finit par tout raconter à l’ange et il se rendit compte que ça lui faisait du bien. L’ange l’écouta sans jamais l’interrompre.

    Quand Rudolf eut fini de parler, l’ange lui dit qu’il pouvait l’aider et qu’il connaissait un homme bon qui saurait comment faire pour que le petit renne surmonte sa peine. Le petit renne au nez rouge se dit qu’il n’avait plus rien à faire ici et décida donc de suivre l’ange.

    Ils arrivèrent tous deux dans un petit village, il planait dans l’air une odeur de pain d’épices et de chocolat. Une personne pas haute comme trois pommes les salua et Rudolf sourit pour la première fois depuis bien longtemps.

    Ils arrivèrent devant une maison qui était décorée avec milles illuminations et un énorme sapin était posté à côté de cette maison. L’ange tapa trois fois à la porte et celle-ci s’ouvrit.

    Rudolf fut ébloui par la lumière qui se trouvait à l’intérieur, ils avancèrent et le petit renne vit un drôle de personnage, tout de rouge vêtu, les joues roses et rebondies, une barbe blanche bien fournie et un énorme ventre, c’était le Père Noël. L’ange lui raconta l’histoire de Rudolf et le Père Noël touché par celle-ci décida de prendre le petit renne sous son aile.

    Il commença par lui donner quelque chose à manger, car Rudolf mourrait de faim, puis il lui présenta d’autres rennes et le Père Noël dit à Rudolf : « Nous serons à présent ta nouvelle famille Rudolf ». Le petit renne était tellement heureux que son nez se mit à briller de la plus belle des lumières et le Père Noël lui demanda donc, s’il acceptait de faire parti de l’attelage du Père Noël, car son nez pourrait l’éclairer dans la nuit. Rudolf accepta et devint le renne du Père Noël.

    Depuis chaque soir à Noël, si on fait bien attention on peut voir dans le ciel une lumière scintiller.

    Source : https://www.ambiance-noel.fr

     

    Et pour les enfants, voici un petit Rudolf à colorier 

     

    Coloriage Rodolphe le renne au nez rouge - 100 pages à colorier

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  •  

    C’était le soir de Noël à Château Lambert, vers la source de l’Ognon. C’est par ces nuits d’hiver, quand le vent du sud, accompagné de neige, souffle en rafales dans les arbres qui couvrent les pentes du Ballon de Servance que Tribillery, le nain qui court dans les hautes branches des forêts, s’amuse à casser les cimes des sapins sur son passage. On entend ces craquements sourds dans l’obscurité, et c’est l’heure où le paysan d*e la montagne se terre dans son logis, à l’abri du froid, de la faim et des mystères de la nuit.

    C’est pourtant par ce mauvais temps que deux filles du hameau, chaussées de bottes en paille de seigle et couvertes d’une longue « guenonche »*,  descendirent à Servance pour assister à la messe de minuit.

    Lorsqu’elles furent sur le chemin du retour, le vent s’était calmé. La lune apparaissait dans le ciel, entre les nuages qui glissaient vers les sommets des Vosges. La montagne qu’on appelle la Planche des Belles Filles resplendissait de beauté sous cette lumière argentée. La neige était lourde sous les pieds, et le silence imposant rendait la vallée encore plus belle, lorsque les deux paysannes rencontrèrent trois jeunes femmes vêtues de longues tuniques blanches. C’étaient des fées, les trois Demoiselles qui habitent sur le sommet de la Planche des Belles Filles, qui leur doit son nom.  Comme toujours elles avaient un sourire bienveillant, et proposèrent aux deux voyageuses de leur offrir ce qu’elles demanderaient.

    -      Nous n’avons besoin de rien, dirent les jeunes filles, nous ne pensons qu’à rentrer chez nous, pour nous réchauffer devant le feu de la cheminée, et nous endormir ensuite.

    -      Hé bien, dirent les fées, prenez cette cime de sapin, c’est notre cadeau ; prenez-en soin, bonsoir et bonne nuit !

    Arrivées chez elles, les deux paysannes déposèrent la cime de sapin à côté de la cheminée, réanimèrent le feu, burent une tisane de fleurs de tilleul et de bourrache, et s’en allèrent dormir.

    A leur réveil, elles furent bien surprises de voir que le sapin avait grandi et se tenait bien droit, tandis que ses branches étaient couvertes de pommes rouges et de beignets de cerises.

    Le jour de Noël de l’année suivante, elles mirent ainsi un jeune sapin à côté de la cheminée, et le prodige se renouvela. C’est depuis ce temps-là qu’est née la coutume de l’arbre de Noël, coutume qui passa de l’autre côté du Ballon, dans les vallées du Rahin, de la Savoureuse et de Masevaux, pour se répandre dans toute l’Alsace.

     

                                                           Emile Raguin

                                                   Extrait de « La Vouivre et la Lauzine »

     

    *Guenonche : pèlerine faite d’une quantité de longes écorces d’osier prélevées au printemps, lors du blanchiment de chaque brin.

     

     

     

    Le sapin de Noël

     

     

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  • Un vieux et riche marchand mourait d'envie de savoir lequel, parmi ses trois domestiques, était le plus intelligent. 

    Rusé, il les convoqua pour leur confier à chacun la même tâche.

    - Mon entrepôt est vide et je veux le voir plein. Trouvez de quoi le bourrer et même davantage ! Hélas, ma bourse aussi est vide et pour mener ce travail à bien, vous n'aurez qu'une roupie chacun.

    Le premier prit l'argent et partit illico, prêt à acheter n'importe quoi de bon marché. Il passa devant un paysan occupé à creuser une profonde tranchée. 

    " Ah, se dit-il, la terre, ce n'est pas cher. Une roupie de terre, ça fait déjà un joli tas. Voilà la solution."

    Vite fait bien fait, il rapporta en ville un monticule de bonne terre bien fertile. En évaluant le chargement, le marchand dit : 

    - Très bien.... Mais regarde ton collègue qui paraît au loin. 

    Le deuxième domestique arriva avec une charrette chargée de paille. ça pesait moins lourd que la terre, mais c'était de plus belle taille. Devant l'ampleur de cette masse dorée, le marchand s'exclama avec un grand sourire : 

    - Ah ! voilà qui est malin ! 

    Ils s'assirent sur le seuil pour attendre le retour de la servante, la Numéro Trois. 

    Comment aurait-elle répondu à l'ordre de son maître ? 

     

    Elle apparut enfin. 

    - Alors, dit le marchand, qu'as-tu donc acheté ? N'as-tu rien à nous montrer ? 

     

    La servante demeura silencieuse mais tendit le bras. 

    - Quoi ? s'écria le marchand. Je ne comprends pas. 

    - Voilà une chandelle. Une toute petite chandelle. Et cette petite chandelle peut emplir un immense espace. Venez, ajouta-t-elle en entrant dans l'entrepôt. 

    Les autres la suivirent, debout dans le clair-obscur. La jeune fille alluma la chandelle. Une flamme se mit à briller haute et claire. 

    - Regardez, chuchota-t-elle, un pièce remplie de lumière. Une lumière que vos balances ne pourront mesurer, mais qui transforme les ténèbres en chatoiement doré; 

    - Ah ! s'écria le marchand. Tu as gagné. Moi qui ne pensais qu'à vous mettre à l'épreuve, ta lumière m'a ouvert les yeux. 

     

                                                    Extrait du livre " Le Conte de tous les contes"

                                                   De Tony Mitton 

     

    Ce livre de contes est une merveille. A raconter aux petits mais à savourer même grands. 

     

    Le singe, l'éléphant, l'araignée... un à un, les animaux de la jungle se rejoignent sur la piste de la vallée des Volcans.

    Là-bas va avoir lieu un événement extraordinaire : on va y raconter la plus grande histoire du monde, le Conte de tous les contes.

    Mais la route est longue et il faut bien passer le temps... Alors, que font les animaux ?

    Ils se racontent des histoires, bien sûr...

     

     

    Le conte de tous les contes - Livre - France Loisirs

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  •  

    Dans ce pays du Nord, on disait que, certaines nuits, les loups se rassemblaient pour prier.  Personne n’y croyait. On n’avait jamais rien vu de pareil. Il aurait pourtant suffi qu’un seul se souvienne.

    Sur la steppe glacée, des étrangers avaient établi leur campement.  Le feu clair sculptait dans la nuit leurs visages changeants. Cette nuit-là, Rudolf était parti seul dans la forêt. C’était plus fort que lui. Il a marché longtemps. Et puis soudain, tout près, il a entendu des hurlements. Il est monté à l’arbre le plus proche, a retiré sa ceinture et s’est attaché à une branche.  Des dizaines de loups s’étaient rejoints dans la clairière. L’un d’eux, immense, s’est lentement avancé et les bêtes ont ouvert un passage à leur chef.  Le cercle s’est refermé. Alors des entrailles du loup noir a jailli un hurlement profond, mouvant, infini. Un cri.  Puis deux, dix, cent. La clameur enflait, ployait, envahissait tout l’air.  Bientôt la forêt ne fut plus qu’un chant rouge feu.

    L’homme sur la branche a murmuré :

    « J’aimerais comprendre leur langage. »

    Une voix à son oreille :

    « Entends ! »

    Le vieux loup hurlait :

    « La flamme qui brûle sous la terre est passée dans les entrailles du loup. Nous sommes les derniers gardiens du feu vivant. Restons libres, mes frères ! »

    De nouveau le chœur sauvage des bête en prière.

    « Quand les hommes sont arrivés, nous étions les seigneurs des forêts, des lacs, des plaines. Nous avons nourri et protégé ceux qui ont la peau tendre et les griffes rondes jusqu’à ce qu’il puisse vivre seuls ! Maintenant qu’ils sont plus riches que nous, ils oublient. »

    Les hurlements formaient une voûte palpitante au-dessus de la clairière.

    « Aujourd’hui, ils nous accusent d’être des assassins, des voleurs, d’aimer la chair et le sang frais ! Nous sommes loups, aux dents acérées, aux griffes fortes. Que mangerons-nous ?

    -      De la chair fraîche ! hurla la meute.

    -      Nous connaissons l’ordre des forêts. Nous savons être contents. L’homme croit que tout est pour lui. Mais qui peut remplir son ventre ?

    -      Rien ni personne !

    -      Soyons de vrais loups. Pour vivre, il faut manger. Dévorons ce que Dieu met sur notre chemin ! »

    La forêt s’est assombrie. Alors la voix profonde du loup a prié ainsi :

    « Mon Dieu, ce n’est pas à nous de chercher ce qui est juste ou injuste ! »

    Et les autres :

    « Nous dévorons. Le monde meurt et renaît plus vivant à chaque instant ! »

     

    Un sortilège a endormi l’homme. Les paroles étranges ont pénétré son rêve. Quand il s’est réveillé, le ciel enflammait l’horizon, couronnant la prière des loups en extase. Le chant s’est apaisé. Des silhouettes furtives ont disparu entre les arbres. Plus loin, sur la steppe, il les a vus se mordiller, rouler dans la neige, s’emmêler joyeusement. Il a souri.

    Le soir, près du feu, l’homme a dit son histoire. Il a terminé sur ces mots :

    « Je vous raconte cela, Tsiganes, car je sais que, vous, vous vous souviendrez… »

     

    Extrait de  « Les loups » de Sylvie Folmer

     

    La prière des loups

     

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