• Chassées de leur territoire par l'avancée des hommes, certaines tribus de la faune elfique bretonne se sont réfugiées au plus profond des forêts. 

    Parmi ces tribus, la plus importante est celle des Kornikaned, appelée ainsi parce que dit-on : "Ils chantent dans de petites cornes qu'ils portent suspendues à leur ceinture."

    Mal connus, ils sont de très petite taille et se fondent habilement dans leur environnement naturel. Ils entretiennent des liens étroits avec les animaux sauvages dont ils peuvent prendre l'apparence à tout moment et dont ils sont les maîtres et les protecteurs.  Veillant jalousement sur leur domaine, ils épient, dissimulés sous la végétation, les intrus qui pénètrent dans la forêt. Dotés de puissants pouvoirs, ils peuvent, si ils sont furieux, déclencher le vent, la foudre et la pluie. C'est par ce subterfuge qu'ils éloignent les indésirables chasseurs, qui viennent traquer le gibier sur leur territoire. 

    On dit aussi que les Kornikaned ne peuvent s'éloigner trop longtemps de leurs forêts sous peine de voir leur pouvoir disparaître.

     

    Les Korrigans des bois

     

    Le jeune Guillaume est d'humeur chagrine, après des heures et des heures d'une quête infructueuse, son panier reste désespérément vide. 

    La bonne omelette, aux champignons sautés à souhait, n'est plus, hélas, parmi ses sombres pensées qu'un souvenir, s'effilochant au gré de ses pas 

    Il en a trouvé quelques-uns mais les petites bruines des derniers jours les ont rendus spongieux et mangés des vers. 

    Parti plein d'entrain de bon matin, il n'arrive pourtant pas à se décider à rebrousser chemin. D'un caractère plutôt tenace, il essaye encore d'imaginer l'aubaine des beaux pieds renflés, des chapeaux à la belle couleur brune qui comblerait ses espoirs et remplirait son panier. 

    Continuant sa marche, tout à ses noires pensées, Guillaume tombe soudain en arrêt, n'en croyant pas ses yeux. Devant lui,  à ses pieds dans un nid de feuilles mortes, joliment blotti entre les grosses racines d'un vénérable vieux châtaignier, un impressionnant tas de chanterelles s'offre à lui. 

    Il s'avance lentement, tendant l'oreille au moindre bruit de pas, mais seul le bruissement des feuilles répond au silence de la forêt. Joie et crainte mêlées, il s'agenouille et, sa décision prise, 'empresse de faire main basse sur le "trésor", en regardant toutefois par-dessus son épaule avec la désagréable impression d'être épié... 

    Il se relève enfin, le panier débordant de belles girolles. 

    "C'est étrange tout de même !" se dit-il, il a beau scruter les sous-bois environnants, toujours nulle âme qui vive. 

    On n'a jamais l'esprit serein quand on vient de commettre une action que l'on soupçonne d'être indélicate. Le vent à présent s'est levé et le doux bruissement s'est mué en mugissements furieux, conférant à la scène une aura d'étrangeté. Mal à l'aise, Guillaume lance des regards furtifs à la ronde. La sensation d'être observé ne le quitte pas. 

    Enfin, sa sérénité revient, avec de sentiment de bien-être que l'on éprouve dans les lieux que l'on aime. 

    Qu'a-t-il à craindre après tout, il les aime ces bois, ces grands arbres et ce vents aux senteurs marines qui vient jouer dans les frondaisons. 

    Il a à présent la conviction d'avoir fait ce qu'on attendait de lui, mais de ne pas avoir accompli toutefois sa part du marché. 

    Alors, plutôt que de partir comme un voleur emportant son larcin, il se tourne et regarde vers le coeur de la forêt et simplement, dans murmure, dit : "Merci".

    Le vent furieux s'apaisa alors en une étrange mélopée. 

     

                                                                      Extrait de 

    Les Korrigans et autres "Bugale an Noz"

    aux Editions "Avis de tempête". 

     

    Les Korrigans des bois

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  • En l'an 910, vivait près d'un lieu nommé Aven (à proximité de Remiremont 88) une vierge respectée dans toute la contrée pour sa piété, sa douceur et sa bonté. Elle habitait une modeste cabane située sur le Saint-Mont à la lisière de le forêt du Fossard, tout au bord de la source vénérée d'un ruisseau très clair. La pieuse fille se nourrissait de racines et du pain que de charitables bûcherons lui apportaient parfois. Elle semblait être la fée protectrice de ce joli coin de montagne dont les habitants vivaient dans le plus grand calme. 

     

    Or, au début de l'hiver, alors que le givre blanchissait chaque matin les toits des chaumières, une nouvelle affreuse, colportée par les montagnards du versant rhénan sema l'épouvante dans la région. 

    Une invasion de Huns, venue de Tartarie, se dirigeait vers la Gaule après avoir traversé le Rhin et dévastait, pillait, brûlait tout sur son passage. 

    De nombreux habitants, épouvantés par la terrible réputation des envahisseurs, abandonnaient leurs biens pour se sauver dans les forêts malgré le froid, mais d'autres, plus courageux, s'armaient à la hâte, et juraient de défendre leur patrimoine jusqu'à la mort... 

    Mal leur en prit, car ils furent aussitôt submergés par des hordes innombrables de petits hommes farouches, perfides, d'une laideur repoussante avec leurs nez écrasés, leurs yeux taillés en amande, leurs barbes et leurs cheveux hirsutes.  Ces démons étaient montés sur des chevaux de la taille d'un cerf, juchés sur des peaux e léopards et armés jusqu'aux dents de lances, flèches empoisonnées et glaives recourbés. 

    Ils détruisirent les défenseurs jusqu'au dernier, puis exaspérés par une résistance qui leur avait coûté la vie de plusieurs de leurs compagnons, incendièrent les maisons, et massacrèrent femmes et enfants. Ils se répandirent ensuite dans la forêt à la recherche de quelques guerriers qui s'y étaient enfuis et qu'ils avaient promis de sacrifier à leurs idoles. 

     

    Or, il advient qu'un soir, une dizaine de ces hommes arrivèrent à la source du Saint-Mont. Près de l'eau, Sabine, agenouillée, implorait tout en larmes, la protection du ciel pour ses malheureux compatriotes. Les traits de la jeune fille, qui ne paraissait pas s'être aperçue de la présence des soldats, étaient si purs, l'expression de son regard était si adoucie par la prière, que la troupe, étonnée par ce courage simple, s'arrêta, prise de respect et d'admiration... le calme fut un instant si grand que l'on n'entendit plus que le murmure léger de la source... Mais soudain, le chef des Barbares, se mit à rire formidablement et raillant grossièrement ses acolytes de leur pitié méprisable, leur ordonna de frapper l'enfant.  Tous refusèrent de lui obéir. Plein de rage, il se porta seul en avant, saisit par sa natte blonde la jeune fille, qui toujours priait et lui trancha le col d'un seul coup de cimeterre. La tête de la vierge, les yeux clos, s'en vint rouler près de la source.... un mince filet de sang teinta de rose l'onde transparente qui s'en fût, entraînée par le courant, sanctifier à jamais les bords de la vallée. 

    Le chef ne reparut jamais à la horde... ses soldats, révoltés après l'avoir tué à coups de lance, avaient abandonné son corps dans la forêt où il avait été déchiré par les loups et les renards de la montagne. 

     

    Tant il est vrai que la pureté sereine et courageuse jusqu'au sacrifice en a toujours imposé à la brutalité qui, par ses excès inévitables, finit toujours par indigner les barbares eux-mêmes.

                                                                         Edmond-Louis DOSSE 

                                                                         Légendes vosgiennes  

     

     

    source Sainte Sabine

    Source photo : https://www.tourisme-remiremont-plombieres.com/d

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  • Un jour, la chasse de l'Empereur aboutit au bord d'un lac nommé Longemer (1). Séduit par la beauté du site et désireux de donner quelque repos à ses gens et à ses chiens, Charlemagne résolut de pêcher. Le lac était fort poissonneux, et bientôt seigneurs et valets rivalisant d'adresse eurent entassé sur le rivage : perches, truites et brochets. 

    Mais, tout-à-coup, la ligne impériale fut tirée de formidable façon. Deux valets se pendirent après elle pour qu'elle ne fût pas entraînée au fond du lac. Après des efforts considérables et mille précautions, pour ne pas casser l'engin, les deux manants amenèrent sur l'herbe de la rive, au milieu du cercle qui s'était formé, un brochet de si grosse taille, que de mémoire d'homme, nul ne se souvenait d'avoir ouï parler d'un pareil monstre. Il était de la grosseur et du poids d'un enfant de six ans, et tous de s'extasier sur le prodige. 

    Les serfs craignant de voir le poisson, qui faisait des bonds énormes, retomber à l'eau, se disposaient à l'assommer à coup de bois d'épieu, quand l'Empereur les arrêta d'un geste...

    l détacha du col de son lévrier favori, qui le suivait toujours en chasse comme en guerre, un collier muni d'un clochette d'or forgée à Aix-la-Chapelle. Puis faisant tenir solidement le brochet, il lui fixa de les mains le précieux objet sous les branchies.

    Le monstre fut ensuite rejeté dans le lac, et disparut aussitôt au sein des eaux, laissant à la surface un remou qui s'en vint mourir lentement le long du bord. 

    Depuis cette pêche légendaire, il n'est pas rare d'entendre un léger carillon sortir des profondeurs du lac, au moment où le Honeck se perd dans l'ombre sur le déclin du jour c'est l'heure où le fidèle gardien de la clochette impériale se glisse pour la nuit, dans les roseaux. 

     

    1. Lac situé au Sud-Est de Gérardmer

     

    Brochet

     

    Voyageurs curieux -- si elle est solide -- jetez votre ligne dans les eaux de Longemer et peut-être aurez-vous la même chance que Charlemagne mais, que vous retiriez le brochet, ou que souriant de la légende, vous ne tentiez par l'expérience, soyez aussi généreux que le grand Empereur... Laissez la clochette d'or tinter le soir dans les roseaux songeant qu'un lac est, comme un cœur, embelli par une croyance. 

     

                                                        Edmond-Louis Dosse 

                                               extrait de "Légendes Vosgiennes" 

     

    Lac de longemer : 439 images, photos et images vectorielles de stock |  Shutterstock

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  • La neige tombait sur la ville sans faire de bruit. Le petit chat marchait dans la neige sans faire de bruit. Les flocons saupoudraient de blanc ses poils roux.
    La rue était déserte.
    C'était la nuit de Noël.
    Bientôt les douze coups de minuit allaient sonner pour la plus belle nuit de l'année.
    Mais le petit chat ne le savait pas. Il n'avait que trois mois et avait encore beaucoup de choses à apprendre. Surtout cette nuit où il faisait si froid… et qu'il ne savait pas où se nicher pour dormir. Il était seul pour se débrouiller, si seul et si ignorant des astuces. Ce n'est pas comme ce gros matou gris de tout à l'heure qui l'avait chassé du coin chaud où il s'était blotti. Il en savait des choses, lui, mais alors quel sale égoïste ! Croyez-vous qu'il aurait partagé ce qu'il était en train de manger ?
    " Va pleurnicher ailleurs" lui avait-il dit.
    Aussi, le petit chat marchait seul dans la rue. Il avait faim, il avait froid. Et il regardait les fenêtres éclairées derrière lesquelles il devait faire bon vivre.
    Entendit-il sonner les douze coups de minuit ? Ca n'est pas sûr, mais par contre, il entendit parfaitement quelque chose passer au-dessus de lui, comme le vol d'un gros oiseau. Il s'aplatit au sol de frayeur ; quand il osa relever le museau, un drôle d'engin venait de se poser sur la maison d'en face.
    Il n'avait jamais rien vu de pareil !
    Et maintenant voilà qu'un gros bonhomme tout en rouge en sortait avec un sac sur le dos.
    Et devant le drôle d'engin, deux grands rennes se mettaient à parler au bonhomme tout en rouge :
    - Fais attention Père Noël, disait l'un, la cheminée n'a pas l'air bien solide !
    - Te mélanges pas dans ta liste, disait l'autre, ici c'est des rollers et une panoplie de "Mulan".
    - Mais oui, mais oui… Vous n'allez pas commencer à me surveiller quand même ! Vous savez bien que je ne me trompe jamais.
    D'en bas, le petit chat ne pouvait pas voir si ce bonhomme avait une barbe blanche. Il lui trouva quand même une ressemblance avec le bonhomme en manteau rouge des images qu'il voyait partout dans la ville depuis quelques jours.
    Mais que faisait-il donc là-haut ?
    Pour en avoir le cœur net, il décida d'aller voir ça de plus près.
    … Oui, mais comment faire pour monter ? En passant par les escaliers ? C'est que le petit chat gardait le souvenir cuisant des méchants coups de pied qu'on lui donnait quand il voulait rentrer dans une maison.
    Il fit donc le tour de l'immeuble, et finit par trouver un endroit pour grimper jusqu'au au premier étage. Ce ne fut pas très difficile.
    Restaient deux autres étages… et avec des pattes gelées, c'était pas évident !
    Il lui fallut sept essais avant d'arriver en haut. Sept essais dont quatre moments d'équilibres acrobatiques, trois griffes arrachées, et un rétablissement miraculeux.
    Mais ça y était, il était sur le toit, il allait savoir.
    L'engin était toujours là. Les rennes bavardaient entre eux de choses que le petit chat tout essoufflé ne comprenait pas… Il était question d'une liste avec des noms de garçons et de filles, d'horaire à suivre, d'adresses, etc.
    Le petit chat se dirigea sans bruit vers l'engin.
    C'était plein de sacs dedans. Et plein de paquets aussi. Des gros, des très gros même, des plus petits, des minuscules. Tous avaient des couleurs joyeuses et scintillantes qui lui donnèrent envie de jouer avec. Il sauta hardiment dessus. Malheur ! Une petite musique se déclencha sous ses pattes. Le cœur battant, il s'enfuit au fond du traîneau où il trouva un sac à demi-ouvert pour se cacher.
    C'était tout sombre dedans, mais il y faisait chaud et doux. Le petit chat sentit des poils contre lui. Il renifla pour comprendre si c'était un autre chat ou un des ces monstres de chien, mais comme ça ne sentait ni l'un ni l'autre et que ça ne bougeait pas, il se blottit tout contre, rassuré. Puis il attendit.
    Dehors un renne parla :
    - Ca doit être un appareil de musique qui s'est encore déclenché tout seul !
    Puis la voix du vieux bonhomme à l'habit rouge retentit, sonore et joyeuse :
    - Allons-y mes amis, au suivant de la liste !
    Le petit chat sentit tout bouger autour de lui. Il eut la sensation de s'envoler puis quelques instants après, un coup de frein suivi d'un choc le déséquilibra. Son cœur tapait fort. Dehors, le vieux bonhomme riait :
    - Ah ! Ah ! Ah ! Cette fois, la cheminée est large, je vais pouvoir descendre à l'aise !
    Le petit chat commençait à sortir le museau dehors quand tout bascula brusquement. Secoué de droite et de gauche, il roula dans le sac, parmi les paquets qui l'écrasaient.
    Une grande descente dans le vide lui remonta l'estomac dans le gosier… il miaula fort. Une main l'attrapa par la peau du cou. Un grand rire résonna à ses oreilles.
    - Mais qu'est-ce que je vois là ! Mais croyez-vous, ça !... Un passager clandestin!
    Le bonhomme en habit rouge le tenait en l'air, en riant très fort. Ses yeux riaient autant que sa bouche.
    - Tu as donc voulu savoir comment je m'y prend pour faire ma tournée ?
    Mais le petit chat était effrayé. Et il avait si faim et si froid qu'il miaulait à s'en étrangler et qu'il tremblait à en claquer des dents.
    - Dis-moi, dis-moi, tu n'as pas l'air si courageux que ça pour un petit curieux ! Il suffit qu'on te découvre pour que tu appelles maman au secours ? Allons, voyons je suis le Père Noël, tu n'as rien à craindre de moi. Bien sûr, je devrais te punir de m'avoir suivi, alors que personne ne doit accompagner le Père Noël pendant sa tournée, mais comme tu viens de me donner une très bonne idée, je ne dirai rien et je vais même te garder un petit moment avec moi.
    Et le Père Noël le mit dans la grande poche de son manteau.
    C'était doux à l'intérieur, et c'était chaud. Le petit chat s'y trouva bien de suite.
    Il ne savait pas encore qu'il allait vivre ce qui sera la nuit la plus extraordinaire de son existence. Ah, si seulement il n'avait pas cette faim atroce au ventre !
    Il se redressa pour sortir le nez et pousser un petit miaulement de détresse… Peut-être que ce gentil bonhomme comprendra son problème…
    - Veux-tu bien te taire, tu risques de réveiller les enfants ! Si tu veux m'accompagner, il faut rester silencieux. Aussi silencieux que la neige qui tombe.
    Le bonhomme était en train de déposer des paquets auprès de deux paires de chaussons, tout petits, si petits qu'ils disparaissaient sous les paquets.
    - Tu vois, ici c'est pour Mélanie ; elle a commandé un poney en peluche et une piscine magique. Là c'est pour Eric, il a demandé un "établi de moulage" et une "batmobile". Et regarde comme ils sont gentils tous les deux, ils ont laissé une tasse de lait et des biscuits pour moi. Ils savent que je suis un peu gourmand, tu comprends, et puis ça me redonne des forces… Hé ! Mais qu'est-ce que tu fais ?
    Le petit chat s'était jeté sur le lait et qu'il le lapait en s'étranglant tellement il allait vite.

    De retour au traîneau, le Père Noël s'approcha des rennes avec un air mystérieux.
    - Regardez qui va passer la nuit avec nous !
    Il sortit de sa poche une petit boule de poils ébouriffés et aux babines barbouillées de lait.
    - Il avait si faim, le pauvre chaton, que j'ai partagé mon goûter avec lui… enfin, disons qu'il m'en a laissé quelques gouttes ! Allez les rennes, aux suivants.
    Le petit chat garda les yeux écarquillés toute la nuit. Jamais il n'avait vu autant de belles choses, jamais il n'avait vu autant de couleurs scintillantes, jamais il n'avait vu autant de jouets, et jamais il n'avait crû que quelqu'un pouvait avoir autant de joie à déposer dans les maisons toutes ces merveilles.
    A la fin de sa tournée, le Père Noël rentra dans une demeure où brillait une lampe de chevet dans une chambre. Des pantoufles de grand-mère attendaient près du lit.
    - Tu vois, ici habite une gentille mamy qui m'a écrit pour me demander un cadeau. Elle voudrait quelque chose qui puisse la distraire pendant ses longs jours solitaires, et qui en même temps attirerait ses petits enfants pour qu'elle les voit plus souvent. Alors j'ai pensé à toi. Tu seras heureux ici, regarde comme tout est accueillant. Tu seras bien au chaud et je suis sûr que tu te régaleras… les grand-mères savent si bien faire la cuisine ! Mais chut… ne dis à personne que tu m'a accompagné cette nuit.
    Il déposa doucement le petit chat dans une pantoufle, lui fit un gros bisou, et attendit qu'il s'endormit, le museau niché dans les pattes, le cœur à jamais étoilé de cette merveilleuse nuit de Noël.

                                                                              Michèle Joubert

    Source : 

    https://www.pomverte.com/fetes/noel/lectures#contes

     

    Le père Noël et le petit chat

     

     

     

     

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  • Ce conte pour un proche et jeune ami, Matt, quelques souvenirs drôles de Baba Yaga. On avait quand même bien ri avec cette vieille sorcière. 

     

    Baba Yaga est une sorcière du folklore slave qui vit dans une hutte magique dans la forêt et aide, emprisonne ou mange ceux qu'elle rencontre. Elle fait partie des personnages les plus célèbres des contes slaves.

     

    Baba Yaga – Boszorkány az istenek felett? – Prológus – Egy jó könyvhöz.

     

    Dans la maisonnette d'un village vivait une petite fille qui n'avait plus de maman. Son père, qui était déjà assez vieux, se remaria; mais il ne sut pas bien choisir. Sa nouvelle femme n'était pas une vraie maman, c'était une marâtre. Elle détestait la petite fille et la traitait mal. "Comment faire pour m'en débarrasser ?" - songeait la marâtre.

    Un jour que son mari s'était rendu au marché vendre du blé, elle dit à la petite fille :

    - Va chez ma soeur, ta gentille tante et demande-lui une aiguille et du fil pour te coudre une chemise.

    La petite fille mit son joli fichu rouge et partit. En route, comme elle était maligne, elle se dit : "J'ai une gentille tante, c'est vrai, mais qui n'est pas la soeur de ma marâtre : c'est la soeur de ma vraie maman. J'irai d'abord lui demander conseil."

    Sa tante la reçut avec beaucoup de plaisir.

    - Tante, dit la petite fille, la femme de mon papa m'a envoyée chez sa soeur lui demander une aiguille et du fil pour me coudre une chemise. Mais d'abord, je suis venue te demander, à toi, un bon conseil.

    - Tu as eu raison. La soeur de ta marâtre n'est autre que Baba-Yaga, la cruelle ogresse ! Mais écoute-moi : il y a chez Baba-Yaga un bouleau qui voudra te fouetter les yeux, noue-le d'un ruban. Tu verras une grosse barrière qui grince et qui voudra se refermer toute seule, mets-lui de l'huile sur les gonds. Des chiens voudront te dévorer, jette-leur du pain. Enfin, tu verras un chat qui te crèverait les yeux, donne-lui un bout de jambon.

    - Merci bien, ma tante, répondit la petite fille.

    Elle marcha longtemps puis arriva enfin à la maison de Baba-Yaga. Baba-Yaga était en train de tisser.

    - Bonjour, ma tante.

    - Bonjour, ma nièce.

    - Ma mère m'envoie te demander une aiguille et du fil pour qu'elle me couse une chemise.

    - Bon, je m'en vais te chercher une aiguille bien droite et du fil bien blanc. En attendant assieds-toi à ma place et tisse.

    La petite fille se mit au métier. Elle était bien contente. Soudain, elle entendit Baba-Yaga dire à sa servante dans la cour :

    - Chauffe le bain et lave ma nièce soigneusement. Je veux la manger au dîner.

    La petite fille trembla de peur. Elle vit la servante entrer et apporter des bûches et des fagots et de pleins seaux d'eau. Alors elle fit un grand effort pour prendre une voix aimable et gaie et elle dit à la servante :

    - Eh ! ma bonne, fends moins de bois et pour apporter l'eau, sers-toi plutôt d'une passoire !

    Et elle donna son fichu à la servante.

    La petite fille regardait autour d'elle de tous les côtés. Le feu commençait à flamber dans la cheminée. Il avait beau être un feu d'ogresse, sa flamme était vive et claire. Et l'eau commençait à chanter dans le chaudron ; et bien que ce fût une eau d'ogresse, elle chantait une jolie chanson. Mais Baba-Yaga s'impatientait. De la cour, elle demanda :

    - Tu tisses, ma nièce ? Tu tisses, ma chérie ?

    - Je tisse, ma tante, je tisse.

     
    Sans faire de bruit, la petite fille se lève, va à la porte... Mais le chat est là, maigre, noir et effrayant ! De ses yeux verts il regarde les yeux bleus de la petite fille. Et déjà il sort ses griffes pour les lui crever.

    Mais elle lui donne un morceau de jambon cru et lui demande doucement :

     
    - Dis-moi, je t'en prie, comment je peux échapper à Baba-Yaga ?

     
    Le chat mange d'abord tout le morceau de jambon, puis il lisse ses moustaches et répond :

    - Prends ce peigne et cette serviette, et sauve-toi. Baba-Yaga va te poursuivre en courant. Colle l'oreille contre la terre. Si tu l'entends approcher, jette la serviette, et tu verras ! Si elle te poursuit toujours, colle encore l'oreille contre la terre, et quand tu l'entendras sur la route, jette le peigne et tu verras !

    La petite fille remercia le chat, prit la serviette et le peigne et s'enfuit. Mais à peine hors de la maison, elle vit deux chiens encore plus maigres que le chat, tout prêts à la dévorer. Elle leur jeta du pain tendre et ils ne lui firent aucun mal.

    Ensuite, c'est la grosse barrière qui grinça et qui voulut se refermer pour l'empêcher de sortir de l'enclos ; mais la petite maligne lui versa toute une burette d'huile sur les gonds et la barrière s'ouvrit largement pour la laisser passer. Sur le chemin, le bouleau siffla et s'agita pour lui fouetter les yeux ; mais elle le noua d'un ruban rouge ; et voilà que le bouleau la salua et lui montra le chemin. Elle courut, elle courut, elle courut.

    Pendant ce temps, le chat s'était mis à tisser. De la cour, Baba-Yaga demanda encore une fois :

    - Tu tisses, ma nièce ? Tu tisses, ma chérie ?

    - Je tisse, ma vieille tante, je tisse, - répondit le chat d'une grosse voix.

    Furieuse, Baba-Yaga se précipita dans la maison. Plus de petite fille !

    Elle rossa le chat et cria :

    - Pourquoi ne lui as-tu pas crevé les yeux, traître ?

    - Eh ! - dit le chat, - voilà longtemps que je suis à ton service, et tu ne m'as jamais donné le plus petit os, tandis qu'elle m'a donné du jambon !

    Baba-Yaga rossa les chiens.

    - Eh ! - dirent les chiens, - voilà longtemps que nous sommes à ton service, et nous as-tu seulement jeté une vieille croûte ? Tandis qu'elle nous a donné du pain tendre !

    Baba-Yaga secoua la barrière.

    -Eh ! - dit la barrière, - voilà longtemps que je suis à ton service et tu ne m'as jamais mis une seule goutte d'huile sur les gonds, tandis qu'elle m'en a versé une pleine burette !

    Baba-Yaga s'en prend au bouleau.

    - Eh ! - dit le bouleau, - voilà longtemps que je suis à ton service, et tu ne m'as jamais décoré d'un fil, tandis qu'elle m'a paré d'un beau ruban de soie !

    - Et moi, - dit la servante, - à qui pourtant on ne demandait rien, et moi, depuis le temps que je suis à ton service, je n'ai jamais reçu de toi ne serait-ce qu'une loque, tandis qu'elle m'a fait cadeau d'un joli fichu rouge !

    Baba-Yaga sauta dans un mortier, et jouant du pilon, effaçant ses traces avec son balai, elle s'élança à travers la campagne. La petite fille colle son oreille contre la terre : elle entend que Baba-Yaga approche. Alors elle jette la serviette, et voilà que la serviette se transforme en une large rivière !

    Baba-Yaga fut bien obligée de s'arrêter. Elle grince des dents, roule des yeux jaunes, court à sa maison, fait sortir ses trois boeufs et les amène ; et les boeufs boivent toute l'eau jusqu'à la dernière goutte ; et Baba-Yaga reprend sa poursuite. La petite fille est loin. Elle colle l'oreille contre la terre ; elle entend le pilon sur la route ; elle jette le peigne... Et voilà que le peigne se change en une forêt touffue ! Baba-Yaga essaie d'y entrer, de scier les arbres avec ses dents.. Impossible !

    La petite fille écoute : plus rien. Elle n'entend que le vent qui souffle entre les sapins verts et noirs de la forêt. Pourtant elle continua de courir très vite parce qu'il commençait à faire nuit, et elle pensait : "Mon papa doit me croire perdue".

    Le vieux paysan était revenu du marché. Il avait demandé à sa femme :

    - Où est la petite ?

    - Qui le sait ! - répondit la marâtre. Voilà trois heures que je l'ai envoyée faire une commission chez sa tante.

    Enfin, la petite fille, les joues plus roses que jamais d'avoir couru, arriva chez son père. Il lui demanda :

    - D'où viens-tu, ma petite ?

    - Ah ! - dit-elle, - petit père, ma mère m'a envoyée chez ma tante chercher une aiguille et du fil pour me coudre une chemise ; mais ma tante, figure-toi que c'est Baba-Yaga, la cruelle ogresse !

    Et elle raconta toute son histoire. Le vieil homme était en colère. Il prit son fusil de chasse et tua la marâtre.

    Depuis ce temps, la petite fille et son père vivent en paix. Je suis passé dans leur village ; ils m'ont invité à leur table, le repas était très bon et tout le monde était content.

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