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    En effet, un jour dans la foule venue l’écouter, se trouvait un homme que la sainteté de Bouddha exaspérait.

    Il hurle des insultes à Bouddha, puis s’en va, fulminant de colère. Longeant les rizières du village, sa colère s’apaise, et petit à petit, un profond sentiment de honte l’envahit.

    Comment a-t-il pu se comporter ainsi ? Il décide de revenir au village et de demander pardon à Bouddha.

    Arrivant devant ce dernier, il se prosterne et demande pardon pour la violence de ses propos. Bouddha, débordant de compassion, le relève, lui expliquant qu’il n’a rien à pardonner.

    Etonné, l’homme rappelle les injures proférées.

    – « Que faites-vous si quelqu’un vous tend un objet dont vous n’avez pas usage, ou que vous ne voulez pas ? » demande Bouddha.

    – « Et bien, je ne le prends simplement pas » remarqua l’homme.

    – « Que fait alors le donateur ? » s’enquiert Bouddha.

    – « Ma foi, il garde son objet » répond l’homme.

    – « C’est sans doute pourquoi vous semblez souffrir des injures et des grossièretés que vous avez proférées. Quant à moi, rassurez-vous, je n’ai pas été accablé. Cette violence que vous donniez, il n’y avait personne pour la prendre » répondit le sage.

     

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    Source : http://www.psychotherapeutes.net/livres-et-textes/article-du-mois/archives-articles-du-mois/

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    Voilà un conte chinois qui illustre bien notre bon vieux proverbe : « Tel est pris qui croyait prendre ». En effet aucune mauvaise action ne reste impunie. Tôt ou tard des comptes seront à rendre. Gardons bien cela en mémoire et voyons les mésaventures d’un pauvre arhat.

     

       Autrefois dans le royaume de Ki-pin, vivait l’arhat (saint homme) Li-yue, qui se tenait assis en contemplation dans la montagne. Or un homme qui avait perdu son bœuf et qui le recherchait en suivant ses traces, vint à passer par l'endroit où se trouvait l'arhat. En ce moment, Li-yue faisait bouillir des herbes pour teindre son vêtement. Or le vêtement se transforma de lui-même en une peau de bœuf ; la teinture se changea en sang ; les plantes tinctoriales que l’arhat faisait cuire devinrent la chair du bœuf ; le bol que Li-yue tenait dans ses mains devint la tête du bœuf. Quand le propriétaire du bœuf vit cela, il se saisit aussitôt de l’arhat Li-yue, le chargea de liens et l’amena au roi. Le roi le jeta en prison. Pendant douze années, Li-yue fut constamment valet de prison ; il donnait à manger aux chevaux et enlevait leur crottin.

    Or, il y avait cinq cents disciples de Li-yue qui avaient obtenu la dignité d’arhat. Ils avaient cherché à voir où était leur maître sans parvenir à le savoir. Quand les causes produites par des actes antérieurs furent près de prendre fin, il y eut un de ces disciples qui vit que son maître se trouvait dans la prison du royaume de Ki-pin. Il vint donc dire au roi :

    — Notre maître Li-yue est dans la prison du roi ; je désire que vous lui rendiez justice.

    Le roi envoya un émissaire dans la prison pour y faire une enquête. Quand l’envoyé royal fut arrivé dans la prison, il vit seulement un homme qui avait l’air affaibli par le chagrin et qui avait une barbe et une chevelure extrêmement longues ; cet homme était valet de prison ; il donnait à manger aux chevaux et enlevait leur crottin. L’émissaire revint dire au roi :

    — Dans la prison, il n’y a aucun religieux  ; seul s’y trouve un valet de prison.

    Le disciple de Li-yue insista auprès du roi, disant :

    — Je désire simplement, ô roi, que vous donniez un ordre aux termes duquel seront autorisés à sortir de la prison tous les bhiksus (moines) qui s’y trouvent.

    Le roi rendit alors cette ordonnance :

    — Tous les religieux sont autorisés à sortir de la prison.

    Aussitôt, dans la prison même, la barbe et les cheveux du vénérable Li-yue tombèrent spontanément, un kasâya (vêtement monastique) revêtit son corps ; lui-même bondit dans les airs où il accomplit dix-huit transformations surnaturelles. A cette vue, le roi s’écria que jamais il n’avait rien vu de tel et il se prosterna à terre des cinq parties de son corps ; puis il dit au vénérable :

    — Je désire que vous receviez la confession de mes péchés.

    Aussitôt Li-yue redescendit et reçut sa confession ; le roi lui demanda alors :

    — Pour quelle cause, produite par un acte d’une existence antérieure, vous êtes-vous trouvé dans la prison et avez-vous enduré des peines pendant plusieurs années ?

    Le vénérable répondit :

    — Dans une existence antérieure, j’avais moi aussi perdu mon bœuf ; je le recherchai en suivant sa trace et je vins à traverser une montagne ; je vis un Pratyeka Buddha (ou bouddha solitaire : celui qui atteint seul l’Eveil) qui était assis en contemplation dans un endroit solitaire ; je me mis à l’accuser faussement pendant tout un jour et toute une nuit. Pour cette cause, je tombai dans les trois voies mauvaises où j’endurai des tourments sans nombre ; ce qui me restait de malheurs à souffrir n’était pas entièrement terminé, et c’est pourquoi, même après que j’eus obtenu la dignité d’arhat, je fus en butte à une accusation calomnieuse.

     

    Cinq cents contes et apologues extraits du Tripitaka chinois

    Traduits par Edouard Chavannes

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  • Dans ce pays-là, que je connais bien pour l'avoir visité, tous les enfants naissaient avec une graine d'amour, qui ne pouvait germer que dans leur cœur.

    Ce qu'il faut savoir, c'est que cette graine avait une particularité… très originale, en ce sens qu'elle était constituée de deux moitiés de graines.

    Une moitié de graine d'amour pour soi et une moitié de graine d'amour pour autrui.

    Vous allez tout de suite me dire : “Ce n'est pas juste, c'est disproportionné, ça ne peut pas marcher ! Une moitié pour un, d'accord, car il faut s'aimer.

    Mais une seule moitié de graine d'amour pour autrui, pour tous les autres, ah non alors ! Cela va bien au début de la vie, quand un enfant n'a pas beaucoup de personnes à aimer, seulement sa mère, son père, un ou deux grands-parents…

    Mais plus tard, vous y pensez, plus tard, quand devenu adulte chacun est susceptible d'aimer beaucoup de personnes, cela est déséquilibré.

    Une seule moitié de graine d'amour à partager entre tant d'amours… Cela est invivable !”.

    Oui, vous me diriez tout cela avec passion, mais c'était ainsi dans ce pays !

    Et d'ailleurs, ceux qui savaient laisser germer et laisser fleurir chacune de leurs moitiés de graine d'amour, avec intensité, avec passion, avec enthousiasme et respect, ceux-là découvraient plus tard qu'ils pouvaient à la fois s'aimer et aimer, aimer et être aimés.

    Ceux qui ne développaient qu'une moitié de graine, soit en s'aimant trop, soit en n'aimant que les autres, soit encore en n'aimant qu'une seule personne au monde, ceux-là avaient des mi- graines qui durcissaient, qui durcissaient tellement leur cœur… que parfois leur tête éclatait de douleur.

    Ah ! Vivre seulement avec une mi- graine d'amour, cela doit être terrible !

    D'autant plus qu'il n'y a aucun remède à ces migraines et qu'elles sont susceptibles de durer des années.

    Ainsi se termine le conte des maux de tête qui sont surtout des maux de cœur…

     

    Jacques Salomé (contes à grandir, contes à guérir).

     

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  • Des-enfants-et-des-animaux-par-Elena-Karneeva-10

     

    Madame Ours ferme les rideaux dans la caverne de la famille Ours. Dehors il fait froid et sombre.

    « C’est l’hiver maintenant, Petit Ours », dit-elle. « C’est le moment d’aller nous coucher. »

    « Mais je ne suis pas fatigué », répond Petit Ours. « Je ne veux pas aller dormir. »

    « Allez viens, Petit Ours, il est l’heure d’aller au lit », dit Mme Ours.

    Elle donne à Petit Ours une bouillotte d’eau chaude et le borde dans son lit.

    « Mais je veux aller jouer dehors », dit Petit Ours.

    « Tous les ours dorment pendant l’hiver », dit Mme Ours. « Nous nous réveillerons au printemps quand il fera de nouveau beau et chaud. Et alors, tu pourras aller jouer. »

    Mme Ours éteint la lumière, elle rentre dans son lit, et bientôt M. Ours et elle sont profondément endormis.

    Petit Ours est toujours bien éveillé. Il grimpe hors de son lit et regarde dehors par la fenêtre. La lune brille sur la gelée blanche. On dirait du sucre sur les arbres. Soudain  Petit Ours voit de grands flocons de neige blancs tomber du ciel. Ils recouvrent l’herbe et les arbres. Petit Ours se frotte les yeux. Il n’a jamais vu de neige avant.

    « J’espère que ce sera toujours là demain matin », dit-il.

    Le jour suivant, M. et Mme Ours sont toujours endormis. Ils ne se réveilleront pas avant la sonnerie du réveil au printemps. Petit Ours saute de son lit et court à la fenêtre. La neige est encore là ! Petit Ours ouvre la porte et sort dehors.

    « La neige est très froide et mouillée », dit Petit Ours.

    Il fait de grandes empreintes de pas dans la neige.

    Puis Petit Ours aperçoit Romarin le Lapin et Querousse l’Écureuil. Ils font des boules de neige. Romarin lance une boule de neige sur Querousse. Touché ! Elle frappe Querousse sur le nez. Querousse lance une boule de neige sur Romarin. Touché ! Elle frappe Romarin sur le nez. Ils rient beaucoup !

    « Viens jouer avec nous, Petit Ours », disent-ils.

    Petit Ours fait une boule de neige et la lance haut en l’air.

    « C’est très amusant », dit Petit Ours. Plof ! Sa boule de neige lui retombe sur la tête.

    « La neige est très froide et mouillée », dit Petit Ours, « mais j’aime ça ! »

    Ils jouent tous ensemble dans la neige. Nousti la Souris les rejoint. Fridou le Hibou est venu de son nid en volant.

    « Feufollet le Lièvre fait des glissades sur la colline », dit-il. « Venez, allons jouer avec lui. »

    Ils suivent tous Fridou jusqu’à la glissade de Feufollet. Lui et ses amis descendent du haut de la colline en glissant.

    « Je veux essayer », dit Romarin le Lapin, et il descend la piste en glissant sur ses grandes pattes.

    « Je veux essayer aussi », dit Querousse l’Écureuil, et il descend la piste en glissant sur sa queue en panache.

     « Et moi aussi, je veux essayer », dit Petit Ours.

    Il n’a jamais vu de glissade avant. Boum ! Petit Ours tombe, et il descend la colline en glissant sur son derrière rembourré !

     « La neige est très froide et mouillée », dit-il, « mais j’aime ça ! »

    « Je vais construire un lapin de neige », dit Romarin le Lapin.

    Il commence à modeler un lapin avec la neige.

     « Oh ! Il me ressemble comme si c’était moi », dit-il.

    « Moi, je vais construire un écureuil de neige », dit Querousse l’Écureuil, et il commence à faire un écureuil avec la neige.

     

    « Oh ! On dirait que c’est moi », dit-il.

    « Et moi, je vais construire une souris de neige », dit Nousti la Souris.

    Il commence à faire une souris avec la neige.

     « Oh ! Il me ressemble comme si c’était moi », dit-il.

    « Et moi, je vais construire un ours de neige », dit Petit Ours.

    Il commence à faire un ours avec la neige.

    « On dirait que c’est moi », dit-il.

    En effet, quand les animaux de neige furent finis, ils ressemblaient vraiment à des animaux réels.

    C’est alors qu’apparaissent M. et Mme Ours. Petit Ours avait laissé la porte ouverte et le vent froid les a réveillés. Ils n’aperçoivent pas Petit Ours et ses amis. Ils ne voient que les animaux de neige.

    « Regarde ! » dit Mme Ours, « Petit Ours et ses amis sont gelés dans la glace ! »

    Elle croit en effet que l’ours de neige est Petit Ours.

    « Je suis là maman », appelle Petit Ours. « Je ne suis pas gelé, mais j’ai très froid et je suis tout mouillé. »

    Mme Ours rassurée, dit en souriant : « Je pense que nous devrions tous aller à la maison pour nous réchauffer et nous sécher. »

    Dans la caverne, ils s’assoient tous près du feu et mangent des tranches de pain grillé avec du miel. Petit Ours raconte tout à Mme Ours, la bataille de boules de neige, et les glissades, et les animaux de neige.

    « Vous avez passé une bonne journée », dit Mme Ours. « Maintenant veux-tu aller dormir, Petit Ours ? »

    Petit Ours ne répond pas. Tout le monde le regarde. Il s’est profondément endormi, enfin !  

    Terry Dinning ; Gill Guile

    Petit Ours

    Paris, Flammarion, 1993

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