•  Le retour des fleurs

    Conte australien

     

    Comme il ne pouvait plus supporter les hommes et leur méchanceté, le plus puissant de tous les sorciers avait décidé de quitter son pays et de se réfugier tout au sommet de la plus haute des hautes montagnes. Aussitôt dit, aussitôt fait... Il s’en alla.

     

    Un grand malheur s’abattit sur la nature ; toutes les fleurs, celles des bois, celles des prairies, celles des collines, celles des bords de mer, celles du long des rivières et celles de lacs moururent instantanément. Il n’y en eu pas une seule qui survécut. Le pays, jadis si beau et si fleuri devint rapidement un désert. Tous les animaux, les oiseaux, les papillons, les insectes s’enfuirent après la mort des fleurs. Pour voir les fleurs, les habitants ne pouvaient user que de leur imagination. Mais les enfants, qui n’avaient jamais connu ces merveilles, ne voulaient pas croire les anciens.

     

    - Vous ne racontez que des histoires, leur disaient-ils et ils s’en allaient tristes dans le décor triste d’un pays sans fleurs.

    Parmi tous ces enfants, il en était un qui ne pouvait imaginer que tout eut disparu pour toujours. Lorsque sa mère, lassée de raconter l’ancien temps, se taisait, il réclamait encore et encore d’autres histoires car il aimait entendre parler de la beauté des fleurs.

    Il pensait que lorsqu'il serait un homme, il partirait à la recherche du grand sorcier et lui demanderait de redonner de la couleur au pays.

     

    Les années passèrent. 

     

    Un jour, il fut grand. Son amour des fleurs avait grandi avec lui. Il s’en alla donc trouver sa mère et lui dit :

    - Mère, je vais m’en aller à la recherche du grand sorcier et lui demander de nous rendre les fleurs.

    Sa mère le regarda avec des yeux remplis d’effroi.

    - Mais fils ! s'écria-t-elle, tout ce que je t'ai raconté n'était que des histoires. Il ne faut jamais croire aux histoires. Je te disais ce que ma mère me racontait parce qu'elle l’avait entendu raconter par sa mère qui le tenait de sa mère. Malheur à toi ! Les fleurs n'ont probablement jamais existé. Tu aurais beau marcher mille ans, jamais tu ne trouverais le sorcier qui vit tout en haut de la plus haute montagne.

    Mais le fils ne l’écouta même pas, il prit son baluchon et s’en alla. Les gens du pays qui le voyaient passer se moquaient de lui :

    - Ce garçon est fou ! disaient-ils. Il n’y a que les fous qui croient aux histoires.

     

    Le jeune homme se dirigea vers le nord. Il marcha longtemps, longtemps, longtemps et arriva au pied d'une montagne, si haute, si haute que son sommet était invisible.

    Il tourna autour de la montagne, mais ne vit aucun sentier, seulement de la roche et des cailloux. Il tourna encore et encore. Las de tourner, il se dit :

    - « Il faudra bien que je découvre un chemin. Le sorcier a dû le prendre pour atteindre le sommet. »

    Il inspecta avec attention les rochers et finit par découvrir une petite marche. En regardant de plus près, il aperçut une autre petite marche et puis encore une autre. Lorsqu’il leva les yeux vers le sommet de la montagne, il aperçut un escalier et il se mit à grimper sans jamais regarder en bas pour ne pas avoir le vertige.

     

    A la fin du premier jour, il s’arrêta sur une terrasse. Le sommet de la montagne n'était pas visible. Il en fit de même le deuxième, puis le troisième, puis le quatrième puis le cinquième puis le sixième jour.  Il commençait à se décourager quand, au soir du septième jour, il aperçut enfin le sommet. A force de courage et malgré la fatigue accumulée depuis 7 jours, il parvient à l’atteindre juste au moment où le soleil avait complètement disparu et que la nuit avait recouvert le monstre de pierre. Arrivé tout en haut, il aperçut une source. Il se pencha pour y boire un peu d'eau. Au premier contact de l’eau sur ses lèvres, toute sa fatigue s’évapora. Il se sentit fort et heureux comme jamais dans sa vie. Tout à coup, derrière lui, il entendit une voix qui lui demanda ce qu'il était venu chercher sur la plus haute des hautes montagnes.

    - Je suis venu, dit-il, pour rencontrer le grand sorcier et lui demander de nous rendre des fleurs et des insectes. Un pays sans fleurs, sans oiseaux et sans abeilles, est triste à mourir. Seule le beauté peut rendre les gens bons et je suis certain que les gens de mon pays cesseraient d'être méchants, si le sorcier leur redonnait les fleurs.

     

    Alors, le jeune homme se sentit soulevé par des mains invisibles. Il fut transporté délicatement vers le pays des fleurs éternelles. Les mains invisibles le déposèrent sur le sol au milieu d'un tapis de fleurs multicolores. Le jeune homme ne pouvait en croire ses yeux. Il y en avait tant et jamais il n'avait imaginé que les fleurs puissent être aussi belles ! Dans l’air, un délicieux parfum flottait et les rayons du soleil dansaient sur le sol multicolore comme des milliers et des milliers d'arcs-­en-ciel. La joie du jeune homme fut si grande, qu'il se mit à pleurer.

    La voix lui dit de cueillir les fleurs qu'il préférait. Il s’exécuta et en cueillit de toutes les couleurs. Quand il en eut plein les chargés, les mains invisibles le reconduisirent doucement au sommet de la montagne.

    Alors, la voix lui dit :

    - Rapporte ces fleurs dans ton pays. Désor­mais, grâce à ta foi et à ton courage, ton pays ne sera plus jamais sans fleurs. Il y en aura pour toutes les régions. Les vents du nord, de l'est, du sud et de l'ouest leur apporteront la pluie qui sera leur nourriture, et les abeilles vous donneront le miel qu'elles cherchent dans les fleurs.

     

    Le jeune homme remercia et commença aussitôt la descente de la montagne qui, malgré la quantité de fleurs qu'il portait, lui parut bien plus facile que la montée.

     

    Quand il revint dans son pays, les habitants, en apercevant les fleurs et en respirant leur parfum, ne voulurent pas croire à leur bonheur. Puis, quand ils surent qu'ils ne rêvaient pas, ils dirent :

    - Ah ! nous savions bien que les fleurs existaient et que ce n'étaient pas des histoires inventées par nos ancêtres.

     

    Et leur pays redevint un grand jardin. Sur les col­lines, dans les vallées, près des rivières, des lacs et de la mer, dans les bois, dans les champs et dans toutes les prairies, les fleurs crûrent et se multiplièrent. Tantôt c'était le vent du nord qui amenait la pluie, tantôt le vent du sud, de l'est ou de l'ouest. Les oiseaux revinrent, ainsi que les papillons et tous les insectes, et surtout les abeilles. Désormais, les gens purent man­ger du miel, et la joie revint sur la terre.

     

    Quand les hommes virent leur terre transformée grâce au jeune homme qui avait osé ce que personne n'avait cru possible, ils lui demandèrent d'être leur roi. II accepta et il devint un roi bon, courageux et intelligent.

    -Rappelons-nous, disait-il, que c'était la méchan­ceté des hommes qui avait entraîné la disparition des fleurs de notre pays.

     

    Et, comme personne ne voulait recommencer à habiter un désert et à être privé de miel, chacun s'efforça désormais d'être aussi bon que possible pour ne pas fâcher le grand sorcier.

     

     

    Vous trouverez pleins d'autres contes pour les grands et les petits sur le site Contes de différents pays :  http://www.lessignets.com/signetsdiane/signet/contes.htm

     

    Le retour des fleurs

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    Le conte du moineau à la langue coupée - 4ème partie - Expérience ...

     

    Un conte japonais populaire illustré par Nicola Kotcherguin. (Н.Кочергин)

    Audio: https://www.radioclassique.fr/podcast... 

    Elodie Fondacci raconte sur une musique de  Robert Schumann.

    Un pauvre homme recueille un moineau. Mais sa femme, une épouvantable mégère, prend l’oiseau en grippe.
    Une légende japonaise qui prouve que la bonté est toujours récompensée.

     

    https://www.youtube.com/watch?v=h8H7y-MbjPo&list=PLr-KegCCvlsBX25X-5wYF8hbmJ-7m88A0&index=30

     

     

    Pour vos enfants, vos petits enfants une chaîne où sont racontés et illustrés de jolis contes. Certains connus, d'autres moins. 

     

    Contes illustrés (livres audio en français)

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  • La Vie en Grand : découverte de la contrebasse et son répertoire ...

     

    Dès son plus jeune âge, Anna, une petite fille singulière, rêve sa Vie en Grand ! En grandissant et étant devenue violoniste, elle continue de rêver à de GRANDS voyages, du GRAND AMOUR... Mais voilà, elle grandissait mais son violon ne grandissait pas et elle ne pouvait rien y faire. Lors d'une soirée entre amis, plongée dans une profonde mélancolie, une étrange rencontre va bouleverser sa vie : la contrebasse !

    "La Vie en Grand", un conte musical insolite et ludique pour petits et grands pour découvrir l'instrument et le répertoire du plus grave des cordes : la contrebasse. (Re)découvrez des oeuvres de Camille Saint-Saëns, Piotr Ilyitch Tchaïkovski, Gioachino Rossini, Charlie Parker ou encore Maurice Ravel.

    "La Vie en Grand", un conte écrit et mis en scène par Floriane Bonanni avec les Contrebassistes de l'Orchestre Philharmonique de Radio France. Les Enfantines : La Vie en Grand, enregistrées le 23 juin 2018 à l'Auditorium de la Maison de la Radio.

     

    https://www.youtube.com/watch?v=_aSF3JbZa-E

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  • Une sotte sorcière

     

    Oh ! Certes, elle n'avait jamais été une sorcière de haut vol. On perdrait son temps à rechercher sa trace sur les registres des meilleures écoles de sorcellerie. Son nom, jamais, ne s'inscrirait en lettres de feu au panthéon de sa confrérie démoniaque, comme ceux de Carabosse ou d'Harry Potter. Pour autant, elle n'en était pas moins méchante qu'une autre. Pas moins assidue aux sabbats du samedi soir quand elle allait danser avec les démons de la contrée. Non, elle s'acharnait juste  à devenir la sorcière la plus nigaude du Territoire de Belfort ! Adepte du Malin, elle n'était pas très maline. A dire le vrai, cette sorcière terrifortaine passait pour une formidable andouille. Elle s'appelait Pipistrelle, un nom de chauve-souris qui lui allait plutôt bien. 

    Dans son genre gothique, on pouvait la considérer comme une jolie créature. Imaginez un peu Sophie Marceau, tout habillée de noir, avec un chapeau en peau de chat, de long cheveux roux, une petite verrue verte sur le nez et des yeux vairons ; alors vous aurez son portrait tout craché. D'après une vieille rumeur locale, Pipistrelle habitait à Angeot. Toutefois se devait être plutôt amusant pour une sorcière de vivre dans un village qui portait un nom pareil. Angeot, c'était rigolo. La maison de Pipistrelle s'y cachait dans un endroit mystérieux que les anciens cadastres nomment la "Fontaine de lai Sorcière".

    Cette sotte sorcière traînait derrière elle la réputation d'être une grande faiseuse de catastrophes. Sans exagérer, mis bout à bout, la liste de toutes ses bévues, bêtises et autres stupidités pourrait former une grande guirlande qui monterait d’ici jusqu’à la Lune. Le plus calamiteux de tous ses exploits lamentables se produisit quelques jours avant l'an 2000. Sans conteste, la cerise sur le gâteau de ses sottises. 

    Cette fois-là, à califourchon sur son balai, la sorcière rentrait chez elle à grande vitesse. Le calendrier indiquait un jour après Noël, le 26 décembre 1999. C'était dans un autre millénaire. Un temps qui , aujourd'hui, semble déjà si lointain que nous n'aurez aucun mal à imaginer que les sorcières pouvaient encore y exister ! 

    Ce matin du 26 décembre 1999, il soufflait un vent à décorner les bœufs. Un terrible souffle démoniaque qui balayait la campagne en rafales hurlantes. La sorcière, sur son balai, riait, riait à gorge déployée. Pipistrelle profitait de ce vent furieux pour faire les loopings extravagants dans le ciel bouleversé. Pipistrelle avait beau avoir fêter son 333e anniversaire, elle s'amusait comme une gamine sur le grand huit d'une fête foraine. Ses longs cheveux rouges dansaient une gigue folle et giflaient sa figure hilare. La sorcière volait bas. Par ce temps à ne pas mettre un chrétien dehors, elle ne risquait guère d'être aperçue par un passant promenant son caniche. A cette heure venteuse, les humains se terraient chez eux sur les kilomètres à la ronde. Aussi la sorcière s'en donnait-elle à cœur joie. Elle filait telle une fusée en direction du village de Bavilliers. Depuis toujours, un de ses jeux préférés consistait à donner le tournis aux coqs de bronze qu surplombent les clochers. Tout se passa très vite, sans doute la sorcière avait-elle mal réglé sa vitesse. Quoi qu'il en soit, en une fraction de seconde, l'église de Bavilliers n'eut plus de clocher ! (Ce fait divers hivernal est malheureusement authentique. N'empêche, la presse locale rata, à cette occasion, un scoop sensationnel).  Cette grosse andouille de Pipistrelle se l'était pris en pleine poire. Ensuite, tout estourbie, elle avait valdingué dans un buisson de buis (non bénit). Quelques instants plus tard, les badauds bigots sortis contempler le désastre tombaient des nues. Bien trop vite, ils accusèrent le vent de ce sacrilège. Pardi ! Le vent, c'était tout de même plus rassurant. Plus ordinaire que d'imputer la catastrophe à des forces moins naturelles. Personne, il est vrai, ne remarqua l'étrange chapeau pointu qui traînait dans les décombres du pauvre clocher. 

    "Une sorcière emplafonne le clocher de l'église de Bavilliers !"

    Avec ce gros titre, les journaux du coin auraient à coup sûr triplé leurs ventes. Peut-être même que Bavilliers serait devenu célèbre dans le monde entier. A l'heure actuelle, dans toutes les boulangeries du village, on vendrait chaque mois de décembre de petites sorcières en pâte d'amandes pour commémorer cet événement. 

    Souvent, les gens rechignent à croire au surnaturel mais là, il existe malheureusement des preuves irréfutables. Pour s'en convaincre, il suffit de relire les journaux de l'époque. Somme toute, une église décapitée par une sorcière ce n'est pas un fait divers qui arrive tous les hivers. 

     

                                                           Hervé THIRY-DUVAL

                                                           Les "franches contées" légendes et racontars

                                                           Editions Sutton 

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  • Cette après-midi de juillet 1975, le village de Chaux portait bien son nom. Il y faisait une chaleur à faire fondre les pierres. Insensible à cette fournaise, un jeune homme marchait d'un bon pas dans la rue de la Vaivre. Avec son panier d'osier sous le bras et son vieil Opinel en poche, Laurent Magnin - sans vouloir l'offenser - ne donnait pas l'impression d'être le portrait craché du parfait aventurier. Non. A le voir cheminer dans ses grandes bottes en caoutchouc, on pouvait juste penser que les mouches allaient tomber quand ses pieds reverraient la lumière. Mais l'expérience nous dicte que les premières impressions sont parfois trompeuses. Laurent Magnin se dirigeait vers la forêt de la Vaivre avec l'état d'esprit d'un chasseur de trésor. 

    Dans tout le canton de Giromagny, on ne trouvait pas de meilleur ramasseur de girolles ! S'il existait un championnat régional des "champignonneurs", sûr que Laurent Magnin monterait sur la plus haute marche du podium. Si d'aucuns ont la bosse des mathématiques, ce gars-là possédait celle des champignons. Les orages des jours derniers associés à la chaleur de celui-ci lui laissaient espérer une belle poussée dorée de chanterelles. Laurent Magnin ne se connaissait que deux passions dans la vie : les champignons et les romans fantastiques de J.R.R. Tolkien. Dès qu'il pénétrait dans la forêt de la Vaivre, le jeune homme espérait toujours y croiser quelques Hobbits de la Comté, des fées des bois ou même des trolls au visage de pierre. Il faut savoir que les consommateurs de champignons sont parfois victimes de ce genre d’hallucinations. 

    C'est donc avec le pas léger d'un chasseur de légendes qu'il visita ses bonnes places qui, tout au long de l'année, lui fournissaient de belles récoltes. Des coins secrets dont certains lui avaient été révélés par son grand-père sur son lit de mort. Chez les Magnin, la cueillette des champignons ne pouvait pas se comparer à un loisir mais presque à une raison de vivre. 

    Laurent approchait de l'étang la Dame quand il tomba sur un premier trésor. Un cercle magique de chanterelles blondes entourait le pied d'un gros chêne. Accroupi  et le sourire aux lèvres, le jeune homme commença sa récolte. Alors qu'il allait cueillir la plus grosse de ces girolles, un grand silence se fit dans la forêt. Plus un craquement, plus de chants oiseaux. Laurent releva la tête et, à travers le feuillage, il aperçut une silhouette verte au bord de l'eau. Une silhouette que les rayons éblouissants du soleil rendaient difficile à regarder. D'un mouvement gracieux, elle se défit de sa robe légère puis, avec lenteur, elle se glissa nue dans l'eau. 

    Aussitôt, un mot magique résonna dans l'esprit de Laurent : vouivre ! Cette apparition était bel et bien une vouivre. Celle que son grand-père appelait "la Dame de l'étang".

    Non, il ne rêvait pas. La vouivre nageait dans l'étang, à quelques mètres de lui. Toutes les vieilles histoires de son grand-père lui revenaient subitement en mémoire. La vouivre, cette femme fantastique qui commandait aux serpents. Cette fée des bois qui déposait toujours son escarboucle, un énorme rubis rouge, avant de se baigner. Elle était là. Sapristi ! Laurent Magnin venait de rencontrer la chance de sa vie. Alors, sans plus réfléchir, le chasseur de champignons se mit à ramper au milieu des broussailles pour aller cueillir l'escarboucle. Il n'avait pas vu la Dme enlever son rubis mais, à coup sûr, il devait être là, déposé quelque part près de la robe verte. Laurent retenait son souffle. Maintenant à quatre pattes, il tripotait par tous les bouts la robe abandonnée par la vouivre, cherchant fébrilement l’escarboucle dans les feuilles et les touffes d'herbe aux alentours. Rien, il ne trouvait rien. Pas plus d’escarboucle que de beurre en en branche ! Le temps lui était malheureusement compté, la créature n'allait pas se baigner indéfiniment. Dépité, il s'en retourna bredouille, toujours  rampant vers les fourrés. Juste à temps pour voir la vouivre nue sortir de son étang, ruisselante d'eau et de lumière. Vision magnifique, étourdissante de sensualité. Pour la première fois de la journée, Laurent Magnin avait chaud, très chaud en contemplant cette grande fille rousse aux yeux verts. Belle et impudique comme une statue de square qui se mettrait subitement à vivre. Après tout, le vrai trésor de la vouivre n'était-il pas de la contempler ainsi ? 

    A peine séchée, la femme fantastique se glissa dans sa robe verte puis, presque en gambadant, s'en alla aussi mystérieusement qu'elle était venue. Laurent resta assis longtemps au milieu de ses chanterelles. Un grand sourire béat tracé entre ses deux oreilles. Il avait vu la vouivre  ! Déjà, Laurent savait qu'à la dernière seconde de sa vie, c'est  à cette chaude après-midi de juillet 1975 qu'il repenserait. 

    Ce jour-là, en suivant quelques minutes les pas de la merveilleuse baigneuse, on pouvait vite découvrir que la jeune femme avait garé son camping-car orange sur la route de Grosmagny. elle était juste allée faire un tour en forêt pendant que son compagnon Helmut changeait une roue crevée. La vouivre de Laurent Magnin s'appelait en réalité Madeline Lambretin et vivait dans la banlieue de Bruxelles. En ce mois de juillet 1975, elle et son compagnon passaient quelques jours de vacances en Franche-Comté. 

    Par bonheur, Laurent Magnin ne sut jamais que sa vouivre était belge ! 

     

                                                                               Hervé Thiry-Duval 

                                                                               Les "franches contées" (Légendes et racontars)

     

    TABLEAU PEINTURE vouivre - La Vouivre

    Crédit photo : Corinne Charassier

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