• Les Indiens ont dit : "Un jour, dans le futur, les animaux commenceront à disparaître. Les gens ne verront plus de loups, plus d'ours ni d'aigles. Les arbres géants disparaîtront eux aussi. Les gens se battront les uns contre les autres et ne s'aimeront plus. Le magnifique arc-en-ciel s'effacera peu à peu, et les gens n'en verront plus jamais dautres.


    Et puis, les enfants viendront. Et ces enfants aimeront les animaux, et ils feront revenir les animaux. Ils aimeront les arbres, et feront revenir les arbres géants. Et ces enfants aimeront et aideront les autres gens à vivre dans la paix les uns avec les autres. Ces enfants aimeront l'arc-en-ciel, et le feront réapparaître dans le ciel. C'est pour cette raison que les Indiens ont appelé ces enfants « les guerriers de l'arc-en-ciel ».


    Maintenant laissez-moi vous poser une question. Aimez-vous ou détestez-vous les animaux ? (Nous aimons les animaux). Aimez-vous ou détestez-vous les arbres ? (Nous aimons les arbres). Aimez-vous ou détestez-vous les gens ? (Nous aimons les gens). Aimez-vous ou détestez-vous l"arc-en-ciel ? (Nous aimons l'arc-en-ciel).


    Bien, si vous aimez les animaux, les arbres, les gens et les arcs-en-ciel, alors vous êtes peut-être les guerriers de l'arc-en-ciel."

     

    http://www.youtube.com/watch?v=VkquFMMXjrg

     


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  • « Vous devez votre rang à votre naissance.
    Je dois le mien à mon travail.
    Il y a toujours eu et il y a encore des milliers de princes.
    Mais il n'y a qu'un Beethoven. »

    Beethoven s'adressant à un prince !

     

    Après la mort de Beethoven le 26 mars 1827 à Vienne, on retrouve son testament dit testament de Heiligenstadt écrit en 1802 qui est un véritable témoignage de son histoire à cette époque. Mais on retrouve par la même occasion trois magnifiques lettres d’amour destinées à L’Immortelle Bien-Aimée (Brief an die unsterbliche Geliebte) écrites en 1812. Depuis la question continue de se poser, à savoir qui était cette mystérieuse amante. Bien des pistes ont été explorées mais sans véritable certitude à propos de l’identité de cette femme. Beethoven aimait et lisait énormément la poésie. Il montre sa nature passionné dans ses lettres autant que dans sa musique. Etre torturé, ombrageux, emporté, il était l’homme de tous les excès. Amoureux flamboyant mais malheureux, il n’a aimé que des femmes inaccessibles, épouses de ses mécènes. A chaque histoire il retombait dans un état dépressif dont il avait bien du mal à émerger. Sa surdité l’a entraîné au bord du suicide comme il le raconte dans son testament. Mais à chaque fois, il surmonte ses crises personnelles. Il vivait dans un perpétuel conflit intérieur. Pas étonnant donc qu’il vivait chaque histoire d’amour aussi intensément.

    Il a de même écrit une chanson : A la lointaine Bien-aimée (An die ferne Geliebte). S’agissait-il de la même bien-aimée ?

     

    Je suis assis sur la colline, les yeux fixés

    sur le paysage bleu de brouillard,

    regardant les pâturages lointains

    où je t'ai trouvée, toi, ma bien-aimée.

     

    Je suis parti loin de toi,

    les monts et les vallées nous coupent

    de notre quiétude,

    de notre bonheur et de nos peines.

     

    Ah! tu ne peux voir ce regard,

    qui ardemment se hâte vers toi

    et les soupirs se perdent

    dans l'espace qui nous sépare!

     

    Plus rien ne veut donc plus t'atteindre?

    Plus rien ne veut donc être messager de l' amour?

    Je veux chanter, chanter des chants

    qui te parlent de ma peine!

     

    Car au son d'une chanson

    s'efface la distance et le temps

    et un coeur amoureux reçoit

    ce qu'un coeur amoureux lui a voué.

     

    Lettre à l’Immortelle Bien-Aimée

     

    Le 6 juillet au matin

    Mon ange, mon tout, mon moi. Quelques mots seulement aujourd’hui, et au crayon (le tien). Ce n’est pas avant demain que je saurai définitivement où j’habiterai. Quelle misérable perte de temps pour de telles choses. Pourquoi ce profond chagrin alors que la nécessité parle? Notre amour peut-il exister autrement que par des sacrifices, par l’obligation de ne pas tout demander ? Peux-tu faire autrement que tu ne sois pas toute à moi et moi à toi? Ah! Dieu, contemple la belle nature et accepte d’un cœur paisible ce qui doit être. L’amour exige tout, et de pleins droits, ainsi en est-il de moi avec toi, de toi avec moi. Mais tu oublies si facilement que je dois vivre pour moi et pour toi : si nous étions complètement réunis, tu éprouverais aussi peu que moi cette souffrance. Mon voyage a été terrible, je ne suis arrivé qu’hier à quatre heures du matin; comme on manquait de chevaux, la poste a pris un autre itinéraire, mais quelle route épouvantable ! A l’avant-dernier relais, on m’a conseillé de ne pas voyager de nuit. On m’a parlé d’une forêt épouvantable, mais cela n’a fait que m’exciter, et j’ai eu tort, la voiture aurait dû se briser dans ce terrible chemin, simple chemin de terre défoncé. Avec d’autres postillons que ceux que j’avais, je serais resté en route. Esterhazy, par l’autre chemin, le chemin habituel, a subi le même sort, avec huit chevaux, que moi avec quatre. Pourtant, j’ai éprouvé un certain plaisir, comme toujours quand j’ai heureusement surmonté un obstacle. A présent passons vite de choses extérieures à des choses intérieures ! Nous nous reverrons sans doute bientôt ; de plus, aujourd’hui, je ne peux te faire part des considérations que j’ai faites sur ma vie pendant ces quelques jours. Si nos cœurs étaient toujours serrés l’un contre l’autre, je n’en ferais pas de semblables. Le cœur est plein de tant de choses à te dire. Ah! il y a des moments où je trouve que la parole n’est encore rien du tout. Courage ! Reste mon fidèle. mon unique trésor, mon tout, comme moi pour toi. Quant au reste, les dieux décideront de ce qui doit être et de ce qu’il adviendra de nous.

    Ton fidèle Ludwig.

     

    Lundi soir, 6 juillet

    Tu souffres. Toi, mon être le plus cher. A l’instant j’apprends que les lettres doivent être postées très tôt le matin. Lundi, jeudi, les seuls jours où la poste part d’ici pour K.(Karlsbad). Tu souffres. Ah ! Là où je suis, tu es aussi avec moi, je parle avec moi et toi. Je ferai en sorte que je puisse vivre avec toi, quelle vie ! ! ! Ainsi ! ! ! Sans toi. Poursuivi ici et là par la bonté des hommes que je ne désire pas plus mériter que je ne la mérite, humilité de l’homme devant l’homme, elle me peine, et quand je me considère en relation avec l’univers, que suis-je et qu’est-il, lui qu’on appelle le plus Grand? Et pourtant, là encore est la divinité de l’homme. Je pleure, quand je pense que tu ne recevras vraisemblablement que samedi la première nouvelle de moi. Quel que soit ton amour pour moi, je t’aime encore plus fort, mais ne te cache jamais de moi. Bonne nuit. En bon curiste, il faut que j’aille dormir. Ah ! Dieu. si près! si loin! Notre amour n’est-il pas un véritable édifice céleste et aussi solide que la voûte du ciel ?

     

    Bon matin, le 7 juillet

    Encore au lit mes pensées se pressent vers toi, mon Immortelle bien-aimée, parfois joyeuses, puis de nouveau tristes. Le Destin nous exaucera-t-il ? Vivre, je ne le peux entièrement qu’avec toi ou pas du tout, j’ai même décidé d’errer au loin jusqu’au jour ou je pourrai voler dans tes bras, ou je pourrai me dire pleinement dans ma patrie auprès de toi. Puisque, tout entouré par toi, je pourrai plonger mon âme dans le royaume des esprits. Oui, hélas ! il le faut. Tu te maîtriseras d’autant mieux que tu connais ma fidélité envers toi, jamais aucune autre ne peut posséder mon cœur, jamais, jamais. O Dieu, pourquoi faut-il s’éloigner de ce qu’on aime ainsi, et pourtant ma vie à Vienne telle qu’elle est maintenant est une vie misérable. Ton amour a fait de moi à la fois le plus heureux et le plus malheureux des hommes. A mon âge j’aurais besoin d’une existence en quelque sorte uniforme, égale. Peut-il en être ainsi étant donné nos relations ? Mon ange, je viens d’apprendre que la poste part tous les jours, et il faut donc que je m’arrête afin que tu reçoives cette lettre tout de suite. Sois calme, ce n’est que par une contemplation détendue de notre existence que nous pouvons atteindre notre but, qui est de vivre ensemble. Sois calme. Aime-moi. Aujourd’hui, hier, quelle aspiration baignée de larmes vers toi, toi, toi, ma vie, mon tout! Adieu. Oh ! Continue à m’aimer. Ne méconnais jamais le cœur très fidèle de ton aimé L.

     

    Éternellement à toi,

    éternellement à moi.

    éternellement à nous.

     

     

    Mon amour pour Beethoven

    J’aime l’homme, j’aime son œuvre, viscéralement, profondément, intensément. Il est sans conteste mon compositeur préféré. Sa musique me parle, me ressemble aussi bien dans ses ténèbres que dans sa sonorité douce parfois. La musique de Beethoven est à l'image du personnage : intense, passionnée, sensuelle, audacieuse.

    Un homme hors pair, fougueux qui vivait à l'excès, jusqu'à sa mort d'une pneumonie le 26 mars 1827. À la fin de l'après-midi, cet après-midi là,  Ludwig, malade, est au plus mal. À l'extérieur, un orage se prépare, le ciel s'assombrit de plus en plus. Soudain, un éclair illumine sa chambre et un énorme coup de tonnerre claque violemment. Beethoven ouvre les yeux, lève le bras et rend l'âme. C'est ainsi que s'éteignit le grand Beethoven laissant à la postérité sa merveilleuse musique.

     

    Pour le plaisir de partager, voici le second mouvement – Allegretto de la 7ème symphonie

     

    http://www.youtube.com/watch?v=haseluAw20M

     

     

    Le concerto pour violon et orchestre en D majeur avec Isaac Stern et le grand orchestre de France, sous la direction de Claudio Abbado

    http://www.youtube.com/watch?v=7ywVLKJ8DJU

     

     

    « La musique est une révélation plus haute que toute sagesse et toute philosophie. »

    Ludwig van Beethoven, Lettre à Bettina

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  • Le prêtre Guy Gilbert, 75 ans

     Un pauvre qui ne pense qu'à être riche est aussi puant que celui qu'il jalouse.

    Un riche qui ne partage pas quelque chose de la pauvreté de celui qu'il veut aider restera toujours égoïste, fermé sur lui. Quand on ne donne que son superflu, tout don n'est que de la merde.


    Tant que ceux qui possèdent, qui savent et qui ont le pouvoir, décideront pour ceux qui n'ont rien, ne sont rien et n'ont aucun pouvoir, les pauvres de la terre le resteront.

    Les opprimés se libéreront par eux-mêmes. Leur libération ne doit partir que d'eux. Elle ne sera efficace que si elle est conduite par les exclus eux-mêmes.

    Nous ne sommes, nous, que leurs alliés possibles restant à leurs côtés pour qu'ils mènent à bien leur libération. Ce que je dis est valable pour les jeunes de la rue. Comme pour les prisonniers. De multiples gestes se font au service de ces derniers. Mais je leur répète de prison en prison, en allant les visiter : « Votre dignité, c'est vous et vous seuls qui la gagnerez. Votre liberté d'homme et de femme, à l'intérieur des prisons, c'est vous et vous seuls qui la légitimerez. Nous, dehors, on est là seulement pour vous aider. La prison sera votre lieu de libération collective ou celui de votre enchaînement individuel. »



    La rue et ses valeurs


    Dans la rue, j'ai découvert une immense et merveilleuse humanité. Ce sont des vivants, les jeunes de la rue. Solidaires dans leur souffrance et dans leur exclusion, ils m'ont fait découvrir des valeurs incomparables de solidarité, de coude à coude.

    Ils s'aident, ils ont une force de résistance et une capacité créatrice inexploitées. Ils ont une culture, une langue, un sens aigu de l'autre, un regard très perspicace et pénétrant qui les aident, dans les situations difficiles, à trouver les réponses qui les sortiront de l'ornière.

    A partir du moment où on les a fichés comme délinquants, nous pensons qu'ils ne sont rien et n'ont rien à nous apprendre. Alors qu'en réalité, en vivant avec eux, on découvre qu'ils sont, à leur manière, comme des prophètes. De façon négative, mais prophètes par leur manière de nous alerter sur l'avenir de la société. Ces jeunes la défient en allant plus loin qu'elle dans la course effrénée au fric, dans le chacun pour soi. La seule différence, c'est qu'ils ne thésaurisent pas. Ils grillent tout et jouent au riche.., l'espace d'un moment, jouissant dans la minute qui vient de tous les plaisirs que donne la puissance de l'argent... en n'oubliant pas leurs copains de misère avec qui tout est partagé. Quitte, le lendemain, à se retrouver dans la rue avec pas même vingt francs en poche pour l'achat d'un casse-croûte.


    Je répète partout aux gens qui me valorisent « Ce que je suis, je le leur dois. » Leurs valeurs sont passées en moi. Je pense qu'aucun peuple auquel l’Église m'aurait confié n'aurait pu m'apporter autant. Pourquoi ? Parce qu'ils sont en France les plus pauvres parmi les plus pauvres. Et qu'ils sont MA FORCE. Depuis vingt-trois ans, je ne me suis appuyé que sur eux. Ma force, je la tiens de Jésus-Christ bien sûr, mais Jésus-Christ passant PAR EUX.



    Alternative à la pauvreté : la justice et la fraternité


    La pauvreté est injuste, inhumaine. La démission des parents, la pauvreté matérielle, le chômage qui ont conduit en prison de multiples fois les jeunes avec qui nous vivons, la combinaison de tout ça, c'est l'injustice absolue.

    Combien de fois, en les regardant, je me prends à rêver leur naissance dans un milieu normal, chaud et confortable ! Jamais alors ils n'auraient eu ce dégoût de la vie, cette violence qui durcit leurs traits, ce comportement difficile et cette désespérance qui me vrille le cœur.

    Inhumaines, ces vies de pauvres qui, à seize ans, dans de multiples centres, avec d'innombrables éducateurs, ne désirent qu'une chose : s'accrocher à quelqu'un. Ils ne rêvent que d'être, enfin, quelqu'un pour quelqu'un. Rêve jusqu'ici irréalisable. La pauvreté, comme la richesse, est l'expression d'une société malade.


    Seules la justice et la fraternité sont les deux fruits d'une société humaine et juste.

    Juste si chacun peut participer à la construction d'une vie sociale plus humaine.
    Juste si elle offre à chacun sa chance.

    Juste si notre diversité est reconnue.

    Juste si on encourage tout ce qui va vers le haut.



    Guy Gilbert, Avec mon aube et mes santiags.

     

     

    ET pour finir un témoignage du Père Guy Gilbert qui nous parle de son engagement, de l'amour qu'il porte pour tous ces jeunes paumés, ces humbles, ces exclus... mais aussi de sa façon de  vivre son sacerdoce, sa foi.

     

    http://www.youtube.com/watch?v=3vFN_spDRbU

     

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  • gif Petit Prince

     

    “ LE RENARD ET LE PETIT PRINCE ”

     



    .../...
    C'est alors qu'apparut le renard :
    - Bonjour dit le renard.
    - Bonjour, répondit poliment le petit prince, qui se retourna mais ne vit rien.
    - Je suis là, dit la voix, sous le pommier...
    - Qui es-tu ? dit le petit prince. Tu es bien poli...
    - Je suis un renard, dit le renard.
    - Viens jouer avec moi, lui proposa le petit prince. Je suis tellement triste...
    - Je ne puis pas jouer avec toi, dit le renard. Je ne suis pas apprivoisé.
    - Ah ! pardon, fit le petit prince.

    Mais, après réflexion, il ajouta :
    - Qu'est-ce que signifie "apprivoiser" ?
    - Tu n'es pas d'ici, dit le renard, que cherches-tu ?
    - Je cherche les hommes, dit le petit prince. Qu'est-ce que signifie "apprivoiser" ?
    - Les hommes, dit le renard, ils ont des fusils et ils chassent. C'est bien gênant ! Il élèvent aussi des poules. C'est leur seul intérêt. Tu cherches des poules ?
    - Non, dit le petit prince. Je cherche des amis. Qu'est-ce que signifie "apprivoiser" ?
    - C'est une chose trop oubliée, dit le renard. Ca signifie créer des liens..."
    - Créer des liens ?
    - Bien sûr, dit le renard. Tu n'es encore pour moi qu'un petit garçon tout semblable à cent mille petits gerçons. Et je n'ai pas besoin de toi. Et tu n'as pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu'un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde...
    - Je commence à comprendre, dit le petit prince. Il y a une fleur... je crois qu'elle m'a apprivoisé...
    - C'est possible, dit le renard. On voit sur terre toutes sortes de choses...
    - Oh ! Ce n'est pas sur terre, dit le petit prince

    Le renard parut très intrigué :
    - Sur une autre planète ?
    - Oui.
    - Il y a des chasseurs, sur cette planète-là ?
    - Non.
    - Ça, c'est intéressant! Et des poules ?
    - Non.
    - Rien n'est parfait, soupira le renard.

    Mais le renard revint à son idée :

    - Ma vie est monotone. Je chasse les poules, les hommes me chassent. Toutes se ressemblent, et tous les hommes se ressemblent. Je m'ennuie donc un peu. Mais, si tu m'apprivoises, ma vie sera comme ensoleillée. Je connaîtrai un bruit de pas qui sera différent de tous les autres. Les autres pas me font rentrer sur terre. Le tien m'appellera hors du terrier, comme une musique. Et puis regarde! Tu vois là-bas, les champs de blé? Je ne mange pas de pain. Le blé pour moi est inutile. Les champs de blé ne me rappellent rien. Et ça, c'est triste! Mais tu as des cheveux couleur d'or. Alors ce sera merveilleux quand tu m'auras apprivoisé! Le blé qui est doré, me fera souvenir de toi. Et j'aimerai le bruit du vent dans le blé...

    Le renard se tut et regarda longtemps le petit prince :
    - S'il te plaìt... apprivoise-moi, dit-il.
    - Je veux bien, répondit le petit prince, mais je n'ai pas beaucoup de temps. J'ai des amis à découvrir et beaucoup de choses à connaìtre.
    - On ne connaìt que les choses que l'on apprivoise, dit le renard. Les hommes n'ont plus le temps de rien connaìtre. Ils achètent des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il n'existe point de marchands d'amis, les hommes n'ont plus d'amis. Si tu veux un ami, apprivoise-moi!
    - Que faut-il faire? Dit le petit prince.
    - Il faut être très patient, répondit le renard. Tu t'assoiras d'abord un peu loin de moi, comme ça, dans l'herbe. Je te regarderai du coin de l'œil et tu ne diras rien. Le langage est source de malentendus. Mais, chaque jour, tu pourras t'asseoir un peu plus près...

    Le lendemain revint le petit prince.

    - Il eût mieux valu revenir à la même heure, dit le renard. Si tu viens, pas exemple, à quatre heures de l'après-midi, dés trois heures je commencerai d'être heureux. Plus l'heure avancera, plus je me sentirai heureux. A quatre heures, déjà, je m'agiterai et m'inquiéterai; je découvrirai le prix du bonheur! Mais si tu viens n'importe quand, je ne saurai jamais à quelle heure m'habiller le coeur... Il faut des rites.
    - Qu'est-ce qu'un rite ? Dit le petit prince.
    - C'est quelque chose de trop oublié, dit le renard. C'est ce qui fait qu'un jour est différent des autres jours, une heure, des autres heures. Il y a un rite, par exemple, chez mes chasseurs. Ils dansent le jeudi avec les filles du village. Alors le jeudi est jour merveilleux! Je vais me promener jusqu'à la vigne. Si les chasseurs dansaient n'importe quand, les jours se ressembleraient tous, et je n'aurais point de vacances.

    Ainsi le petit prince apprivoisa le renard. Et quand l'heure de départ
     fut proche :

      - Ah ! dit le renard... Je pleurerais.
    - C'est ta faute, dit le petit prince, je ne te souhaitais point de mal, mais tu as voulu que je t'apprivoise...
    - Bien sûr, dit le renard.
    - Mais tu vas pleurer! dit le petit prince.
    - Bien sûr, dit le renard.

    - J'y gagne, dit le renard, à cause de la couleur du blé.
     Puis il ajouta : Va revoir les roses. Tu comprendras. Tu comprendras que la tienne est unique au monde. Tu reviendras me dire adieu, et je te ferai cadeau d'un secret.

    Le petit prince s'en fut revoir les roses : Vous n'êtes pas du tout semblables à ma rose, vous n'êtes rien encore, leur dit-il. Personne ne vous a apprivoisées et vous n'avez apprivoisé personne. Vous êtes comme était mon renard. Ce n'était qu'un renard semblable à cent mille autres. Mais, j'en ai fait mon ami, et il est maintenant unique au monde. Et les roses étaient bien gênées. Vous êtes belles, mais vous êtes vides, leur dit-il encore. On ne peut pas mourir pour vous. Bien sûr, ma rose à moi, un passant ordinaire croirait qu'elle vous ressemble. Mais à elle seule elle est plus importante que vous toutes, puisque c'est elle que j'ai arrosée. Puisque c'est elle que j'ai mise sous globe. Puisque c'est elle que j'ai abritée par le paravent. Puisque c'est elle dont j'ai tué les chenilles (sauf les deux ou trois pour les papillons). Puisque c'est elle que j'ai écoutée se plaindre, ou se vanter, ou même quelquefois se taire. Puisque c'est ma rose.

    Et il revient vers le renard : Adieu, dit-il...

    - Adieu, dit le renard. Voici mon secret. Il est très simple: on ne voit bien qu'avec le coeur. L'essentiel est invisible pour les yeux.
    - L'essentiel est invisible pour les yeux, répéta le petit prince, afin de se souvenir.
    - C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante.
    - C'est le temps que j'ai perdu pour ma rose... fit le petit prince, afin de se souvenir.
    - Les hommes ont oublié cette vérité, dit le renard. Mais tu ne dois pas l'oublier. Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. Tu es responsable de ta rose...
    -Je suis responsable de ma rose... répéta le petit prince, afin de se souvenir.

    Extrait du Petit Prince d'Antoine de St Exupéry

    gif Petit Prince

     

     

    Et pour tous ceux qui voudraient connaitre, entendre l'histoire en entier lue par Samy Frey :

     

    http://www.youtube.com/watch?v=4NiWVQ722ng

     

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