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Par Pestoune le 9 Août 2014 à 11:05Lupita Nyong’o, élue plus belle femme du monde, et primée aux oscars en tant que meilleure actrice pour un second rôle pour le film "12 Years a Slave" n'a pas fini de nous surprendre. Quelques jours avant de recevoir son oscar ( pour son tout premier rôle en tant qu'actrice ! ) Lupita a prononcé un discours qui ne vous laissera pas indifférent. Au delà de la représentation de la femme noire dans la société, c'est bien de la beauté en elle même qu'elle veut parler. De belles paroles que chacun devrait écouter.
https://www.youtube.com/watch?v=iAk6GLm1RrI
Je voudrais profiter de cette opportunité pour parler de beauté, la beauté noire, la beauté foncée. J’ai reçu une lettre d’une fille et j’aimerais partager un extrait avec vous: « Chère Lupita, je pense que tu as vraiment beaucoup de chance d’être aussi noire et d’avoir du succès à Hollywood malgré tout en aussi peu de temps. Je m’apprêtais à acheter la crème éclaircissante « Whitenicious » (commercialisée par la chanteuse Dencia) pour m’éclaircir la peau, jusqu’à ce que tu apparaisses aux yeux du monde et m’en empêche. »
Mon coeur a saigné en lisant ces mots, je n’aurais jamais imaginé que mon premier boulot en sortant d’école serait aussi puissant qu’il ferait de moi l’incarnation de l’espoir, tout comme l’ont été les femmes de l’oeuvre « The Color Purple » pour moi.
Je me souviens de l’époque où moi aussi, je ne me sentais pas belle. Quand j’allumais la télévision, je ne voyais que des peaux pâles, on se moquait de moi parce que mon teint était aussi sombre que la nuit. Ma seule prière à Dieu, le faiseur de miracles, était que je me lève le matin avec une peau plus claire. Le lendemain matin, j’étais si pressée de voir ma nouvelle couleur de peau que je ne me regardais même pas avant de me retrouver devant un miroir. Et tous les jours, c’était la même déception: j’étais aussi sombre que le jour d’avant. J’ai essayé de négocier avec Dieu, je lui ai dit que j’arrêterais de voler les cubes en sucre la nuit s’il me donnait ce que je voulais, que j’écouterais tout ce que ma mère me dirait, que je ne perdrais plus jamais le pull de mon école s’il me rendait plus claire de peau. Mais je suppose que mes propositions n’impressionnaient pas vraiment Dieu parce qu’il ne m’a jamais écouté.
Quand je suis devenue adolescente, je me détestais encore plus, comme vous pouvez l’imaginer. Ma mère me rappelait souvent qu’elle me trouvait belle mais ça ne comptait pas, c’est ma mère, bien sûr qu’elle est censée me trouver belle. Et puis…. Alek Wek arriva.
Un mannequin qu’on célébrait, elle était aussi noire que la nuit, elle était sur tous les podiums et dans tous les magazines. Tout le monde parlait de sa beauté. Même Oprah Winfrey la trouvait belle et ça en faisait quelque chose de vrai. Je n’arrivais pas à croire que les gens trouvaient belle une femme qui me ressemblait autant. Le teint de ma peau avait toujours été un obstacle à surmonter et tout d’un coup, Oprah me disait que ça ne l’était pas. J’étais perplexe et je voulais m’y opposer car j’avais déjà commencé à profiter de la séduction qu’il y a dans l’inadéquation. Mais une fleur avait déjà commencé à grandir en moi depuis que j’avais vu Alek, elle était mon reflet et je ne pouvais pas le nier.
J’avais désormais du ressort, parce que je me sentais plus remarquée, plus appréciée par les lointains gardiens des portes de la beauté. Mais autour de moi, les choses n’avaient pas changé, je n’étais toujours pas belle. Et ma mère me répétait encore qu’on ne pouvait pas manger la beauté, que ce n’était pas quelque chose qui nous nourrit. Ces mots me dérangeaient, je ne les comprenais pas jusqu’à ce que je réalise que la beauté n’est pas quelque chose qui s’acquiert ou s’achète, c’est quelque chose qu’il faut juste être.
Et ce que ma mère voulait dire par « on ne mange pas la beauté » c’est qu’on ne peut pas dépendre de ce à quoi on ressemble pour exister. Ce qui est fondamentalement beau c’est la compassion pour soi-même et ceux qui vous entourent. Ce type de beauté enflamme votre coeur et enchante votre âme. C’est ce qui a créé tant d’ennuis entre Patsey* et son maître, mais c’est aussi ce qui a fait que son histoire soit encore connue jusqu’aujourd’hui. On se souvient de la beauté de son esprit même après que la beauté de son corps ait disparu.
J’espère donc que ma présence sur les écrans et dans les magazines puisse, chère jeune fille, te mener sur le même chemin. Que tu ressentiras l’acceptation de ta beauté extérieure mais aussi, que tu travailleras à être belle de l’intérieur.
Il n’y a aucune honte dans la beauté noire.
*Patsey est le personnage incarné par Lupita Nyong’o dans « 12 years a slave ».
2 commentaires -
Par Pestoune le 30 Juillet 2014 à 22:13
Ma féroce amie,
Ma pauvre tête est bien malade, et je ne puis plus me lever le matin. Ce soir, j'ai parcouru (des heures) sans te trouver nos endroits. que la mort me serait douce ! et comme mon agonie est longue. Pourquoi ne m'as-tu pas attendu à l'atelier. où vas-tu ? à quel douleur, j'étais destiné. J'ai des moments d'amnésie où je souffre moins, mais aujourd'hui, l'implacable douleur reste. Camille ma bien aimée malgré tout, malgré la folie que je sens venir et qui sera votre oeuvre, si cela continue. Pourquoi ne me crois-tu pas ? J'abandonne mon Salon [ou : Dalou ?] la sculpture ; Si je pouvais aller n'importe où, un pays où j'oublierai, mais il n'y en a pas. Il y a des moments où franchement je crois que je t'oublierai. Mais en un seul instant, je sens ta terrible puissance. Aye pitié méchante. Je n'en puis plus, je ne puis plus passer un jour sans te voir. Sinon l'atroce folie. C'est fini, je ne travaille plus, divinité malfaisante, et pourtant je t'aime avec fureur.
Ma Camille sois assurée que je n'ai aucune femme en amitié, et toute mon âme t'appartient.
Je ne puis te convaincre et mes raisons sont impuissantes. Ma souffrance tu n'y crois pas, je pleure et tu en doute [sic]. Je ne ris plus depuis longtemps, je ne chante plus, tout m'est insipide et indifférent. Je suis déjà mort et je ne comprends plus le mal que je me suis donné pour des choses qui me sont si indifférentes maintenant. Laisse-moi te voir tous les jours, ce sera une bonne action et peut-être qu'il m'arrivera un peu mieux, car toi seule peut me sauver par ta générosité.
Ne laisse pas prendrai à la hideuse et lente maladie mon intelligence, l'amour ardent et si pur que j'ai pour toi enfin pitié ma chérie, et toi-même en sera récompensée.
Rodin
Je t'embrasse les mains mon amie, toi qui me donne [sic] des jouissances si élevées, si ardentes, près de toi, mon âme existe avec force et, dans sa fureur d'amour, ton respect est toujours au dessus. Le respect que j'ai pour ton caractère, pour toi ma Camille est une cause de ma violente passion. ne me traite pas impitoyablement je te demande si peu.
Ne me menace pas et laisse toi voir que ta main si douce marque ta bonté pour moi et que quelques fois laisse là, que je la baise dans mes transports.
Je ne regrette rien. Ni le dénouement qui me paraît funèbre, ma vie sera tombée dans un gouffre. Mais mon âme a eu sa floraison, tardive hélas. Il a fallu que je te connaisse et tout a pris une vie inconnue, ma terne existence a flambé dans un feu de joie. Merci car c'est à toi que je dois toute la part de ciel que j'ai eue dans ma vie.
Tes chères mains laisse les sur ma figure, que ma chair soit heureuse que mon cœur sente encore ton divin amour se répandre à nouveau. Dans quelle ivresse je vis quand je suis auprès de toi. Auprès de toi quand je pense que j'ai encore ce bonheur, et je me plains. et dans ma lâcheté, je crois que j'ai fini d'être malheureux que je suis au bout. Non tant qu'il y aura un peu d'espérance si peu une goutte il faut que j'en profite la nuit, plus tard, la nuit après.
Ta main Camille, pas celle qui se retire, pas de bonheur à le toucher si elle ne m'est le gage d'un peu de ta tendresse.
Ah! divine beauté, fleur qui parle, et qui aime, fleur intelligente, ma chérie. Ma très bonne, à deux genoux, devant ton beau corps que j'étreins.
Rodin
Un couple maudit, trop passionnés, ils se sont aimés à se déchirer. Leurs oeuvres auraient-elles eu la même profondeur sans leur rencontre ? Nous ne le saurons jamais mais j'aime à le croire. Rodin était déjà bien installé lors de sa rencontre avec Camille et pourtant elle a su lui faire voir d'autres perspectives. Il se plaignait de la folie qui le gagnait et pourtant c'est elle, qu'elle a emporté dans ses filets.
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Par Pestoune le 28 Juin 2014 à 22:12
" Charlestown, 18 Août 1927,
Mon fils, mon compagnon,
Je veux t'écrire avant que nous partions
A la Maison de la mort car le 22, après minuit,
Vers la chaise électrique on nous poussera…
Pourtant, me voici empli d'amour
Et cœur ouvert, aujourd'hui comme hier.
Si j'ai cessé la grève de la faim, l'autre jour,
C'est parce que la vie s'en allait de moi…
Hier, par cette grève, je parlais fort…
Je proteste encore au nom de la vie, contre la mort.
Trop de larmes inutiles ont coulé,
Comme celle de ta mère,
Pour rien, pendant sept ans; alors ne pleure pas,
Sois fort et tu pourras la réconforter…
Et si tu voulais lui faire oublier
Sa solitude sans colère,
Emmène-là marcher, longtemps,
Dans la campagne…
Et à l'ombre des bois fais-la reposer…
Écoutez la musique du ruisseau qui murmure
Et la paix tranquille de la Nature…
Dans ta course vers le bonheur,
Arrête-toi, mon fils, cherche l'horizon :
Aide les faibles, les victimes et les persécutés,
Car toujours ils seront tes meilleurs amis.
Comme ton père et Bartolo, ils luttent
Et tombent pour tous et pour la liberté…
Au combat de la vie, tu trouveras l'amour
Et tu seras aimé : c'est ton droit aussi…
Faites comprendre au monde
Que rien n'est terminé :
On ne peut tuer nos corps,
Mais jamais nos idées.
C'est tout le Massachusetts
Qui portera dans l'avenir la honte de ce temps.
Qu'une école remplace enfin cette maison,
Que des rires d'enfants effacent les prisons.
N'oublie pas de m'aimer un peu
Comme je t'aime, oh petit homme ;
J'espère que ta mère t'aidera à comprendre
Ces mots que je te donne… Adieu mon garçon.
Je t'envoie le salut de Bartolo.
Ton père et ton camarade,
Nicola Sacco "
Bartolomeo Vanzetti & Nicolas Sacco, anarchistes italiens vivant aux Etats-Unis, ont été victimes d'une conspiration politico-judiciaire et arrêtés en mai 1920, accusés d’avoir assassiné deux employés de banque. Une accusation infondée car les deux hommes avaient des alibis en béton et malgré les témoignages irréfutables les innocentant, malgré les aveux d’un autre homme, ils seront condamnés à mort en 1921. Pendant toute la durée de la détention, ils ont muliplié les démarches et demandes de révision de peine jusqu’à leur exécution dans la nuit du 22 au 23 août 1927. Cette lettre testament adressée à son fils de Sacco écrite quatre jours avant son exécution est terriblement émouvante mais témoigne aussi d’un sang-froid étonnant…
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