• Le conte du petit renardeau qui avait bien entendu ce qui était resté dans le silence

     

    Ce qui ne se dit pas se parle quand même, avec une infinité de langages non verbaux et de passages à l’acte.

     

    Il était une fois un petit renardeau – je devrais dire d’ailleurs un grand renardeau - qui avait remarqué que dans sa maison, quand sa mère était absente, lui et les autres membres de la famille cassaient beaucoup d’objets. Plus particulièrement dans la cuisine. Non pas que chez lui on se parlait comme dans certaines familles humaines « à coups de vaisselle cassée », ou qu’on réglait des comptes à travers des actes manqués en laissant tomber, sans le vouloir, une assiette, un bol ou un plat, mais les faits étaient là : certains jours, il y avait beaucoup de dégâts ! Non seulement la vaisselle mais aussi le mobilier, comme par hasard, en prenait un « sacré coup » à chaque absence de la mère. Cela ne se faisait pas intentionnellement, mais cela arrivait, « sans faire exprès », sans volonté précise de la part des uns et des autres.

    Il se trouve que cette mère avait de nombreuses activités à l’extérieur, pour lesquelles il lui arrivait de s’absenter plusieurs jours. Tout se passait, semble-t-il, comme si l’absence de cette femme déstabilisait quelque chose, créait une insécurité et peut-être aussi une interrogation chez les uns et les autres ; D’ailleurs ses frères et sœurs renardeaux s’interrogeaient : que faisait-elle ailleurs   Comment vivait-elle en dehors d’eux ? Et est-ce qu’elle allait revenir, reprendre sa place, assurer l’équilibre de cette famille ?

     

    Il est souvent difficile d’exprimer à l’égard de quelqu’un qu’on aime ou qui est important pour nous nos sentiments réels, en particulier nos sentiments négatifs. D’oser dire les amertumes, les reproches, les ressentiments que l’on peut avoir envers celui ou celle qu’on aime et qui n’est pas là, qui nous laisse dans l’angoisse ou le doute.

    Ce renardeau proposa un jour à sa mère de laisser une grande photo d’elle dans la cuisine durant ses absences. « Comme ça, on sait que tu existes ! »

    je crois que cet enfant avait bien entendu que si un lien est important, essentiel, il convient de le visualiser, de le représenter et surtout d’en prendre soin. J’aurais même envie d’ajouter, pour compléter son idée, qu’il serait intéressant que soit réservée une place dans la cuisine, sur la porte du frigidaire par exemple, pour mettre la photo, non seulement de la mère, mais aussi celles des autres membres de la famille, ainsi que, reliant chaque photo l’une à l’autre, un bout de laine, représentant le lien particulier qui existe entre chacun des membres de la famille.

    Cela permettrait d’ailleurs de montrer que dans une famille de renards constituée d’un papa, d’une maman, de deux sœurs et de trois frères, il y a beaucoup de liens à représenter, de différentes grosseurs et de longueurs variables pour symboliser les relations proches ou plus lointaines.

     

    Chez les renards, les enfants sentent très vite quand le lien conjugal des parents est maltraité ou en péril.

    Ils ont besoin d’être réassurés sur la solidité du lien qui les relie au père et à la mère. Ils ont la conscience intuitive que ce qui est mis en danger implicitement dans une rupture prévisible, c’est la perte du lien privilégié que chacun peut avoir avec l’autre. Ils savent que c’est la confiance dans la force et la solidité du lien, plus que la présence, qui assure la sécurité, l’apaisement et l’espoir.

    Depuis que ces liens sont montrés, j’ai entendu dire qu’il y avait moins de vaisselle cassée dans cette famille de renards

                                           Jacques SALOME

                            Contes d’errances, contes d’espérance

     

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  • Commentaires

    1
    Mardi 5 Avril 2022 à 06:39

    Des paroles sages à méditer....

    Très bonne journée et gros bisous.

    2
    Mardi 5 Avril 2022 à 08:37

    Et oui 

    La bienveillance, l'écoute ne sont pas toujours  innées

    Merci Brigitte

    Bon mardi 

    3
    Mardi 5 Avril 2022 à 15:37

    bonjour brigitte

     certainement un joli conte pouvant passionner les petits et les grands attentive à cette petite histoire j'ai bien aimé le fond,, merci brigitte belle journée et gros bisous monette

     

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