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Par Pestoune le 14 Mars 2024 à 20:55
Ses débuts
Suzanne Noël, née Suzanne Blanche Marguerite Gros le 19 janvier 1878 à Laon (Aisne).
A l’âge de 19 ans, elle épouse le dermatologue Henry Pertat, jeune médecin prometteur. Son destin semble tout tracé, épouse comme de bien entendu soumise à son mari, mère, femme au foyer. Mais Suzanne n’est pas faite de ce bois-là.
Bravant tous les préjugés de l’époque, elle qui n’a fait que les études dévolues aux jeunes filles de province, Suzanne décide avec l’accord et le soutien de son mari, de passer son baccalauréat pour commencer des études de médecine. Elle est nommée externe des hôpitaux en 1908.
Elle commence son externat chez le professeur Morestin, pionnier de la chirurgie maxillo-faciale. A peine arrivée, elle assiste à l’intervention du professeur sur une fillette défigurée par une brûlure. Sa vocation est posée, elle sera chirurgien esthétique.
Il lui faudra de l’opiniâtreté, de la persévérance pour mener ses études, les hommes tant professeurs qu’étudiants, ne seront pas tendres avec elle.
Suzanne Pertat, fait connaissance dans le service du Professeur Brocq, d’un de ses collègues André Noël dont elle tombe amoureuse et devient sa maîtresse. Elle donne naissance à une fille, Jacqueline en 1908 sans être assurée de la paternité de cette enfant.
En 1912 Suzanne achève son internat et se spécialise dans le domaine de la chirurgie maxillofaciale.
Höpital Saint-Louis. Extr du Livre d'or de l'Internat des hôpitaux de Paris 1914-1919. Collections de la BIU Santé. (Suzanne Pertat est la seule femme du groupe.)
Première cliente : Sarah Bernard.
Suzanne est amenée à soigner la comédienne Sarah Bernhardt à la suite d’un lifting pratiqué aux États-Unis ayant abouti à un demi-échec ;
Suzanne nous raconte elle-même les faits : « En 1912, une de nos grandes artistes revint d'Amérique, et tous les journaux racontèrent comment, à la suite d'une opération pratiquée dans le cuir chevelu, elle avait retrouvé une jeunesse surprenante. Ce récit me frappa beaucoup, et sur mon propre visage j'essayais, avec les doigts, de pincer la peau en différents sens pour en rectifier les plis. Je fus étonnée des résultats. Ainsi renseignée, j'allais trouver l'artiste en question. Elle me reçut d'une façon charmante, m'expliqua ce qui lui avait été fait aux États-Unis. Il lui avait été prélevé, dans le cuir chevelu, une simple bande allant d'une oreille à l'autre. Si le résultat avait été assez efficace pour le haut de la face, en atténuant les rides du front et en effaçant la patte d'oie, il n'avait en rien modifié le bas du visage.
Notre vedette fut très séduite par mes explications, et je dois dire qu’elle fut une de mes premières clientes lorsque j’eus mis au point tout ce dont je lui avais parlé. Dès ce moment, sur des sujets de bonne volonté qui se présentèrent, je pratiquai de timides interventions dont je souris maintenant, mais qui me firent comprendre tout ce qu’on pouvait attendre d’opérations plus larges. J’essayai même de travailler sur le muscle mais j’y renonçais rapidement, ce procédé nuisant beaucoup aux interventions possibles pour l’avenir. »
Première guerre mondiale
Henri Pertat et André Noël partent tous les deux au front. Suzanne rejoint le professeur Morestin à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce, auprès duquel elle se forme rapidement aux techniques extrêmement délicates de la chirurgie réparatrice. Elle est autorisée, en ces temps de guerre, comme tous les internes, à exercer la médecine sans avoir à soutenir de thèse, dans de dures conditions matérielles. Elle doit faire face à des difficultés pour faire vivre sa fille et sa mère réfugiée.
Cette guerre aura fait des centaines de milliers d’infirmes et d’estropiés dont les Gueules Cassées. Avec le professeur Morestin, Suzanne va tout faire pour redonner face humaine à des centaines d’hommes. Car Suzanne est une chirurgienne extraordinaire. Elle pratique transplantations et greffes jamais osées auparavant, pour refaire des visages humains.
Entre deux guerres
Dans sa vie personnelle, Suzanne va devoir affronter des drames.
Son mari meurt des suites de la guerre à la fin 1918 âgé de 49 ans. En janvier 1922, la petite Jacqueline meurt subitement de la grippe espagnole, puis en août 1924, André Noël, avec lequel elle s'était remariée, éprouvé par la perte de leur fille, se suicide.
La chirurgie esthétique occupe dès lors une place fondamentale dans sa vie : elle soutient sa thèse en 1925 et étend ses activités de chirurgie, jusque-là confinées au visage, aux autres parties du corps (remodelage des seins, des fesses, des cuisses, dégraissage de l'abdomen et des jambes), ce qui l'amène à inventer des techniques (dégraissage par aspiration) et des instruments (craniomètre, gabarits) encore utilisés aujourd'hui.
Impliquée dans la cause des femmes, elle organise en 1923 une manifestation pour appeler les femmes qui travaillent à ne pas payer d'impôts puisque l'État ne leur reconnaît aucun droit. Elle est alors contactée par deux femmes américaines fondatrices d'un club féminin : les Soroptimist qui défend les femmes dans la conquête de leurs droits. Elle se lance avec enthousiasme dans l’organisation du 1er club Soroptimist en France, d’autres suivront. Elle est d’ailleurs une féministe convaincue, portant volontiers sur son chapeau un ruban bleu avec l’inscription "je veux voter". Suzanne Noël mène alors deux activités : la chirurgie esthétique et le militantisme féministe.
En 1928, elle reçoit la Légion d'honneur et la reconnaissance de la nation, pour sa contribution à la notoriété scientifique de la France sur la scène internationale.
Au printemps 1936, elle est opérée de la cataracte et réalise qu'elle ne peut plus exercer au même rythme qu'avant.
La seconde guerre mondiale et après guerre.
Pendant cette guerre, Suzanne entre dans la clandestinité, elle modifie les visages de résistants ou de juifs recherchés par la Gestapo. À la Libération, elle intervient pour effacer les séquelles physiques de déportés des camps de concentration nazi.
Elle donne des conférences dans le monde entier, tant pour promouvoir l’émancipation des femmes que pour vanter les bienfaits de la chirurgie plastique.
Elle meurt à son domicile parisien des suites d'une fracture du fémur le 11 novembre 1954, à 76 ans. Une plaque commémorative y a été apposée en septembre 2018. Elle est inhumée avec ses proches, Jacqueline (1908-1922) et le docteur André Noël (1885-1924), au cimetière de Montmartre.
Une fondation Suzanne Noël récompense maintenant tous les deux ans une jeune femme chirurgien se destinant à la Chirurgie Plastique et Esthétique.
Pionnière, spécialisée en chirurgie esthétique, chirurgienne des soldats gravement blessés au visage, les "Gueules cassées", militante féministe, engagée dans Soroptimist international, fondatrice du club France, Suzanne Noël était une femme d'exception.
https://www.youtube.com/watch?v=ExiboAPAO38
Sources
https://www.biusante.parisdescartes.fr/sfhm/hsm/HSMx1988x022x001/HSMx1988x022x001x0021.pdf
https://www.aaihp.fr/Histoire/Suzanne-Noel.pdf
https://fr.wikipedia.org/wiki/Suzanne_Noël
https://www.salientwomen.com/2020/10/07/biography-of-suzanne-noel-french-surgeon/
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Par Pestoune le 14 Février 2024 à 20:55
Toujours vêtue de bleu et le sourire aux lèvres, Andrée Fauchère est une figure incontournable de la vallée d’Evolène. Première femme gardienne de cabane de Suisse en 1975, elle fait alors sensation dans un milieu très masculin. Andrée a vécu mille vies avant de se concentrer sur son actuelle activité d’herboriste et sa plante de prédilection, la Rhodiola rosea, qu’elle cultive à 2000 m d’altitude. Une vie trépidante émaillée de nombreux drames personnels, qu’Andrée a su surmonter grâce à son amour de la nature et des gens.. Sa résilience, son énergie impressionnent et à 80 ans, Andrée a toujours des projets plein la tête.
Belle leçon de vie qui nous montre comment le positivisme peut aider à vivre, voire sauver. Aller de l'avant, aimer, s'émerveiller, se passionner, quelle vie, quel courage. Andrée est un exemple de vie.
https://www.youtube.com/watch?v=CcJAgyJTcuI
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Par Pestoune le 23 Novembre 2023 à 20:55
Au Brésil, de nombreuses communautés sont disséminées le long des rivières du bassin Amazonien. On appelle les habitants de ces villages reculés les Ribeirinhos : ceux qui vivent sur les berges.
Là-bas, on dit d’une femme enceinte qu’elle a un pied dans la tombe. Sans eau courante, sans électricité, sans assistance médicale, ces jeunes mères s’en remettent au savoir traditionnel des sages-femmes qui les aident à affronter la tempête de l’accouchement.
Dona Ilda, âgée de 93 ans, raconte: “J’avais 15 ans lorsque j’ai assisté pour la première fois à un accouchement. Il est arrivé les pieds en premier. Dieu m’a aidé, et je m’en suis sortie.”
Elle n’est pas la seule. Dès lors qu’une jeune mère est sur le point de donner naissance à un enfant, on envoie une pirogue chercher une sage-femme de l’Amazonie. Si elle arrive à temps, elle accompagnera la jeune femme dans cette épreuve. L’isolation géographique et sociale, le manque de service médical, ne leur laissent guère le choix et maintiennent la tradition en vie.
Documentaire : Amazonie, la vie au bout des doigts
Réalisation : Stéphanie Pommez
Production : ZEDMagnifique histoire de vie et de mort selon la loi de la Nature. Des gestes ancestraux pour un acte naturel qui est et reste toujours un acte à risque tant pour la mère que pour l'enfant. Accoucher n'est pas anodin. Je suis admirative de ses femmes ayant appris sur le tas, comme on dit, qui pratiquent des rites ancestraux pour amener à la vie ce petit être qui s'est développé au sein de la maman.
Merveilleux documentaire
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Par Pestoune le 12 Octobre 2023 à 20:55
Née en 1755 et morte en 1842, c'est sans doute grâce à cette exceptionnelle longévité que Elisabeth Louise Vigée Le Brun traversera de multiples événements historiques ; née sous le règne de Louis XV, elle connut les prémices de la Révolution, vécut sous l'Empire, la Restauration et la monarchie de Juillet, fut fêtée dans les plus grandes cours d'Europe et gagna outre la postérité, les cachets parmi les plus élevés de son temps.
Son exil pendant la Révolution nous conduit en Suisse, en Italie, en Autriche, en Russie et en Angleterre dans les musées et les collections privées à la découverte des portraits des femmes et des hommes les plus influents des cours Européennes de l'époque. Reconstitutions historiques, scènes de fiction, interviews d'historiens, écrivains... tous spécialistes du XVIIIème siècle, composent ce riche documentaire (2 x 52mn), à la découverte des oeuvres de Vigée le Brun et à travers elles, une grande page de l'histoire de l'Europe.
un film d'Arnaud Xainte
Elle a été un peintre de renom et libre penseur, Elisabeth Louise Vigée Le Brun est toujours considérée comme en avance sur son temps. 90 ans de vie trépidante et passionnante sont racontés dans ce fabuleux documentaire.
Historiquement la seconde partie est plus intéressante. Artistiquement, c'est la première. Donc si vous ne voulez pas voir les deux (ce qui serait dommage) faites vos choix en fonction de vos centres d'intérêt.
https://www.youtube.com/watch?v=0zRceOSQzho
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Par Pestoune le 25 Août 2023 à 20:55
Une des premières femmes soldat d'élite au Tchad, Rose Lokissim entre en résistance contre Hissène Habré et ses exactions. Elle n'a eu de cesse de dénoncer les crimes du dictateur. Elle a consigné par écrit les témoignages sur les horreurs commises par la police politique, le régime politique et son président et elle les a fait passer à l'extérieur.
Elle est arrêtée le 14 septembre 1984. Elle est incarcérée avec les détenus politiques, seule femme parmi soixante hommes, et torturée pendant huit mois. Puis elle est transférée dans une cellule réservée aux femmes.
« Parler de Rose » narré par Juliette Binoche et dirigé par Isabel Coixet raconte la vie et la mort de de cette femme extraordinaire, cette insoumise.
Les codétenus de Rose se souviennent d’une femme courageuse qui maintenait le moral des prisonniers et qui notait les noms des torturés et des exécutés pour informer secrètement leurs familles se trouvant à l’extérieur. La DDS, la police politique du régime, a appris l’existence de ces messages, et a exécuté Rose Lokissim en 1986. Parmi les archives de la DDS récupérées en 2001 par Human Rights Watch figurait le procès-verbal du dernier interrogatoire de Rose Lokissim. Ses bourreaux notèrent qu’elle ne craignait pas ce qui pouvait lui arriver. Même si elle devait mourir au cachot, avait-elle dit, « le Tchad la remerciera et l’Histoire parlera d’elle ».
En juillet 2015 s'est ouvert le procès de Hissène Habré à Dakar par les chambres africaines extraordinaires, juridiction spéciale créée par le Sénégal et l'Union Africaine (UA). Il a été condamné à la prison à perpétuité en appel en 2017. Cette condamnation est une victoire posthume pour Rose Lokissim et pour toutes les victimes.
https://www.youtube.com/watch?v=FQyWXdjY1Ms
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