• Yveline Méhat Des joies du troc

     

    Amuseurs de tout poil, ceci est une fable

    Pour votre grand profit.

    Un rural de naguère, les deux bras vigoureux mais la bourse légère, en plantant un poteau, fit s’envoler le fer de son marteau, tout droit dans la rivière.

    Il tempêta, pesta, se maudit, réfléchit, car ce gaillard n’était pas homme à pleurer sur sa misère.

    -      Je sais ce qu’il faut faire.

    Et d’un pas résolu il partit pour le bourg.

    Là, il n’y avait qu’une seule boutique, où l’on vendait de tout, gamelles, couvertures, jeux de cartes, lapins et cetera. Il entra. Un carillon tinta gaiement. Le marchand, derrière son comptoir, jovial et bedonnant, l’accueillit :

    -      Eh bien, on ne te voit pas souvent par ici, tu as besoin de quelque chose ?

    Sans embarras, le brassier répondit :

    -      Je te parie que j’éteins quinze bougies d’un seul pet.

    -      Ah, ça, j’aimerais bien le voir.

    -      Si j’y arrive, tu me donneras un marteau ?

    -      Ça le vaut bien, en convient l’épicier.

    Tout le jour confiné dans sa boutique sombre, il soupirait, parfois, de la monotonie des heures. Il aligna les lumignons, les alluma et attendit.

    C’était un talent qu’il avait, l’ouvrier, il ne s’en vantait guère d’ordinaires, mais bon. Il se plaça devant la file, et, les mains aux genoux, inspira l’air voulu, en se gonflant du bas. Avec adresse et précision il modula vers les flammèches un long zéphyr plein d’allégresse, qui les balaya d’un seul trait.

    -      Et en plus, ça ne sent rien : s’ébaubit le marchand, se tenant la panse à  eux mains. Ah, tu l’as bien mérité, ton marteau, voilà une fameuse histoire à raconter. Tu m’as réjoui la tripe, tiens, je te l’emballe ?

    A ce moment, l’homme lâcha une mitraille dep petits pets bien calibrés, sur un air de tarentelle.

    -      Quoi, il t’en reste encore ?

    -      C’est que j’aurais aussi besoin de quelques clous.

    Il en eut un plein paquet, de toutes les tailles.

    C’est ainsi, mes amis, que l’on paye en nature.

    Car ce dont Dieu nous a fait don,

    Faut pas qu’ce soit d’la confiture

    A des cochons.

    Yveline Méhat   extrait de  Le Marchand de Pets parfumés et autres contes inconvenants.

     

    prout


     
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