Encore une page d’histoire que l’on connait pas ou peu celle de ces travailleurs chinois qui sont venus en France lors de la 1^ère guerre mondiale pour pallier le manque de main d’œuvre masculine. Hommes à tout faire, on les trouve dans les tranchées, dans les mines, dans les usines. 10 000 d’entre eux laisseront leur vie pendant cette période.

L’histoire se situe au Nord de la France près des tranchées en 1917.  Plusieurs chinois de condition modeste avaient accepté de venir travailler en France. Aucun ne s’est imaginé qu’ils deviendraient des prisonniers, des bêtes de somme en butte au racisme des Français. Leur vie se déroule  sous la surveillance des Britanniques, à travailler sous les quolibets et la suspicion des habitants des lieux.

Seule Petite Marie osera offrir un peu d’humanité à I-Se un chinois juif qu’elle appellera Isaïe. Mais son oncle la tuera après l’avoir violée et fera retomber la responsabilité de son crime sur le jeune chinois. Et c’est la curée, tout le monde préfère croire à la responsabilité de l’étranger. Persuadé de son innocence, un officier avec l’aide de deux  travailleurs compatriotes va organiser son évasion.

Commence pour Isaïe une fuite qui le mènera à Paris où un étrange melting pot se côtoie entre les ouvriers en grève, les lointains échos de la guerre, les marginaux divers, les étrangers de toutes origines. On y parle d’oppression, de révolution mais tout cela se révèle n’être que théories.

Errance, doute seront les compagnons d’Isaïe, mais ne se fuirait-il pas lui-même ? Rejeté comme chinois, rejeté comme juif comment trouver une harmonie dans tout ça.

Un roman émouvant qu’il faut absolument lire. Outre la page d’histoire, il y a beaucoup d’émotions à suivre la vie de ces malheureux, mais de la colère aussi de voir qu’encore et toujours certains se croient suffisamment supérieurs pour écraser d’autre dans la misère et dans la haine.