Souad est née dans un pays où la vie d'une femme  n'est rien : la Cisjordanie.  Etre une femme dans ce pays, est déjà un crime. Les femmes travaillent comme des bêtes de somme dès le plus jeune âge, sont battus et séquestrées. Pour échapper à cet univers hostile, elles espèrent se marier le plus vite possible mais ce ne sera que pour retomber sous le joug d'un mari. Or dans ces familles, on se marie dans l'ordre de naissance, les aînées d'abord.

C'est le cas de Souad, mais sa soeur ne trouve pas à se marier et Souad espère épouser son voisin Faiez. Celui-ci lui fait des promesses et Souad lui offre sa virginité, certaine qu'il tiendra sa parole.  Mais elle tombe enceinte et Faiez prend la fuite. C'est un déshonneur pour la famille, Souad est une « charmuta ». Un jour, alors qu’elle lave le linge, son beau frère l’arrose d’essence et met le feu. Elle crie, elle hurle, elle court dans tous les sens, elle brûle…Dans son pays c’est ce qu’on appelle un « crime d’honneur », Souad est brûlée vive pour éviter la honte et sauver l’honneur de sa famille. La douleur est insupportable la jeune femme perd connaissance. Elle se réveille dans un hôpital. Aucun soin ne lui est administré, personne n’ose s’approcher de son lit et c’est dans ces circonstances que son enfant naît.

Jacqueline de l’association « Terre des Hommes »apprend son histoire. Horrifiée, elle veut sauver Souad. Elle parvient à conduire la jeune femme et son fils en Europe. Arrivée là bas, elle est soignée et Jacqueline leur trouve une famille d’accueil. Une nouvelle vie commence. Souad apprend à s’intégrer dans ce nouvel environnement. Elle découvre la liberté et, peu à peu, reprend goût à la vie.

Aujourd’hui, Souad est mariée, elle est mère de deux filles et a repris contact avec son fils. Son combat est de dénoncer les atrocités dont elle a été victime. Elle n’oubliera jamais son ancienne existence, son corps porte pour toujours des traces et son esprit est marqué à vie.

La femme est, dans de nombreux pays, considérée comme une chose insignifiante. L'histoire de Souad en est la triste constatation.  Son récit est dur, choquant. C'est un témoignage au nom de toutes les femmes vivant chaque jour de leur triste vie ces horreurs, subissant l'humiliation, étant en danger de mort pour un simple regard.  Ce livre exprime le quotidien de millions de femmes par le monde, qui ne connaissent rien d'autre qu'être une bête de somme. Ce qui nous parait incompréhensible, est parfaitement naturel pour ses femmes. Ne connaissant pas
d'autres façons de vivre une vie, elles sont victimes consentantes et bourreaux à la fois d'autres femmes. De son propre aveu, Souad avec ses mots simples, explique qu'elle aurait raisonné de la même façon : "Si j'’avais vécu là-bas, je serais devenue normale, comme ma mère qui a étouffé ses propres enfants... Maintenant,  je pense que c’est monstrueux ! Mais si j’étais restée là-bas,  j’aurais fait pareil!’


Cette oeuvre est originale car les femmes survivantes de crime d'honneur sont très rares. Beaucoup ont été retrouvées et tuées par la suite, et beaucoup d'autres se cachent. Souad a eu le courage de se dévoiler à travers ce livre témoignage qui donne la rage de lutter contre l'obscurantisme (la censure, l'opposition à la diffusion du savoir). Que de combat faut-il encore à la femme avant qu'elle ne soit respectée. La femme qui est le soutien des familles, elle qui porte la famille à bout de bras, qui cajole, qui guérit, qui organise. Combien de journées en une vit-elle
quotidiennement entre la mère, la ménagère, l'épouse, la jardinière parfois et la vie dans le monde du travail. Le combat pour sa libération doit continuer. Il faut que toutes les femmes aient conscience de leur valeur et refusent de se laisser enfermer dans un carcan.