C’est un livre terrible qui raconte sous forme de journal l’injustice faite aux victimes nées dans les Lebensborn durant la seconde guerre mondiale.

Hildegarde Müller a 76 ans. Elle est née dans un Lebensborn. Elle ne sait pas qui sont ses parents, elle n’a pas eu de foyer, pas d’amour, elle n’a quasi pas été scolarisée. Elle est orpheline de parents, de passé, d’histoire et pourtant elle porte le poids des fautes commises par les SS.

Au cœur des Lebensborn, des femmes sélectionnées pour la pureté de la race étaient offertes à des SS pour créer des enfants ayant tous les standards de la race aryenne. Des femmes volontaires, des femmes esclaves, des prisonnières mais aussi des femmes collabos ayant eu une relation avec un SS et se trouvant enceintes. Entre 9000 et 12000 enfants sont nés dans les Lebensborn allemands, norvégiens et français. Mais des enfants enlevés notamment dans les pays d’Europe de l’Est y étaient aussi amenés. Une sélection rigoureuse était faite parmi ses enfants. Ceux qui étaient considérés purs étaient gardé et les autres étaient tués ou offert pour des expériences pseudo-scientifiques.

Hildegarde porte en elle le poids de cette faute commise par les Nazis. Elle souffre parce que le statut de victime ne lui a jamais été octroyé parce que la souffrance de ces enfants devenus adulte n’a aucune légitimité aux yeux de la population face aux victimes des camps de la mort. Les enfants des Lebensborn n’ont jamais eu droit à la parole, ni même une écoute. Et les sobriquets, les désignant, sont nombreux. 

Mais à la fin de sa vie, Hildegarde a besoin de savoir qui elle est, dans quelle condition elle est née, qui sont ses parents. C’est avec l’aide d’un écrivain qu’elle tente de coucher sur le papier son ressenti et qu’elle se raconte.

Ce livre est bouleversant. Il aborde une page de l’Histoire dont on a peu parlé. Il rend justice à des victimes innocentes de monstres mais qui auront passé leur vie à porter la faute de leurs créateurs et bourreaux. Elles auront été considérées comme coupables d’être nées.

extraits :

« J’ai pas de famille. Pas de famille et pas d’identité. Pas de nationalité dont je sois certaine. Un nom, un prénom et une nationalité d’emprunt Tout ce qui est d’emprunt doit être remboursé. Ou rendu. J’ai souvent eu peur qu’on frappe à ma porte et qu’on m’ordonne de rendre mon nom, mon prénom et ma nationalité. « Ils ne sont pas à vous ! » Je ne suis pas à moi. Je ne m’appartiens pas. »

« « Orpheline du Mal » . « Enfant d’Hitler ». « Enfant d’Himmler ». « Fille de boche ». « Enfant de la honte ». « Fille du Troisième Reich ». « Graine de SS ».  « Enfant de l’ennemi ». « Enfant illégitime ». « Fille de collabo ». C’est comme ça qu’on m’appelle. Comme nous n’avions pas de nom, on nous a nommés de toutes ces façons. Et bien pire encore. Le nombre d’étiquettes qu’on nous aura collées… Nous sommes des orphelins maudits. »

Citation d’Hannah Arendt : « … Le plus grand mal du monde est le mal accompli par des personnes insignifiantes. Le mal est accompli par des gens qui n’ont aucun motif, aucune conviction, ne sont pas méchants, ou n’ont pas  d’intention démoniaque. Par des gens qui refusent d’être humains. Et c’est justement ce phénomène que j’ai appelé la banalité du mal. »