• Méditation pour le Jeudi-Saint

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    Une belle méditation du texte du Jeudi (Saint Jean 13, 1-15) que nous offre la paroisse de Graffenstaden.  Une réflexion que j’avais envie de transmettre. Merci à eux d’avoir offert ce texte.

    C'était une belle fête de famille.

    Comme on en connaît encore aujourd'hui, pour le Noël, ou pour un anniversaire.

    C'était une belle fête de famille, avec les amis, ceux qu'on aime bien et

    ceux qu'on aime un peu moins, mais qu'on invite parce qu'il le faut bien.

    Une belle fête de famille avec une maison briquée qui respire la joie de vivre.

    Une table bien mise et des effluves de rôti qui s'envolent de la cuisine.

    Des rires, des sourires, des souvenirs que l'on partage en tendresse.

    C'était une belle fête de famille. Tout était prêt.

    Cela aurait pu, cela aurait dû...

    Etre une belle fête de famille.

    Mais comme souvent, il y a un qui trouble la pureté des rencontres.

    Il y en a un qui chante faux, qui sonne faux, qui sourit faux, qui rit faux et même qui a les souvenirs qui sont faux.

    Il y en a un qui ne se réjouit pas avec les autres. Parce que ce jour-là, ce soir-là, il n'est pas comme les autres.

    Cela aurait pu, cela aurait dû...

    Etre une belle fête de famille.

    Cela a déjà mal commencé lorsque la jeune femme a apporté la bassine pour la toilette.

    Alors, il s'est levé. D'un geste ferme et tendre, il a repoussé la jeune fille. Il lui a pris le linge des mains. Il l'a noué autour de ses reins.

    Alors il s'est mis à genoux, lui qui devait vivre debout. Ou à la rigueur assis, mais pas à genoux.

    Avec ses mains grandes et douces, il a lavé les pieds de ses amis. Les uns après les autres, les uns plus sales que les autres.

    Il y avait là les pieds poussiéreux de celui qui avait longtemps marché.

    Des pieds crevassés par les cailloux des chemins.

    Des pieds ensanglantés par les ronces des bas-côtés.

    Il y avait là les grands pieds des pêcheurs dans la barque, tannés par le soleil, burinés par le sel.

    Il y avait là les pieds innocents de la jeunesse et les pieds soignés du fonctionnaire qui voyage assis.

    Il y avait les pieds du maquisard, et des pieds hésitants, douteux, et les pieds de la trahison...

    Il y avait aussi des pieds de jeune fille, fins comme la liane qui pend de l'arbre, doux comme la mousse au pied du cèdre.

    Il les a tous lavés, les uns après les autres, en les essuyant avec le linge autour de sa taille.

    Tous, sauf deux... car il s'est arrêté devant des pieds durs comme la pierre. Des pieds qu'il ne devait pas toucher. Il les a lavés tout de même, malgré les réticences du propriétaire.

    Puis il a enlevé le linge, et il s'est assis, les pieds sales parmi les pieds lavés, les pieds impurs parmi les purs.

    Etonnement !

    Cela aurait pu, cela aurait dû...

    Etre une belle fête de famille.

    Puis il a continué son petit manège.

    "Il va me trahir". Mais comment peut-il dire cela un soir de fête de famille ?

    Cela jette un froid dans l'ambiance moelleuse de ce soir de fête. Le rôti sentait toujours aussi bon.

    Mais maintenant flottait aussi l'odeur du pain frais, qu'une main habile venait de décoller de la pierre brûlante.

    Et chacun se regarde. Comme pour voir en l'autre la petite étincelle qui trahira la trahison.

    Ca y est : l'ambiance est foutue.

    Colère

    Cela aurait pu, cela aurait dû...

    Etre une belle fête de famille.

    "Il va dire trois fois qu'il ne me connaît pas." Au point où on en était, un de plus ou un de moins, cela n'a pas grande importance. Il s'est reconnu, l'homme aux pieds de pierre, qui ne voulait pas être lavé. Lui, il sait que l'autre ne se trompe jamais.

    Honte

    Cela aurait pu, cela aurait dû...

    Etre une belle fête de famille.

    Ils sont assis autour de la table. Cela ne pouvait pas bien se passer. Ils étaient treize à table. Catastrophe. Personne n'avait fait attention. Personne n'avait vu venir.

    Alors, ils ont mangé, tranquilles. Chacun essayant d'oublier l'étonnement des pieds, la colère de la trahison, la honte du reniement.

    Elle était une excellente cuisinière. Le mouton était bon. La sauce aux herbes n'était pas trop amère, juste ce qu'il fallait pour se souvenir du premier repas, il y a longtemps de cela. Le pain était croustillant, le vin gouleyant.

    Puis il y en a un qui s'est levé. Il a récité comme son père le lui avait appris les phrases rituelles, avec des mots qui revenaient, des mots qui sentaient bon le bonheur, des mots comme liberté, salut, peuple.

    Cela aurait pu, cela aurait dû...

    Etre une belle fête de famille.

    Puis, tranquillement, sans hâte, sans brusquerie, il a pris une galette de pain. Il a dit merci à Dieu, comme c'est la coutume. Puis il l'a séparée, disant : "Prenez et mangez..." jusque-là, rien de surprenant. Ils connaissaient ces gestes rituels.

    "... Ceci est mon corps." Personne ne peut comprendre cela. Personne ne mange personne dans ce pays, chez ces gens-là.

    Il a aussi pris la coupe, toujours sans hâte et sans brusquerie. Il a dit merci à Dieu, comme pour la galette de pain, comme c'est la coutume. Puis il l'a tendu à son voisin en disant : "Buvez-en tous... " Jusque-là, tout va bien. Et déjà la main s'est tendue pour prendre la coupe. "... ceci est mon sang..." Mais qui peut comprendre cela ?

    De la suite, ils n'ont retenu que quelques mots : "... versé pour vous... pardon des péchés.... alliance nouvelle..."

    Ils se sont regardés.

    Consternation !

    Cela aurait pu, cela aurait dû...

    Etre une belle fête de famille.

    Puis ils sont sortis dans la nuit, pour une promenade digestive sous les oliviers du jardin. Le mouton se digérait facilement, mais tous ces mots, tous ces événements, toute cette soirée qui aurait pu, qui aurait dû être une belle fête de famille, tout cela passait mal, très mal. Ils avaient comme un poids sur l'estomac.

    Dans le jardin ils se sont allongés sous l'arbre. Il a continué. Quelques pas seulement. Mais tout un monde !

    Il priait. Ils dormaient.

    Il luttait. Ils capitulaient.

    Il les réveillait. Ils s'endormaient.

    Cela aurait pu, cela aurait dû...

    Etre une belle fête de famille.

    Enfin, il y a eu les soldats, et le traître avec son baiser fielleux. Un peu de remue-ménage, un peu de sang, puis plus rien dans le jardin, sauf un drap abandonné sous un olivier.

    Cela aurait pu, cela aurait dû...

    Etre une belle fête de famille.

    Mais voilà, c'était une fête de famille, qui comme tant d'autres, a mal fini.

    11 ne reste plus qu'à oublier, qu'à mettre une croix dessus. Demain sera un autre jour !

    Source :http:// http://www.paroisse-graffenstaden.com/Archives%202004/Meditation%20Jeudi%20Saint%2017%2004%202003.pdf

     

    Anima Christi, sanctifica me.

    https://www.youtube.com/watch?v=phGDR9y912s

    Anima Christi, sanctifica me.

    Corpus Christi, salva me.

    Sanguis Christi, inebria me.

    Aqua lateris Christi, lava me.

    Passio Christi, conforta me.

    O bone Jesu, exaudi me.

    Intra tua vulnera absconde me.

    Ne permittas me separari a te.

    Ab hoste maligno defende me.

    In hora mortis meae voca me.

    Et iube me venire ad te,

    Ut cum Sanctis tuis laudem te.

    In saecula saeculorum.

    Amen

    Âme du Christ, sanctifiez-moi,

    Corps du Christ, sauvez-moi.

    Sang du Christ, enivrez-moi,

    Eau du côté du Christ, lavez-moi.

    Passion du Christ, fortifiez-moi.

    O bon Jésus, exaucez-moi.

    Dans vos blessures, cachez-moi.

    Ne permettez pas que je sois séparé de vous.

    De l’ennemi défendez-moi.

    À ma mort appelez-moi.

    Ordonnez-moi de venir à vous,

    Pour qu’avec vos saints je vous loue,

    Dans les siècles des siècles.

    Ainsi soit-il.

     

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