• Lucy Vincent Où est passé l'amour ?

     

    Lucy Vincent   Où est passé l'amour ?

     

     

     

     

     

    Voilà une drôle de question que nous pose la neurobiologiste Lucy Vincent et la réponse qu’elle donne, ne va pas plaire aux romantiques, ni aux sentimentaux. Elle ne me plait pas et je la trouve bien triste.

    Elle part du postulat que homme et femme sont étrangers l’un à l’autre et que l’amour n’est qu’un leurre destiné à procréer. Ensuite il disparait et reste le choix de se supporter et de créer un couple le plus satisfaisant possible ou à se séparer dans le déchirement et la haine le plus souvent.  Tout ne serait qu’une question d’hormones ou plutôt de neurohormones : l’ocytocine (hormone de l’apaisement et de la conciliation) et la vasopressine (hormone induisant la nervosité et la réactivité au moindre énervement). Cela nous donne une vision bien désenchantée de la plus belle histoire du monde.

    Les hommes et les femmes se sont créés avec le temps en adaptant leur morphologie, leur façon de penser, de s’exprimer, d’agir en fonction du rôle qu’ils avaient à jouer. A l’homme la défense du feu, la chasse, la séduction pour pouvoir semer le maximum de ses gamètes et se reproduire d’où le rôle de la testostérone. A la femme l’entretien du feu (d’où le mot foyer), de la cohésion familiale, le rôle de soignante et l’empathie. Elle ne donne qu’un gamète par mois qui est intimement protégé. S’il est fécondé, un enfant se développera au sein de la mère. Tout cela sous le contrôle des œstrogènes. Évidemment, les rôles sont posés.

    Si la pilule a permis à la femme de sortir de son rôle de reproductrice et d’évoluer pour s’épanouir dans d’autres domaines. L’homme, lui, n’est pas encore sorti (ou du moins pas tout à fait) de son rôle de mâle dominant. Ses comportements en société vis-à-vis des autres hommes sont profondément ancrés en lui : esprit belliqueux, frime, instinct de « tueur » de domination, lutte de pouvoir…

    « Les stratégies sexuelles excèdent le comportement amoureux et se manifestent à toutes sortes de niveau dans notre société, notamment au travail. »

    Or la donne a changé avec la contraception et la libération de la femme qui choisit la maternité quand et si elle le veut. Elle devient plus exigeante quant à sa place et surtout elle se montre plus performante que les hommes dans bien des domaines. Du coup on assiste à la naissance d’un nouvel homme ayant « une capacité de compréhension de la femme moderne et une faculté d’adaptation aux besoins qu’elle manifeste. Il n’est ni dominant, ni coléreux ; il parle doucement et les tâches ménagères ne lui font pas honte. Sa plus grande qualité est, sans conteste, son investissement dans la vie de famille.(…) Il semble qu’il se soit adapté aux possibilités qui s’ouvraient à lui. Les changements qu’il a expérimentés sont pour certains des réponses à un environnement culturel nouveau et, pour d’autres, des modifications induites par l’évolution. En effet, il  faut savoir que l’évolution, qu’on considère habituellement comme un processus très long, est aussi capable de réagir rapidement à une situation de crise. » Du coup se côtoient deux sortes de mâles, l’ancien dominateur qu’on appelle le macho (voire pire dans certaines populations) et le nouveau qui a adapté son comportement en fonction des circonstances. L’un est en mode reproducteur et son but est la conquête d’une flopée de femmes en multipliant les rencontres. Et l’autre est en mode parent qui est une valeur sûre en terme de présence, de fidélité et d’investissement. Là encore il y a un rôle de la testostérone.

    Logiquement la femme devrait donc choisir celui sur qui elle peut compter pour s’investir dans la famille, la protéger. Or cela ne se passe pas tout à fait comme ça dans la réalité. Ce qui nous permet de douter du fait que le choix d’un partenaire soit un processus conscient et réfléchi. Qu’est-ce qui guide donc les femmes dans leur choix ?

    Leur cerveau est toujours programmé en vue de la survie de leurs enfants. Les enfants doivent être en bonne santé, pouvoir se nourrir, être protégé. Certes trouver un spermatozoïde est ce qu’il y a de plus simple, pas besoin de ruser pour ça, les hommes sont très dépensiers en la matière. La difficulté est d’obtenir du donneur qu’il s’investisse sur le long terme. Du coup la femme se doit de le mettre sous influence en développant ses charmes à son insu. Et pour fidéliser l’homme, le sexe n’a pas son pareil. Nous sommes la seule espèce sur terre à avoir autant  d’imagination en la matière. Pour retenir les hommes, les signes extérieurs de fécondité sont présents en permanence rendant la femme toujours disponible pour un rapport sexuel. Et c’est ce qui permet à certains hommes de rester longtemps auprès d’une partenaire unique. « Le plaisir est un outil très puissant et très utilisé par la nature pour produire et maintenir des comportements utiles ou essentiels. »  Le partage répété du plaisir avec une seule et même femme ne suffirait pas s’il n’entraînait la formation de liens puissants pour entraîner l’homme vers la vie familiale…. Et c’est là qu’entre en jeu l’ocytocine. Cette hormone qui est libérée lors des contacts avec un partenaire et pendant les rapports intimes, agit sur les récepteurs du cerveau pour installer un autre type de plaisir, celui d’être ensemble.

    Mais l’ennui rattrape vite le couple, les différences entre les partenaires   deviennent insupportables. On ne se comprend plus, on ne se supporte plus, on se déchire et on se sépare.

    Lorsque la période de l’euphorie et des émotions fortes est passée, comment continuer à être un couple heureux et motivé ? Continuer à susciter des émotions. Même l’agacement finissant par une petite dispute peut avoir son rôle bénéfique à jouer dans la durée d’un couple. Mais n’oublions pas la complicité, la confiance sont prédominants.

    Certes, personne ne peut nier que l’amour est complexe et que la vie de couple l’est tout autant. Mais lire que la vie à  deux deviendra forcément pénible, est une cruelle désillusion. Du coup j’ai lu ce livre plutôt en diagonale, tout simplement parce que je n’avais pas envie d’adhérer à cette théorie. Ce n’est pas très cartésien, me direz-vous. Mais tant pis, je préfère garder mes illusions.

    Et que dire des personnes plus âgées qui tombent amoureuses alors qu’elles ne risquent plus de procréer ? Et pourtant à les entendre les sentiments, les émois sont là sans différence avec ceux qu’elles ont ressenti des années auparavant. Cela fausse un peu la théorie me semble-t-il.

     

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