• Le cantique des cantiques hommage à Mahmoud Darwich » par Rodolphe Burger

    S'Envolent Les Colombes - YouTube

     

    Tout commence en 2001, Alain Bashung demande à son ami Rodolphe Burger d'imaginer une intervention pour sa cérémonie de mariage. 

    Rodolphe Burger compose une adaptation du texte biblique, à deux voix qui célèbre l'amour sensuel et charnel. Le texte hébreu est interprété par la chanteuse israélienne Ruth Rosenthal. 

    La deuxième partie est un hommage au poète Mahmoud Darwich avec l'interprétation de son  poème S'envolent les colombes, un des plus beaux textes célébrant l'amour. Les voix du slameur Rayess Bek, de Ruth Rosenthal et de Rodolphe Burger se mêlent et emportent. 

     

    https://www.youtube.com/watch?v=kFtfhBram9U&fbclid=IwAR1LIHGQKoe2MjN7PHH9wGZtDX_iYb9Urp1Kz2RcZTly8Oen13IY0ykl_uU&app=desktop

    « S’envolent les colombes.

    Se posent les colombes.

    - Apprête la terre que je me repose,

    Car je t’aime jusqu’à la fatigue.

    Ton matin est fruits pour les chansons,

    Ce soir est d’or

    Et nous sommes l’un à l’autre, à l’heure où l’ombre pénètre son ombre dans le marbre

    Et je me ressemble lorsque je suspends mon être à un cou qui n’étreint que les nuages.

    Tu es l’éther qui se dénude devant moi, larmes de raisin.

    Tu es le commencement de la famille des vagues lorsqu’elles s’agrippent à la terre ferme, lorsqu’elles migrent,

    Et je t’aime et tu es le prélude de mon âme et l’épilogue.

    S’envolent les colombes

    Se posent les colombes.

    - Mon aimé et moi, deux voix sur les mêmes lèvres.

    J’appartiens à mon aimé, moi, et mon aimé appartient à son étoile fugitive

    Et nous entrons dans le rêve, mais il ralentit le pas pour nous échapper.

    Lorsque mon aimé s’endort, je me lève pour protéger son rêve de ce qu’il pourrait voir

    Et chasse les nuits passées avant notre rencontre.

    Je choisis nos jours de mes mains

    Et choisis pour moi la rose de notre table.

    Dors, mon aimé,

    Que les voix des mers s’élèvent jusqu’à mes genoux.

    Dors mon aimé,

    Que je me pose en toi et délivre ton rêve d’une épine jalouse.

    Dors,

    Que les tresses de ma poésie soient sur toi, et la paix.

    S’envolent les colombes

    Se posent les colombes.

    - J’ai vu avril sur la mer.

    J’ai dit : Tu as oublié le suspens de tes mains, oublié les cantiques sur mes plaies.

    Combien peux-tu naître dans mon songe

    Et me mettre à mort,

    Pour que je crie : Je t’aime.

    Et que tu trouves le repos ?

    Je t’appelle avant les mots.

    Je m’envole avec ta hanche avant d’arriver chez toi.

    Combien parviendras-tu à déposer les adresses de mon âme dans les becs de ces colombes, à disparaître, tel l’horizon sur les pentes,

    Pour que je sache que tu es Babel, Egypte et Shâm ?

    S’envolent les colombes

    Se posent les colombes.

    - Où m’emportes-tu mon petit aimé, loin de mes parents,

    De mes arbres, de mon petit lit et de mon ennui,

    De mes miroirs, de ma lune, du coffre de mes jours, de mes nuits de veille,

    De mes habits et de ma pudeur ?

    Où m’emportes-tu mon aimé, où ?

    Dans mon oreille tu enflammes les steppes, tu me charges de deux vagues,

    Tu brise deux côtes, tu me bois, tu me brûles, et

    M’abandonnes sur le chemin du vent vers toi.

    Pitié … pitié …

    S’envolent les colombes

    Se posent les colombes.

    - Ma hanche est une plaie ouverte, car je t’aime

    Et je cours de douleur dans des nuits agrandies par la crainte de ce que j’appréhende.

    Viens souvent et absente-toi brièvement.

    Viens brièvement et absente-toi souvent.

    Viens et viens et viens. Aah d’un pas immobile.

    Je t’aime car je te désire. Je t’aime car je te désire.

    Et je prends une poignée de ce rayon encerclé par les abeilles et la rose furtive.

    Je t’aime, malédiction de sentiments.

    J’ai peur de toi pour mon cœur. J’ai peur que mon désir se réalise.

    Je t’aime car je te désire.

    Je t’aime, corps qui créé les souvenirs et les met à mort avant qu’ils ne s’accomplissent.

    Je t’aime car je te désire.

    Je modèle mon âme à l’image des deux pieds, des deux édens.

    J’écorche mes plaies avec les extrémités de ton silence… et la tempête

    Et je meurs pour que les mots trônent dans tes mains.

    S’envolent les colombes

    Se posent les colombes.

    - « L’eau me blesse », car je t’aime

    Les chemins de la mer me blessent,

    Le papillon,

    L’appel à la prière dans la lumière de tes poignets me blessent.

    Mon aimé, je t’appelle à longueur de sommeil. J’ai peur de l’attention des mots.

    Peur qu’ils ne découvrent l’abeille en larme entre mes cuisses.

    L’ombre sous les réverbères me blesse car je t’aime,

    Un oiseau dans le ciel lointain, le parfum du lilas me blessent

    Et le commencement de la mer,

    Et sa fin.

    Aah si je pouvais ne pas t’aimer,

    Ne pas aimer,

    Qu’enfin guérisse ce marbre.

    S’envolent les colombes

    Se posent les colombes.

    - Je t’aperçois et j’échappe au trépas. Ton corps est un havre.

    Chargé de dix lys blancs, dix doigts, le ciel s’en va vers son bleu égaré.

    Et je tiens cet éclat marbré, je tiens le parfum du lait caché

    Dans deux prunes sur l’albâtre et j’adore celui qui décerne à la terre ferme et à la mer

    Un refuge sur la rive du sel et du miel premiers. Je boirai le suc de caroube de ta nuit

    Et je m’endormirai

    Sur un blé qui brise le champ, brise jusqu’au cri qui se rouille.

    Je te vois et j’échappe au trépas. Ton corps est un havre.

    Comment la terre m’exile-t-elle dans la terre ?

    Comment s’endort le songe ?

    S’envolent les colombes

    Se posent les colombes.

    - Mon amour, j’ai peur du silence de tes mains.

    Ecorche mon sang, que s’endorme la jument.

    Mon amour, les femmes des oiseaux volent vers toi,

    Prends-moi, souffle ou épouse.

    Mon amour, je demeurerai là, que mûrissent dans tes mains les pistaches de mes seins,

    Que les gardes m’arrachent de tes pas.

    Mon amour, je te pleurerai toi toi toi,

    Car tu es le toit de mon ciel

    Et mon corps est ta terre sur terre

    Et ta demeure.

    S’envolent les colombes

    Se posent les colombes.

    Sur le pont, j’ai vu l’Andalousie de l’amour et du sixième sens.

    Sur une fleur desséchée,

    Il lui rendit son cœur

    Et dit : L’amour requiert de moi ce que je n’aime pas.

    Il requiert que je l’aime.

    La lune s’endormit

    Sur une bague qui se brise

    Et les colombes s’envolèrent.

    Sur le pont, j’ai vu l’Andalousie de l’amour et du sixième sens.

    Sur une larme désespérée,

    Elle lui rendit son cœur,

    Et dit : L’amour requiert de moi ce que je n’aime pas.

    Il requiert que je l’aime.

    La lune s’endormit

    Sur une bague qui se brise

    Et la nuit noire se posa sur le point et les amants.

    S’envolent les colombes

    Et se posent

                                      Mahmoud Darwich 

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  • Commentaires

    1
    Mardi 3 Novembre 2020 à 06:55

    Un texte "fort"... mais un peu "compliqué"... 

    Très bonne journée et gros bisous

    2
    Golondrina63Auv
    Mardi 3 Novembre 2020 à 10:19

    C'est rare 

    J'ai réussi à me perdre 

    La gravité de la voix 

    Les paroles que je lis 

    Mais ce matin

    J'ai l'esprit ailleurs

    Mes pensées s'envolent

    Encore l'insupportable 

    Pourquoi 

    Tant de haine 

    Les mots , les larmes 

    Mais  pour ces rustres barbares 

    Sont-ils des humains 

    J'en doute !

     

    3
    Mardi 3 Novembre 2020 à 14:49

     bonjour Brigitte  ,

    un texte beau et fort,  belle prière ,,  j'en prend connaissance ce jour ,, agréable journée et bisous monette

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