• Le bel arc

     

    Un jour, un homme s’était retrouvé en possession d’un arc exceptionnel. Fabriqué dans un  vieux morceau de santal rouge, il était en bois plein et tout à la fois solide et flexible : son maniement était exceptionnel.

    L’homme était tombé en pâmoison devant son arc. Mais dans le même temps, il estimait qu’il n’était pas assez beau, trop sobre. Il demanda donc au plus habile artisan du pays de l’agrémenter d’une scène de chasse.

    L’artisan déploya tout son talent pour graver cette scène de chasse, et force fut de constater que le résultat était au rendez-vous : la scène ainsi gravée était d’une vraisemblance frappant. On distinguait des chevaux en plein course à la poursuite du gibier, des cavaliers tirant des flèches avec leur arc, le soleil et le paysage : rien n’y manquait. De magnifiques fioritures venaient compléter le tout, gravées sur toute la surface restante de l’arc.

    L’homme était ravi du résultat : son arc était désormais parfait. Il s’en empara, positionna une flèche, tira avec énergie la corde à lui. Et, patatras, l’arc se brisa : l’excès de fioritures, en fragilisant son bois, avait eu raison de lui.

     

    L’arc était certes devenu magnifique, mais ce qui faisait sa force avait été sacrifié sur l’autel de la beauté. Combien de fois nous-mêmes ne sacrifions-nous pas nos dispositions naturelles sur l’autel des apparences ? Voilà qui s’appelle perdre de vue l’essentiel pour s’attacher aux détails.

    Yu Dan « le bonheur selon Tchouang-tseu »

     

    Le bel arc

    « Les bienfaits des fleurs de Bach Voices of the Wind - The Beautiful Wolf – Sublime »
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  • Commentaires

    1
    Mercredi 23 Mars 2016 à 21:47

    Encore un conte, plein de vérité !!! Merci

      • Mercredi 23 Mars 2016 à 21:59

        Le tchouang-tseu est une mine.

    2
    Dimanche 15 Mai 2016 à 16:45

    notre société est basée sur les apparences...c'est pour cela que tout va si mal!...Bises

      • Dimanche 15 Mai 2016 à 21:38

        J'abonde en ton sens. Sur l'hôtel des apparences, on a perdu le chemin de "l'être vrai", de la spontanéité. On s'est même perdu soi-même bien souvent

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