Des pierres,

Comme les os épars

des ancêtres.

Des fils de vent nous liant encore

a cette voix venue de l’outre-monde.

(Les vautours dont le vol cérémonieux

s’achève près de la victime.)

La voix

effilant la rumeur

élève sa mise en garde

aux détours du chemin

où d’autres ont étreint leur mort.

Des pierres comme des gueules ouvertes,

des terre-pleins,

des nimbes.

Un écho en bonds chantants

jusqu’au fond du défilé.

Le silence total :

Les pas de l’envoyé secret –

Tu te retournes sur ton épaule,

et il disparaît.

Puis réapparaît sur les veines du mur,

se change en serpent,

en corps d’amants enlacés,

en oiseaux –

qui volent en bande vers le sommet d’un autre mont.

Des œufs géants.

Des nids pétrifiés sur la cime aride.

Et la rumeur

comme un battement d’ailes de rapace

qui de son souffle froid atteint ta nuque.

            Elsa Cross (extrait de Jaguar et autres poèmes)