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Etat des lieux de Babouillec
Je vous avais déjà parlé de Hélène Babouillec, cette poétesse autiste (http://pestoune.kazeo.com/helene-babouillec-a202120794)
Voici un extrait d'un de ses recueils : voyage au centre d'un cerveau d'autiste. Ce sont des mots puissants des mots qui surgissent par delà la parole qu'elle ne peut prononcer, qui témoigne d'un éveil à l'expression, de la grandeur d'un être dans les limites imposées par son corps. Ce verbe, qui fuit, exprime l'intime de l'individu. Aller au-delà de l'aspect extérieur, trouvé le secret caché au sein de l'humanité. Les mots qui fuient, demandent à sortir pour dire l'indicible, pour dire la vie, pour dire l'humain.
Etat des lieux de Babouillec
Le cerveau stimulé depuis la naissance dans le processus de ressemblance apprend.
Il apprend la grandeur de l'autre dans sa loi des limites humaines, la survie sociale.
Construire, déconstruire dans l'habitacle magique libre de passeport est soumis à l'autorisation du regard de l'autre.
Pourquoi ?
Que manque-t-il aux cerveaux répertoriés aptes à l'identification sociale par ressemblance pour faire ramper leur reptilien dans les zones sombres de l'inconvenance ?
Je suis tentée de répondre, un reptilien sachant ramper en dehors des rails de sécurité, en un mot DIFFERENT.
Et, je répète pour qu'il soit bien entendu le mot différent, différent, différent...
Aussitôt la chaîne manufacturée des espaces construits depuis l'âge tendre des dendrites, grince des dents fait sonner l'alarme.
Une petite lumière rouge clignote dans la boîte crânienne, explose l'espace libre pour réfléchir et mot de passe s'affiche. Sûr d'avoir choisi le bon vous essayez à nouveau différent.
Petit moment de répit, rien ne se passe, peut-être que le cerveau s'habitue. Illusion passagère, l'alarme repart de plus belle pour éradiquer définitivement cet espace inadapté.
La lumière rouge clignote de plus en plus fort dans la boîte à penser comme une cote d'alerte transgressée. Le moment est douloureux et la mémoire s'active. Les souvenirs remontent à la surface. Vous l'avez vu tout à l'heure après les infos dans une pub, le médicament qui éteint la lumière rouge qui clignote dans le crâne. Vous allez à l'armoire à pharmacie et avalez sans plus attendre le fameux mot de passe qui guérit tous les mots.
Que reste-t-il du mot différent après cette réinitialisation ?
La lumière rouge est éteinte. Le cerveau est sorti de sa côte d'alerte, il a retrouvé sa zone de confort.
Babouillec
Extrait de "Voyage au centre d'un cerveau d'autiste"
« Paul Eluard : J'écris ton nom. interprété par Didier BlinBabouillec par Monsieur Roux : Espèce en voie d'apparition »
Tags : babouillec, cerveau, apprend, construire, etat
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Commentaires
Cette jeune femme réagit tellement de façon différente de la nôtre... c'est impressionnant et désarmant (pour nous)...
Très bonne journée et gros bisous.