Montagnard, sculpteur, notre narrateur est aussi passeur. Il aide les clandestins à franchir la frontière à travers des durs passages de la montagne. Comme ses amis villageois, il se fait payer pour son travail de guide mais à la différence des autres, il rend l'argent, une fois la traversée effectuée.  Il ne le fait pas gratuitement puisqu'il prend l'argent. Le fait qu'il le rende est une autre histoire. C'est comme ça qu'il le pense et ça ne regarde que lui. Or lorsqu'un des clandestins finit par divulguer la chose dans un livre, notre narrateur est obligé de quitter son village. 

Il se rend au bord de la mer et cherche comment exercer ses talents, bien qu'il se défende d'en avoir.  Et c'est là qu'il tombe sur un Christ en croix dont la nature intime est couverte d'un drapé en marbre que son talentueux sculpteur n'avait pas voulu. Lorsque le prêtre lui propose de rendre à l'oeuvre sa dimension première, il accepte le défi. Mais avant il veut lire la sculpture, la connaitre dans son plus intime, en découvrir la moindre aspérité, la moindre courbe, le plus secret qu'elle cache. Et des secrets, il va en découvrir. Des secrets qui vont lui permettre une autre lecture de l'oeuvre et la compréhension de son créateur.  Il faut rendre au Christ sa nature intime mais pour cela il faut comprendre ce qu'est le Christ, ce qu'il a vécu, comment son corps réagit, comment l'artiste de génie qui l'a créé a voulu la dire.  Mais c'est aussi la découverte de la propre nature du narrateur.  Cette restauration tient tout de la quête. Au fond dans la nudité, il faut voir aussi la fragilité de l'Homme exposé. C'est une toute autre dimension 

Il y a quelque chose qui tient de la pureté originelle dans ce magnifique roman. Une histoire de recherche à la fois de nos racines que de notre humanité, vu à travers l'humanité du Christ.  Cette histoire ne tient pas de la religion mais de la spiritualité.