Solange va mal. En rupture familiale, elle refuse de revoir son père très âgé. Elle porte en elle une rage, un rejet total de la vie bourgeoise. Très tôt, elle a décidé de ne pas entrer dans le rang, de prendre son indépendance, de vivre la vie des gens ordinaires loin des diktats qu’imposent sa classe sociale. Elle épouse un gentil garçon, Didier, le suit dans une petite ville creusoise où elle occupe un emploi de caissière de supermarché.  Et pourtant quelque chose la ronge, lui fait perdre sa vitalité. Ce poids qu’elle porte et refuse de partager, inquiète Didier qui a l’impression de perdre celle qu’il aime. Alors en désespoir de cause, il la pousse à faire un voyage avec ses collègues vers Nîmes, en espérant que ce changement allait être profitable à Solange

Celle-ci rencontre une femme SDF qui lui rappelle étrangement un souvenir adolescent qu’elle avait enfoui profondément en elle.  Elle finit par la suivre, jusqu’à dormir dans la rue pour découvrir ce qu’elle-même refoulait.  Cette descente dangereuse et vertigineuse dans un abandon non sans risque l’amène à une introspection qui peut être autant salutaire que destructrice.  A Solange de faire les bons choix qui pourraient l’amener dans la rue elle aussi ou à retrouver le chemin des siens et de sa vie.

Une histoire sensible, joliment racontée presque à la manière d’un conte. Je découvre l’écriture d’Annie Duperey, j’y trouve cette sensibilité exacerbée qu’il me semble voir en elle. Un roman à lire.