• Vieux tonnerre de Elsa Cross

     

    Un manteau vert foncé

    Sur les pierres vaincues.

    Des chatoiements qui s’entassent en vrac

    Sur la disparité des plateformes.

     

    La pluie a lavé les autels.

    Lavé l’indigo du talus

    Et le croc du dieu

    Sur le relief.

     

    Les bandes de grives perforent le silence.

    On a lavé le sang de l’enfant mort.

    Nulle pensée

    Entre le battement et le scalpel.

    Il arrive fugace et passe comme un arrière-goût

    Ou comme un nuage lourd

    Sans soleil ni cap.

    Entre-croisant l’air

    -œil de ara-

    Il reste n’importe où

    Comme une palme arrachée.

     

    Personne n’a rien dit de l’enfant mort.

    Seul des fleurs effeuillées au pied du vieux tonnerre,

    Du vieux tonnerre.

    S’il avait existé,

    Peut-être le cordeau de l’arc-en-ciel,

    Cheveux de la vierge,

    Traînerait-il sa chaîne de rafales.

     

    Son sang a peint des volutes sous l’eau.

    On n’a rien dit à personne de l’enfant mort

    Et des grives

    Et des grives

     

    Elsa Cross (extrait de Jaguar et autres poèmes)

     

    Vieux tonnerre  de Elsa Cross

    « S’émerveiller Jens Galschiot »
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