• Rosalind Elsie Franklin

    Rosalind Elsie Franklin

     

    Scientifique exceptionnelle, la physico-chimiste britannique,  Rosalind Elsie Franklin, a découvert des données cruciales, qui ont permis à James Watson et Frances Crick de résoudre la structure de l'ADN dès 1953. Mais elle n'a jamais été mentionnée  par aucun d'entre eux lors de leurs discours de remise du prix Nobel. Elle n'a  été reconnue dans la plupart des livres et des expositions sur la science de l'ADN que dans les années 1990. 

    Outre son expertise de la structure moléculaire de l'ADN, Rosalind Franklin était experte dans deux autres domaines : les effets de la chaleur sur la microstructure du charbon, y compris les changements survenant lors de la conversion de certains charbons en graphite, et l'analyse quantitative de l'ultrastructure du virus de l'ARN (acide ribonucléique) et du TMV (virus de la mosaïque du tabac), qui revêtent une grande importance sur le plan expérimental.

     

    Rosalind Elsie Franklin

     

    Famille et éducation 

    Rosalind Franklin est née à Londres, en Angleterre, deuxième des cinq enfants d'Ellis Franklin et de Muriel (Waley) Franklin. Sa famille était aisée et ses deux parents étaient très impliqués dans les œuvres sociales et publiques. Le père de Rosalind Franklin voulait devenir scientifique, mais la Première Guerre mondiale a interrompu ses études et il  a maintenu la richesse familiale en suivant la tradition Franklin de la banque d'affaires. Rosalind Franklin était extrêmement intelligente et, dès l'âge de 15 ans, elle savait qu'elle voulait devenir scientifique. Son père a activement découragé son intérêt, car il était très difficile pour les femmes d'embrasser une telle carrière. Mais Rosalind était une personne déterminée. Elle a exprimé très tôt sa fascination pour les cours de physique et de chimie à l'école de filles St. Paul's, très rigoureuse sur le plan académique, elle  a obtenu un diplôme en sciences naturelles, avec une spécialisation en chimie, au Newnham College, à Cambridge, en 1941. C'est là qu'elle se lie d'amitié avec la physicienne française Adrienne Weil, qui influence grandement le développement intellectuel et indépendant de Rosalind.

     

    Rosalind Elsie Franklin

     

    Les débuts de carrière de Rosalind 

    Après avoir obtenu son diplôme, elle a reçu une bourse de recherche pour effectuer des travaux d'études supérieures. Elle passe un an dans le laboratoire de R.G.W. Norrish, sans grand succès. Norrish reconnaît le potentiel de Franklin, mais il n'est pas très encourageant et ne soutient pas son étudiante. Lorsqu'on lui propose un poste d'assistante de recherche à la British Coal Utilization Research Association (CURA), Franklin renonce à sa bourse et accepte le poste.

     

    CURA était une jeune organisation et la manière dont les recherches devaient être menées était moins formelle. Franklin travaille de manière relativement indépendante, une situation qui lui convient. Franklin travaille pour CURA jusqu'en 1947 et publie  cinq articles fondamentaux et fréquemment cités, sur la structure physique du charbon, ce qui lui permet d'obtenir son doctorat à Cambridge en 1945, ainsi qu'une offre d'emploi à Paris. 

    La prochaine étape de sa carrière l'amène à Paris. Un vieil ami la présente à Marcel Mathieu, qui dirige la plupart des recherches en France. Il est impressionné par les travaux de Rosalind et lui propose un poste de "chercheur" au Laboratoire central des services chimiques de l'État. C'est là qu'elle apprend les techniques de diffraction des rayons X auprès de Jacques Mering. A ses côtés, elle est devenue experte dans l'application des techniques de diffraction des rayons X à des matières imparfaitement cristallines comme le charbon - une compétence qui lui a valu d'être recrutée pour travailler sur les fibres d'ADN.

     

    Rosalind Elsie Franklin

     

    Travail au King's collège 

    En 1951,Rosalind Franklin se voit offrir une bourse de recherche de trois ans au King's College de Londres. Grâce à ses connaissances, elle doit mettre en place et améliorer l'unité de cristallographie aux rayons X du King's College. Maurice Wilkins utilisait déjà la cristallographie aux rayons X pour tenter de résoudre le problème de l'ADN au King's College. Rosalind est arrivée pendant l'absence de Wilkins et, à son retour, Wilkins a supposé qu'elle avait été engagée pour être son assistante. C'est le mauvais départ d'une relation qui ne s'améliorera jamais.

    En collaboration avec un étudiant, Raymond Gosling, elle réussit à obtenir deux séries de photos haute résolution de fibres d'ADN cristallisées. Elle utilise deux fibres d'ADN différentes, l'une plus hydratée que l'autre. Elle en a déduit les dimensions de base des brins d'ADN et a constaté que les phosphates se trouvaient à l'extérieur de ce qui était probablement une structure hélicoïdale.

     

    Influence des travaux de Franklin sur Watson et Cric

    Elle a présenté ses données lors d'une conférence au King's College à laquelle James Watson assistait. Dans son livre The Double Helix (La double hélice), Watson admet ne pas avoir prêté attention à l'exposé de Franklin et ne pas avoir été en mesure de décrire pleinement la conférence et les résultats à Francis Crick. Watson et Crick travaillaient au laboratoire Cavendish et s'efforçaient de résoudre la structure de l'ADN. Rosalind Franklin ne connaissait pas Watson et Crick aussi bien que Wilkins et n'a jamais vraiment collaboré avec eux. C'est Wilkins qui a montré à Watson et à Crick les données radiographiques obtenues par Rosalind Franklin. Ces données ont confirmé la structure tridimensionnelle que Watson et Crick avaient théorisée pour l'ADN. Le 25 avril 1953, Wilkins et Franklin ont tous deux publié des articles sur leurs données radiographiques dans le même numéro de Nature que l'article de Watson et Crick sur la structure de l'ADN.

    Celui de Watson et Crick se contente d'indiquer qu'ils ont été « stimulés par une connaissance de la nature générale des résultats expérimentaux et des idées non publiées [de Wilkins et Franklin] », et ils affirment dans le corps de l'article n'avoir pas eu connaissance des résultats présentés dans les deux autres articles de Nature qui confirment la structure hélicoïdale qu'ils proposent. Toutefois, Watson admettra par la suite dans The Double Helix que la connaissance de ces données était indispensable pour trouver la solution et que personne, à King's College, n'avait réalisé que ces données étaient en leur possession. Les trois articles parus dans Nature sont complémentaires, mais c'est celui de Watson et Crick qui est le plus mis en avant.

     

    Rosalind Elsie Franklin

     

    Après le King's collège et décès 

    Franklin a quitté Cambridge en 1953 et s'est rendue au laboratoire de Birkbeck pour travailler sur la structure du virus de la mosaïque du tabac, avec l'éminent biocristallographe Desmond Bernal. Elle a publié  dix-sept articles sur le sujet, cinq seule et douze en collaboration avec l'équipe qu'elle dirigeait.  et a réalisé une grande partie de son travail alors qu'elle souffrait d'un cancer. En 1958, elle est décédée d'un cancer de l'ovaire, probablement lié à l’exposition aux radiations lors de ses recherches, sans savoir que les résultats qui vaudront à Watson et Crick le prix Nobel s'appuient sur ses travaux, dérobés à son insu.

    Dans sa nécrologie, Bernal déclare : "En tant que scientifique, Mlle Franklin s'est distinguée par une clarté et une perfection extrêmes dans tout ce qu'elle entreprenait. Ses photographies comptent parmi les plus belles photographies aux rayons X de toute substance jamais prises".

    En 1962, le prix Nobel de physiologie ou de médecine a été décerné à James Watson, Francis Crick et Maurice Wilkins pour avoir découvert la structure de l'ADN. Le comité Nobel ne décerne pas de prix à titre posthume.

    Dix ans après la mort de Rosalind Franklin, James Dewey Watson, dans son livre La Double Hélice, minimise le rôle de celle-ci et la décrit comme une personne acariâtre. La famille de Rosalind Franklin, ainsi que Francis Crick, Aaron Klug et Linus Pauling, ses collègues et amis, s'élèvent contre la description du travail et de la personnalité que donne le livre. Watson finit par reconnaître, lors d’une interview en 2003, « que Rosalind Franklin aurait également mérité le prix Nobel ».

    En 1982, lorsque son collègue le plus proche de Birkbeck, Aaron Klug, a reçu le prix Nobel, il a cité Rosalind Franklin dans son discours de remerciement pour avoir donné "l'exemple de s'attaquer à des problèmes vastes et difficiles".

     

    Rosalind Elsie Franklin

     

    Sources : 

    https://dnalc.cshl.edu/view/16439-Biography-19-Rosalind-Elsie-Franklin-1920-1958-.html

    https://jwa.org/encyclopedia/article/franklin-rosalind

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Rosalind_Franklin

    https://www.whatisbiotechnology.org/index.php/people/summary/Franklin

    https://www.futura-sciences.com/sante/personnalites/genetique-rosalind-elsie-franklin-881/

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  • Commentaires

    1
    Mercredi 2 Août 2023 à 06:41

    Encore une "grande Dame" qui n'a pas été reconnue à sa juste valeur et qui aurait pourtant mérité de l'être !

    Très bonne journée et gros bisous.

    2
    Mercredi 2 Août 2023 à 11:46

    La rivalité entre scientifiques de haut niveau n'excuse pas tout, sans doute était-elle trop modeste, trop isolée aussi, mais elle mérite pourtant de trouver sa place dans le panthéon de la science. Merci pour ce bel article bien documenté. C'est vrai que pour les néophytes ce n'est pas toujours simple à suivre.

    3
    Mercredi 2 Août 2023 à 15:47

    bonjour Brigitte

     oui certainement que tout était orchestré bien manigancé  peut être  en avait elle bien conscience de ne pas toujours être prise au sérieux. belle journée et des gros bisous monette

    4
    Mercredi 2 Août 2023 à 17:19

    Voilà ce qui arrive aux personnes qui ne savent pas se mettre en valeur et les grandes dents  en profitent hélas 

    Merci pour ce reportage Brigitte 

    Bises  bien ventées chez nous 

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