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Pietro de Paoli - Lettres à un jeune prêtre.
Il s’agit d’une correspondance entre un évêque progressiste et un jeune prêtre traditionnaliste. En fait de correspondance, on lit une douzaine de lettres réponses qu’adresse l’évêque au questionnement du jeune prêtre.
Pietro de Paoli, un auteur dont personne ne connait l’identité, montre dans son livre, un grand amour de l’Eglise et de sa mission. C’est une opposition de deux courants de pensées, l’un traditionnaliste avec l’idée de punition divine, d’obéissance stricte et l’autre d’un courant humaniste basé sur l’amour de Dieu et ce que cela implique d’ouverture aux autres. C’est la mise en avant d’une dualité au sein de l’Eglise. J’ai aimé ce livre qui a, pour moi, été l’instigateur de questionnement sur ma mission personnelle de célébrante laïque d’obsèques religieuses et sur la façon de l’exercer. Ce passage particulièrement : « Célébrer, laisse voir la vérité de sa vie. C’est un grand paradoxe : nous faisons des gestes qui ne sont pas les nôtres (pour moi bénédiction et encensement), nous disons des mots que nous n’avons pas choisi et pourtant il y a là un dévoilement de la vérité de notre relation avec le Seigneur. C’est pourquoi avant chaque messe (chaque célébration en ce qui me concerne) je prie pour être à la fois totalement présent et totalement transparent à l’œuvre de Dieu. » Une chose ressort de cet ouvrage, l’humilité face à la Parole de Dieu, loin des certitudes mais plein d’ouverture à l’Homme.
Il ressort aussi de ce livre l’importance d’avoir une cohérence au sein de l’Eglise. Comment peut-on dire que Dieu est amour si on rejette l’autre parce qu’il ne rentre pas dans les critères : divorcés, divorcés remariés, homosexuels… Dieu est amour, le seul message important est dans ces trois mots. Il aime tous les hommes, l’Eglise se doit d’aimer et d’accueillir tous les hommes et ne pas les priver de la sainte nourriture : l’eucharistie. « L’eucharistie ne nourrit pas notre faim mais notre désir ». « Et dans la théologie classique, on lit que le désir de l’homme, c’est de voir Dieu. D’accord ça n’apparait pas clairement dans le comportement de la plupart de nos contemporains… Quand j’ai le temps de parler avec ces gens-là(ceux qui rejettent Dieu)… je leur demande de me parler de ce Dieu dont ils ne veulent plus, ce Dieu auquel ils ne croient plus. Et bien, … très souvent, je n’ai aucun mal à leur dire que ce Dieu-là, moi non plus, je n’y crois pas. C’est un petit Dieu, mesquin, ratatiné, un Dieu enfermé dans le carcan des mots, emprisonné dans l’étroitesse de nos petites cervelles et de nos cœurs secs… ce que les gens rejettent, c’est la caricature de Dieu. »
L’Eglise, nous la construisons ensemble prêtres et laïques. Mais le prêtre est indispensable pour nous guider, nous enseigner. L’Eglise au fond qu’est-ce que c’est ? Un amour, un amour sans faille, amour de Dieu, amour de l’homme sont indissociables l’un de l’autre. « Dieu a tant aimé le monde qu’il lui a donné son Fils Unique ».
Je laisse le dernier mot à l’Evêque du livre : « Nous ne célébrons pas un culte à un Dieu, nous célébrons une alliance. »
Tags : Littérature, épistolaire, correspondance, prêtre
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