J’érigerai bientôt un monument pour toi,

Une synagogue à ta gloire,

Jusqu’au toit du monde.

J’érigerai ce soir un monument pour ton sourire,

Afin qu’il ne s’étiole ni ne meurt,

Afin que la ville de toi se remémore.

J’érigerai demain un monument à tes pieds,

Que nos passions rejaillissent ensemble dessous la terre

Et dévorent à nouveau les joyaux du ciel.

J’érigerai enfin un monument à mon amour,

Celui qui de toi ne fut jamais conquis,

Celui qui de moi fit une esclave à ton lit.

Et je construirai ce monde des mains de mon être,

De cet amour qui, tout entier, t’est dévoué !

Et je construirai un temple pour que l’on vienne t’y prier,

Puis j’en chasserai les autres pour encore te garder de leurs adorations !

Et j’écrirai des missels à la splendeur de toi,

Des mots, des cahiers, des parchemins d’horizons !

Puis je les déchirerai, cette haine rance dans le cœur,

Car moi seule détiens le savoir de la lecture de tes lignes !

Et je creuserai une tombe, où je chanterai tes louanges,

L’amour dans l’âme, la folie à mes chevilles !

Mais je n’en ferai rien !

Je ne dresserai rien, si ce ne sont mes seins,

A ton nom.

Ni église, ni opuscules imprégnés de ma soif de toi,

Ni pleurs et œillades timides à fleur de sourires !

Car si de mes yeux ces tristes sires t’entrevoyaient,

Alors aussitôt du manque de toi ils suffoqueraient !

Tout comme moi, la nacre à l’œil…