• Johnny Welsch - Lettre d'un mourant

    Lettre d'un mourant

     

    Si pour un instant Dieu oubliait que je suis une marionnette en chiffon, et qu’il m’offre un morceau de vie, je profiterais de ce temps le plus possible.

    Je suppose que je ne dirais pas tout ce que je pense, mais en définitif je penserais tout ce que je dis.

    Je donnerais une valeur aux choses, pas pour ce qu’elles valent, mais pour ce qu’elles signifient.

    Je dormirais peu, je rêverais plus.

    Je crois que chaque minute passée les yeux fermés représente soixante secondes en moins de lumière.

    Je marcherais quand les autres s’arrêtent, je me réveillerais quand les autres dorment.

    Si Dieu m’offrait un morceau de vie, je m’habillerais simplement, me déshabillerais sous le soleil, en laissant à nu non seulement mon corps, mais aussi mon âme.

    Je prouverais aux hommes combien ils se trompent en pensant qu’on ne tombe plus amoureux en vieillissant, et qu’ils ne savent pas qu’on vieillit lorsqu’on cesse de tomber amoureux.

    Je donnerais des ailes à un enfant, mais je le laisserais apprendre à voler seul.

    J’enseignerais aux vieux que la mort ne vient pas avec l’âge, mais avec l’oubli.

    J’ai appris tant de choses de vous, vous les hommes...

    J’ai appris que tout le monde veut vivre au sommet de la montagne, sans savoir que le véritable bonheur réside dans la manière de l’escalader.

    J’ai appris que quand un nouveau-né serre fort de son petit poing, pour la première fois, la main de son père, il le retient pour toujours.

    J’ai appris qu’un homme n’a le droit d’en regarder un autre de haut que pour l’aider à se lever.

    J’ai appris tant de choses de vous, malheureusement elles ne me serviront plus à grand-chose, car lorsqu’on me rangera dans ce coffre, je serai malheureusement mort.

    Dis toujours ce que tu sens, et fais ce que tu penses.

    Si je savais que je te vois dormir aujourd’hui pour la dernière fois, je t’embrasserais très fort et je prierais le Seigneur pour pouvoir être le gardien de ton âme.

    Si je savais que ce sont les dernières minutes où je te vois, je te dirais « je t’aime », sans présumer bêtement que tu le sais déjà.

    Il y a toujours un lendemain et la vie nous donne une autre occasion de faire bien des choses, mais si jamais je me trompe et que je n’ai plus que ce jour, j’aimerais te dire combien je t’aime et que je ne t’oublierai jamais.

    Le lendemain n’est garanti à personne, qu’il soit jeune ou vieux.

    Aujourd’hui est peut être le dernier jour où tu vois ceux que tu aimes.

    N’attends pas, fais-le aujourd’hui, car si demain ne vient pas, tu regretteras sûrement de n’avoir pas pris le temps d’un sourire, d’une caresse, d’un baiser, car tu étais trop occupé pour pouvoir faire plaisir.

    Garde près de toi ceux que tu aimes, dis-leur à l’oreille combien tu as besoin d’eux, aime-les et traite-les bien, prends le temps de leur dire «je regrette», «pardonne-moi», «s’il te plaît», «merci» et tous les mots d’amour que tu connais.

    Personne ne se souviendra de toi pour tes pensées secrètes.

    Demande au Seigneur la force et la sagesse de les exprimer.

    Montre à tes amis et aux êtres chers combien ils sont importants pour toi.

     

     

     

    Ce poème a été attribué à tort à Gabriel Garcia Marquez. L'auteur en est un ventriloque mexicain : Johnny Welsch. A l'origine, le texte s'appelait "the Puppet", la Marionnette. Johnny Welsch avait écrit ce poème pour sa marionnette "El Mofles" ou le Joufflu et l'a publié dans son livre intitulé "Ce que la vie m'a appris" en 1996.
     

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