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Diminue la douleur de la distance de Henri Gougaud
Le gardien du temps me dit :
« Diminue la douleur de la distance. Travaille à cela tous les jours. »
J’ai pensé (il faisait nuit, j’étais fatigué, j’avais de la peine à ne pas m’endormir devant la flamme de la lampe) : « Diminue la douleur de la distance ! Qu’est-ce que cela peut bien signifier ? Il faudra que je demande au Chaman »
Je l’ai interrogé sur le chemin du retour. Il a refusé de me donner la moindre explication. Il m’a dit : « Les mots ne sont que des lueurs, des signes. Ils sont les portes de la mémoire. Les choses derrière les mots, voilà ce qui est important. C’est en toi maintenant que tu dois chercher les réponses. »
Mais comment trouver ?
Un jour j’ai poussé la porte où était inscrit : « Diminue la douleur de la distance » et je suis entré dans une salle du palais de la mémoire. Il y avait partout des livres vivants. Entre mille autres livres vivants, j’ai choisi d’explorer la douleur de l’absence d’un être aimé. Il m’est aussitôt apparu que cette douleur était une maladie guérissable. Je me suis aventuré plus avant dans cette salle. Entre mille autres voix j’ai entendu ceci : « Plutôt que de t’enfermer dans le chagrin ou l’indifférence, cultive les sensations que l’être aimé a laissées en toi, redonne vie, dans tes dedans, à la tendresse, à la douceur. Si tu revivifies ces instants de bonheur passés, si tu les aides à pousser, à s’épanouir, à envahir ton être, la distance peu à peu se réduira, la douleur, peu à peu, s’estompera. Tu peux recréer ce que l’oubli a usé ». Je me suis émerveillé de ce pouvoir et de mes capacités à explorer cette vaste bibliothèque que j’avais en moi.
Henri Gougaud (Les sept plumes de l’aigle)
Tags : douleur, distance
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Commentaires
Belle histoire, et pleine d'espoir et de réconfort. Bon courage Pestoune.
Merci Renal.