Par Pestoune
Quand je parlerai avec le silence
quand je n’aurai qu’une suite
de dimanches gris à te donner
quand je n’aurai qu’un lit vide
pour partager avec toi un désir
qui ne se satisfera plus des corps de ce monde
quand les paroles en castillant ne m’aideront plus
pour te dire ce que je serai en train de voir
quand je serai privé de voix de regard et de mouvement
quand loin de moi j’aurai jeté
la peur de mourir de n’importe quelle mort
quand je n’aura plus le temps d’être moi-même
ni envie d’être quelqu’un que jamais je n’aurai été
quand je n’aurai plus que l’éternité à t’offrir
une éternité de riens et d’oublis
une éternité dans laquelle je ne pourrai plus ni te voir
ni te toucher te rendre jalouse ni te tuer
quand à moi-même je ne me répondrai plus
et que je n’aurai plus ni jour ni corps
alors je serai à toi
alors je t’aimerai pour toujours
Homero Aridjis (Les poèmes solaires)
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