Par Pestoune
Une des premières femmes soldat d'élite au Tchad, Rose Lokissim entre en résistance contre Hissène Habré et ses exactions. Elle n'a eu de cesse de dénoncer les crimes du dictateur. Elle a consigné par écrit les témoignages sur les horreurs commises par la police politique, le régime politique et son président et elle les a fait passer à l'extérieur.
Elle est arrêtée le 14 septembre 1984. Elle est incarcérée avec les détenus politiques, seule femme parmi soixante hommes, et torturée pendant huit mois. Puis elle est transférée dans une cellule réservée aux femmes.
« Parler de Rose » narré par Juliette Binoche et dirigé par Isabel Coixet raconte la vie et la mort de de cette femme extraordinaire, cette insoumise.
Les codétenus de Rose se souviennent d’une femme courageuse qui maintenait le moral des prisonniers et qui notait les noms des torturés et des exécutés pour informer secrètement leurs familles se trouvant à l’extérieur. La DDS, la police politique du régime, a appris l’existence de ces messages, et a exécuté Rose Lokissim en 1986. Parmi les archives de la DDS récupérées en 2001 par Human Rights Watch figurait le procès-verbal du dernier interrogatoire de Rose Lokissim. Ses bourreaux notèrent qu’elle ne craignait pas ce qui pouvait lui arriver. Même si elle devait mourir au cachot, avait-elle dit, « le Tchad la remerciera et l’Histoire parlera d’elle ».
En juillet 2015 s'est ouvert le procès de Hissène Habré à Dakar par les chambres africaines extraordinaires, juridiction spéciale créée par le Sénégal et l'Union Africaine (UA). Il a été condamné à la prison à perpétuité en appel en 2017. Cette condamnation est une victoire posthume pour Rose Lokissim et pour toutes les victimes.
https://www.youtube.com/watch?v=FQyWXdjY1Ms
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