Par Pestoune
Doux engoulevent, le temps se pose
sur des sapins feutrés. C'est l'heure où attendre
le chant pur qui nous fonde et la lumière
sur les dernières pommes, la terre immobile.
Au fond du ciel monte la clameur des corbeaux,
noirs éclats au foirail des labours.
Quelle dispute de vieux chiffons, de feuilles
emportées ensemble, une foule indocile
et criarde appelle du fond des âges.
Rumeurs obstinés, ils suivent encore
une obscure intention millénaire,
leur ancien rêve de roucoulement.
Sous eux flambent la terre et nos corps
dans le brasier de novembre, la terre
tendrement immobile. On entre dans la plaine
par l'herbe renversée, on peut compter
au loin les villages de craie et, derrière
la colline, éclate la fanfare en lambeaux
pour le souvenir des morts. A l'horizon
d'autres lieux semblables méditent,
des espaces de racines et d'oiseaux
sous les mêmes nuages un peu plus tard,
enfoncés là comme des cailloux devant un ciel
de noirs corbeaux qui passent.
Nicole EUVREMER
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