Par Pestoune
En fonction des siècles, de la condition sociale, des pays, le statut du rire évolue différemment. Les philosophes ne sont pas rieurs, c’est le moins qu’on puisse dire. Platon, Aristote… trouvaient le rire inconvenant, obscène, vulgaire.
Néanmoins le rire n’a cessé de les interpeler et ils s’y sont beaucoup intéressés. Cicéron, Descartes, Hobbes, Schopenhauer, Spinoza, et tant d’autres tous y ont été de leur théorie, suivie par les psychologies, les sociologues… Bref chacun y va de son petit couplet. Le rire est l’une des expressions les plus profondes de notre être et il commence alors que nous n’avons que quelques semaines. Le rire n’est pas synonyme de joie il exprime des sentiments aussi divers que le triomphe, la gêne, l’affectation et paradoxalement même la tristesse. Il revêt diverses formes : rire social, rire de convenance, rire personnel, rire ordinaire. On ne rit pas des mêmes choses. Il change de sens selon les cultures.
Vous trouverez dans cet essai les réponses aux questions : qui rit ? Pourquoi et de quoi rions-nous ? Comment se déclenche un rire ? Que nous apporte le rire et surtout peut-on rire de tout ?
Peut-on rire de tout avec tout le monde ? Voici une question que les uns et les autres ne cessons de nous poser. Il n’est pas pareil de rire d’une blague douteuse avec un homophobe, un antisémite ou un raciste qu’avec la même blague dite par un juif, un homosexuel ou une personne étrangère. Et je fais le même parallèle lorsqu’il s’agit de la maladie ou du handicap. Entre la méchanceté, la raillerie, la moquerie et l’autodérision, il y a un monde et la différence est là. Humour et humanisme partage le même préfixe. En acceptant la possibilité de rire de tout et de tous on nie la responsabilité personnelle, l’autocensure. La question suivante que pose l’auteur est d’autant plus intéressante qu’elle ouvre une autre piste : à qui profite le rire ? En effet qui ressent le besoin de faire du mal en s’octroyant le droit de rire de tout au détriment surtout des autres ? En effet que penser de celui qui est prêt à tout pour dévaloriser l’autre sinon qu’il cherche par ce biais un moyen de se valoriser lui-même ou de cacher ses propres défauts ou son incompétence.
Si la liberté d’expression est un droit fondamental, a-t-on moralement le droit de nuire au nom de cette même liberté ? Et que dire du droit non moins fondamental de ne pas être agressé ? « (…) les autres limites sont celles de la morale et de la décence, de l’intelligence et du bon sens. La liberté d’expression s’arrête là où commence l’irrespect de la dignité d’autrui et de ses croyances. »
« (…) L’humoriste humaniste ne cherche pas à blesser, il aimerait seulement que l’on refasse un peu le monde, si laid quelquefois. Le véritable humour est fait de dérision et d’impertinence, il n’est ni cruel ni méchant. « Le talent n’excuse pas tout » selon André Comte-Sponville »
Très intéressant, ce livre est écrit simplement le rendant clair à chacun et largement illustré de bons mots. Alors si le mécanisme du rire vous fascine, vous intrigue, c’est ce livre qu’il vous faut lire.
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