Par Pestoune
Sur une fracture de banquise
L’ourse grandit dans la constellation des peines
Astre patience de longues dérives
Fissures, craquements
Elle passe sous l’eau sombre du ciel
Et des turbans d’aurores empoussiérées
Lui font un loup dans l’étrange carnaval des pôles
L’ourse décompte
En âge de mémoire
Elle sait la nuit sans âge
Qui se résorbe
Sous la trace embleuie de ses pas
Blanche pourtant
Elle se rêve ourse des chasses stellaires
Où chaque morsure inventerait une pure liberté
Elle se reflète jusqu’au plus lointain du regard
Cette part obscure et si étroite encore d’elle-même
Au long d’une fissure de givre
L’ourse poursuit une longue randonnée
Et les étoiles
Drapées d’un vent de lumière silencieuse
Rêvent aussi sa course lente
Elle va si bas
Si lourd
Et douce pourtant
Dans l’onde des séismes nocturnes
Jusqu’au chevet des grands glaciers de sel
L’ourse griffe le temps du sombre
A l’hypogée des songes anciens
Elle va comptant les cris et les silences
Ombre parmi le blanc multiple des rives polaires
Et lourde, oui
Lourde et douce de tous les siècles
Elle recèle
Décèle
Pour tous
Au plus clair des cathédrales de glaces
La carte pâle des cheminements sans fin
Le miroir effacé chaque matin
Mais présent à chaque fêlure
A chaque dispersion des voix et des vents
Cette fracture
Une vie sauvage sous le pas lent de l’ourse blanche
Leïla Zhour – Dans l’envers du silence
Ce très joli poème est dédié à mon meilleur ami Alain. Merci pour ta présence, ton aide, ton soutien. Merci pour cette amitié rare, de celle qui ne se produit qu'une fois dans une vie.
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