Florian FERRIER – Déjà l’air fraîchit.

Nous suivons le parcours d’Elisabeth Elektra Winter jeune allemande depuis son enfance jusqu’après la seconde guerre mondiale où elle essaye d’échapper aux poursuites judiciaires des Anglais pour crimes de guerre.

Petite fille, elle avait une relation privilégiée avec son père qui lui a donné le goût de la montagne, l’amour des livres et  la pratique du Français. Bien qu’elle fut une fillette instable avec des accès de violence incontrôlés, elle était la favorite de son père et la disparition subite et mystérieuse de celui-ci allait laisser une plaie béante, une peur en elle.

Puis nous assistons à la montée du nazisme, l’entrée en guerre de l’Allemagne avec les différents pays en Europe. Elektra se retrouve engagée par les SS au service des confiscations des livres en France soutenue en tout et fidèlement par son ami d’enfance Erich près à tout pour la protéger, y compris contre elle-même. Elle perquisitionne les bibliothèques, réquisitionne, inventorie, répare, classe et expédie en Allemagne les différents ouvrages. Un travail colossal et une fuite de trésors de la littérature des bibliothèques françaises tant publiques que privées. Des millions d’ouvrages dont des pièces uniques sont ainsi volés par les Allemands.

Nous assistons à l’agonie des pays en même temps qu’Elektra vit sa propre agonie psychique. Entre sa foi en l’Allemagne nazi, son opposition à la violence exercée par les SS à l’encontre des juifs et de la population, sa rage contre les collaborateurs français vendant les leurs pour un pouvoir arbitraire et sa propre déchéance psychologique, Elektra s’enfonce dans un abîme entretenu par la prise d’une drogue destinée aux soldats se battant au front.

Elle finit par échouer en Russie où la guerre est plus qu’une boucherie : massacre, terreur, le combat entre nazis et bolcheviques est sans pitié et c’est à celui qui saura commettre le plus d’horreurs.

Puis vient la fin de la guerre, des comptes à rendre. Elektra est arrêtée par les Anglais. Elle doit répondre du meurtre de deux soldats anglais détenus par la Gestapo. Parallèlement elle découvre la vérité sur la mort de son père, un premier pas vers la guérison personnelle ?

Un roman fascinant où on découvre la guerre d’une façon différente. Tout y est scrupuleusement documenté. La grande histoire de cette guerre est précise mais plus que ça, la psychologie des différentes parties est fouillée. Une leçon : l’horreur peut être commise par des gens bien ordinaires, et pas seulement par des monstres. Où comment la guerre accouche de monstres qui s’ignoraient.

J’ai dévoré ce livre où suspens, réflexion, Histoire et amour se succèdent au long des pages.