Conférence réalisée par l’anthropologue Inès Pasqueron de Fommervault, dans le cadre de l’exposition « Rire, la science aux éclats ! ».
Le rire est un comportement universel, souvent décrit comme l’expression naturelle de la joie. Cette définition est pourtant réductrice, car les manières de rire varient, parfois considérablement, selon les sociétés. Cette analyse anthropologique révèle à quel point les normes socio-culturelles conditionnent les pratiques et les représentations du rire.
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Inès Pasqueron de Fommervault, anthropologue spécialisée dans la question du corps et des affects. Dans ses derniers travaux, elle s’intéresse plus particulièrement au rire et interroge les variabilités sociales de ce phénomène universel. Ses recherches de terrain ont d’abord été menées au Paraguay et portent désormais sur la Tanzanie.
Une conférence passionnante où nous découvrons que le rire n'est pas toujours synonyme de joie et d'amusement.
Mais d'abord qu'est ce que le rire ?
Selon la définition du musée de l'homme, lors de son exposition Rire : la science aux éclats
"... Le sourire, le petit rire, le gros rire, l’éclat de rire, le fou rire… Le rire a plusieurs modalités. Rire interroge aussi les déclencheurs du rire. Spontanément, on pense aux blagues, mais l’humour est loin d’être le seul déclencheur : situations incongrues, bizarreries, jeu de mots, humour, chatouilles... peuvent fournir prétexte à rire.
Ceci dit, une fois que le rire est déclenché, une activité physique engage tout le corps du rieur. Contraction du diaphragme, contraction de la cage thoracique, expulsion de l’air des poumons, remontée de l’air dans le larynx, vibration des cordes vocales, émission d’un son. Le rire aurait aussi des effets bénéfiques sur notre santé. Il réduirait notre perception de la douleur et aurait un effet relaxant.
Le rire est également une activité tournée vers l’autre, en tant que vecteur de communication des émotions, de partage des sentiments intérieurs et de développement d’échanges... "
Le rire subversif
Le rire n'est pas toujours une manifestation de joie et de bonne humeur, pour preuve l'épisode de l'omumneepo, la maladie du rire, qui toucha de jeunes étudiantes dans le collège de Kashasha, au nord-ouest de la Tanzanie en 1962. 95 jeunes filles du collège ont été prises d'une crise de rire allant jusqu'au spasme et rien ne pouvait les arrêter. Le collège a été fermé, les jeunes filles renvoyées dans leur foyer, certaines ont été hospitalisées jusqu'à leur "guérison". Deux mois plus tard elles ont réintégré le collège. Pour les Tanzaniens ce phénomène a été perçu comme une maladie redoutable. Jusqu'à maintenant on n'a jamais eu une vraie explication quant au phénomène. Aujourd'hui on suppose qu'il s'agit d'une cause psychologique amenant à une hystérie collective. Mais cette hypothèse a un biais : celui de l'idée que nous nous faisons de la société africaine.
Le rire propre à l'homme ?
Nous croyons tous que le rire est un comportement inné voire automatique, on le prétend être le propre de l’homme, jusqu'à ce qu'on découvre que les animaux rient aussi. Nous parlons de rire mais nous devrions parler de rires au pluriel. En effet il y a différents usages du rire, différents sens qu'on lui donne. Selon les sociétés et sans doute selon les époques, le rire n'a pas la même fonction.
Du rire spontané au rire conventionnel
Il y a le rire spontané, celui qui surgit face à une situation drôle ou face à des chatouilles. Et il y a les rires de conventions ou rire social, ceux calculés pour intégrer un groupe, une société ou une tradition mais il y a aussi les rires nerveux, effrayés, voire agressifs. Le rire peut aussi être l'expression d'une excitation sexuelle d'où l'interdiction faite aux filles et aux femmes de rire dans certaines sociétés, le rire devenant indécent.
Inès Pasqueron de Fommervault nous emmène à travers des exemples sur le chemin du rire. Une conférence que j'ai écouté avec énormément d'intérêt.
https://www.youtube.com/watch?v=pbKY9O6L66I&list=LL&index=16