Par Pestoune
En tombant – épaisse, mauvaise, pénétrante –
la neige orne mon col d’un laine blanche,
et nous deux dans la rue vide,
Juif au travail et… soldat…
Tu n’as pas de maison, je n’ai pas de maison,
la roche du temps est venue écraser nos vies,
nous sommes opposés, c’est affreux d’y penser,
et maintenant, la neige nous unit…
A cause de toi, je ne bougerai pas,
toi non plus, tu ne peux rien faire,
qui au juste tient qui, ici ? …
- un troisième peut être …
Tu portes un bel uniforme, beau, je l’admets,
comment oserais-je me mesurer à toi,
pourtant la neige ne fait pas de différence
entre Juifs et beaux soldats…
Il neige autant sur moi que sur toi…
un calme si grand si blanc,
et derrière le même rideau blanc, nous voyons
ensemble, la lointaine lumière du crépuscule.
Regarde ce que je fais… regarde ce que tu fais…
à quoi bon et pour qui ?
Ecoute, l’homme… il neige depuis si longtemps,
séparons-nous… rentrons à la maison.
Wladyslaw Szlengel
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