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Bertrand Révillon : Méditation Pascale.

Il y a la nuit et ses ombres géantes qui, aux détours imprévus de nos heures, font parfois s’assoupir l’espérance…
Il y a l’obscurité dense et tenace qui, sans crier gare, vient comme un voile nous endeuiller le cœur…
Il y a le crépuscule de Dieu qui s’abat, comme un glaive, sur notre foi qui s’essouffle à gravir ses petits Golgotha…
Et nous voici fatigués, usés, blessés, isolés, déboussolés, crucifiés dans ce désert nocturne où notre âme assoiffée, brûlée, clouée, tend désespérément les mains vers une aube qui tarde…
Qui n’a connu la nuit, ne connaît pas le jour…
Qui n’a connu le doute, ne connaît pas la foi…
Même toi, Jésus ! Même toi, le propre Fils de Dieu, tu hurles, sur le bois de ta croix, devant l’apparent abandon de ton Père : "Eloï, Eloï, lama sabachthani"…
Osons-nous l’avouer : la foi en Ton Amour, nous ne l’avons que parfois, nous ne sommes croyants que par intermittence. Au calendrier de notre espérance, nous sommes si souvent Vendredi Saint… Tant de fois nous pourrions faire nôtre ce mot de Bernanos : "La foi ? Vingt-quatre heures de doutes moins une minute d’espérance…"
Mais il nous faut franchir le gué de la nuit. Croire, malgré le poids des jours sans jour et sans lumière, à cette minute, cette toute petite minute, ces soixante pauvres secondes où l’espérance vient rouler la pierre des tombeaux de nos vies.
C’est un dur métier, Tu le sais bien, Seigneur, que d’essayer de vivre. "Le temps d’apprendre à vivre, il est déjà trop tard", chantait le poète.
Il y a l’amour qui cherche à aimer et qui retombe si souvent dans ses ornières.
Il y a la parole qui cherche à dire et à se dire et qui, tant de fois s‘enferme dans ses mutismes…
Il y a les gestes, les gestes tendres et fraternels, qui voudraient ouvrir le cœur à l’autre, le frère, la sœur et qui passent et repassent leur chemin sans offrir un regard.
Il y a les rêves, les projets, les belles utopies, tant d’appels de l’Esprit qui s’étouffent sous le poids des habitudes, des prétendues obligations et des conforts meurtriers.
Pâques : heureuse minute où il nous est donné de croire que tout est encore possible, que nos existences, quelles qu’elles soient, peuvent se remettre debout, choisir enfin la liberté.
Pâques : bienheureuse minute où la nuit cède enfin le pas aux premières lueurs de l’aube.
Pâques : temps béni où nous pouvons enfin nous risquer à devenir ce que nous sommes : des marcheurs, des nomades, des aventuriers, les yeux rivés vers la Terre promise de notre propre résurrection.
Viens, Seigneur ! Viens, Esprit consolateur, abattre l’arbre mort de nos doutes, où Tu gis, inerte et crucifié.
Viens, Esprit créateur, habiter notre cœur pour mieux nous relever de l’intérieur.
Écarte, de Ton Souffle, la cendre de nos vies et viens attiser la braise de notre espérance. Sois pour nous Parole qui guérit, Lumière qui éclaire, Amour qui transfigure.
Viens, Seigneur, nous murmurer à l’âme que, déjà, Tu es là !

Bertrand Révillon

 

Bertrand Révillon : Méditation Pascale.

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I
Je reviens sur ce texte que j'ai lu avant d'écouter la chanson de Solenn et je suis ravie de l'avoir lu avant car je trouve que la chanson de Solenn et la paix qu'elle dégage donne encore plus de poids à ce texte.<br /> Beaucoup de passages me parlent car ils sont devenus ma philosophie de vie et ma manière de penser et de voir les choses du quotidien.<br /> J'ai compris que la vie est souvent un mélange d’extrêmes et que si tu ne connais pas l'un, tu ne peux connaître l'autre.<br /> Même si, comme le texte le dit si bien, je fais partie de ces croyants qui ne croient qu'une minute par jour, je trouve que ce texte reflète la sérénité et la paix de l'esprit et personnellement il me parle au plus profond de moi car il rejoint tous les sujets qui font de ma poésie ce mélange de sentiments entre le réel et l'irréel qui garde toujours le regard tournée vers l'espérance.<br /> Merci Pestoune et bon dimanche à toi
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