Par Pestoune
Le pays Konso est situé sur les hauts plateaux d’Ethiopie, dont le paysage Konso a été inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO ce qui devrait lui permettre de protéger sa façon de cultiver ancestrale. C’est un pays sec, aride et hostile et il a fallu toute l’ingéniosité des habitants pour le rendre habitable et exploitable. De vastes terrasses ont été bâties pour prévenir l’érosion des sols, retenir l’eau et permettre la culture.
Les villes en haut des plateaux (environ 28) sont entourées de fortifications permettant aux habitants de se protéger à la fois des coulées de boue et des animaux sauvages. Les maisons sont accolés les unes aux autres et chaque ville a une densité de population élevée, en moyenne 2000 habitants.
Ce sont des agriculteurs sédentaires, qui cultivent le coton, le sorgho, le millet et surtout le moringa stenopetala (qui donne un liquide sucré au niveau des feuilles et est une véritable source vivrière). Ce sont d'habiles tisserands. Ils ont des traditions de vie qu’ils se transmettent depuis plus de 400 ans et pourtant le peuple Konso ne s’est pas transmis son histoire. On ne sait rien de leur contrée d’origine, ni de leur histoire. Les jeunes adolescents vivent dans une case leur étant réservée, ont pour mission de surveiller le village et ce jusqu’à leur maturité sexuelle et leur mariage à l’âge de 18 ans.
Le peuple Konso accorde une grande importance aux arbres. Il y a bien sûr l’arbre qui nourrit, l’arbre qui fournit du bois mais il y a aussi arbres et arbustes sacrés. Les mura dawra, des bosquets d’euphorbes et d’épineux dont l’accès est interdit sauf pour des rituels de paix et d’ordre social.
Les mura poqalla, des forêts de genévriers sacrés qui sont gérées par les chefs de lignage (les poqalla). Ceux-ci sont des aînés, des chefs responsables de la fertilité et de la paix, les gestionnaires rigoureux de la forêt sacrée et qui y vivent avec femme et enfants. Ils ne se nourrissent que d’aliments préparés dans la mura poqalla et y seront enterrés dans le cimetière réservé aux chefs de lignage. Le travail du poqalla consiste non seulement à préserver les arbres mais à régénérer la forêt. Il recueille les graines des plus beaux spécimens, les fait pousser dans un champ à l'ombre d'autres arbres, pour les transplantez dans la forêt dès qu’ils ont la taille requise. A chaque arbre abattu, il en replante un autre. Pour avoir de beaux arbres, il débroussaille, redresse, dégage l’espace autour du jeune arbre afin qu’il pousse bien droit. Il entoure les arbrisseaux d’une murette de pierres pour conserver l’eau à leur pied. C’est un travail quotidien et sans cesse renouvelé.
Les genévriers sacrés, vieux de plusieurs dizaines d’années fournissent les mâts de génération implantés tous les 18 ans, soit à chaque changement de génération.
En effet l’organisation sociale des Konso repose sur une relation générationnelle. Il y a de vrais rituels avec des cérémonies de passage lorsqu’on change de classe d’âge. Pour changer de classe et devenir guerrier, un homme doit être capable de soulever au-dessus de sa tête la grosse pierre qui se trouve sur la place du village (mora). Au centre de la place, s'élève l'olayta, le mât des générations. Tous les 18 ans donc, à l'arrivée d'une nouvelle génération, on ajoute un mât à l'olayta. L’addition des mâts est une manière fiable pour dater le village.
http://www.dailymotion.com/video/xd4zdb_decouverte-du-peuple-konso-au-sud-d_travel
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